Matthieu 21, 38

Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !”

Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !”
Saint Thomas d'Aquin
2207. Ensuite leur mauvais dessein est présenté. Premièrement, leur interrogation est présentée ; deuxièmement, leur dessein ; troisièmement, leur méchanceté.

MAIS LES VIGNERONS, EN VOYANT LE FILS, SE DIRENT PAR DEVERS EUX : «CELUI-CI EST L’HÉRITIER. VENEZ, TUONS-LE, ET NOUS AURONS SON HÉRITAGE !» Le Fils lui-même est l’héritier du Père, car ce qu’il demande, il l’obtient. Ps 2, 8 : Fais-m’en la demande, et je te donnerai les nations en héritage. Il est aussi l’héritier, car tout ce qu’a le Père, lui-même l’a. En effet, il n’est pas appelé héritier comme un autre qui, à la mort de son père, reçoit l’héritage, mais parce que tout ce qui appartient au Père lui appartient aussi toujours. Mais on peut objecter : S’ils l’avaient connu, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire, 1 Co 2, 8. Cela est vrai s’ils l’avaient vraiment connu, mais ils l’ont connu en conjecturant.

Vient ensuite leur dessein : VENEZ, TUONS-LE ! Sg 2, 20 : Nous le condamnerons à la mort la plus honteuse. Et quel est ce dessein ? NOUS AURONS SON HÉRITAGE. Ils savaient en effet qu’il devait diriger le peuple juif. Ils craignaient donc qu’il ne leur impose le joug de la loi et ne détruise leurs traditions. Ils ne voulurent donc pas supporter le joug du Christ ; ils portèrent donc le joug des Romains. Ainsi, Jn 11, 48 : De crainte que les Romains ne viennent détruire notre pays et notre nation.
Louis-Claude Fillion
Le triste récit continue. - Voyant le fils, dès qu’ils le reconnaissent de loin. - Entre eux ; mieux « inter se » d’après le contexte : ils ourdissent entre eux le plus noir complot. - Venez, tuons-le. Tel avait été le langage des fils de Jacob à Dothaïn, quand ils virent s’approcher d’eux leur frère Joseph, type de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Venez, avaient-ils dit, donnons-lui la mort, Gen. 37, 20. Tel avait été, Matth. 12, 14 ; Marc. 3, 6 ; Joan. 7, 1 ; 11, 50-53 ; Luc. 19, 47, tel devait être encore, Cf. Matth. 26, 4 ; 27, 1, le langage des hiérarques. - Et nous aurons son héritage. Ceux qui parlent ainsi dans la parabole n’avaient été jusque-là que des vignerons à gages ; ils supposent qu’après avoir tué l’héritier, ils pourront partager entre eux la vigne et en jouir librement. Mais comme le fait remarquer S. Augustin, ils se trompent étrangement. « Ils ont tué pour prendre possession ; et parce qu'ils ont tué, ils ont tout perdu ». S. Hilaire applique ce trait à la Synagogue dans les termes suivants : « Le dessein des vignerons est de s'emparer de l'héritage du fils tué ; ils ont le vain espoir de s'approprier la gloire de la Loi, une fois le Christ mort », Comm. in h.l. L’erreur des membres du Sanhédrin n’est donc pas moins étrange que celle des vignerons.