Matthieu 21, 9
Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! »
Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! »
Ou bien ils proclament son incarnation comme homme, en disant: «Hosanna au Fils de David», et son retour dans le sanctuaire éternel, en ajoutant: «Hosanna au plus haut des cieux !»
C'est à cause de cette destination que le nom de Bethphagé est interprété la maison des mâchoires, parce que la mâchoire était la partie de la victime qui était réservée aux prêtres par la loi.
C'est pour cela encore, qu'avant de monter au ciel, Jésus a ordonné à ses Apôtres de délier les pécheurs, et qu'il leur a donné à cet effet l'Esprit saint ( Jn 20,22-23 ). Or, lorsqu'ils ont été absous et délivrés de leurs péchés, qu'ils ont fait quelques progrès et se sont nourris de la divinité du Verbe, ils sont jugés dignes d'être renvoyés dans l'endroit d'où la grâce les a tirés, non plus, sans doute, pour reprendre leurs oeuvres anciennes, mais pour annoncer à leur tour le Fils de Dieu; et c'est ce que signifient ces paroles: «Et aussitôt il les laissera aller».
La louange que renferment ces expressions, consacre la puissance de rédemption dont le Sauveur est revêtu, et en le proclamant Fils de David, cette multitude le reconnaît pour l'héritier du royaume éternel.
Ou bien, par l'ânesse et son ânon, on peut entendre une double vocation des Gen tils: celle des Samaritains, esclaves superbes des observances qui leur étaient particulières, et ils sont signifiés ici par l'ânesse; et la vocation des autres Gentils, fiers et indomptés, et qui sont ici figurés par l'ânon. Le Seigneur envoie donc deux disciples pour rompre les liens de l'erreur qui les retenaient captifs; c'est, en effet, par Philippe que la Samarie reçut la foi ( Ac 8 ), et par Pierre, que Corneille, prémice des nations, fut amené à Jésus-Christ. ( Ac 10 ).
Ces paroles: «Et il les renverra», peuvent signifier que lorsque Notre-Seigneur fut entré à Jérusalem, il renvoya cet animal à son maître.
Car ce prophète, connaissant par avance la malice des Juifs, qui devaient contredire le Christ à son entrée dans le temple, leur a donné ce signe auquel ils reconnaîtraient leur roi: «Dites à la fille de Sion: Voici», etc.
Il ne dit pas aux deux disciples: Vous direz: Ton Seigneur ou Notre-Seigneur en a besoin, mais «le Seigneur», afin qu'ils comprennent bien que je suis le seul Seigneur, non seulement des animaux, mais encore de tous les hommes; car les pécheurs eux-mêmes m'appartiennent par leur nature, et ils ne sont au démon que par leur volonté.
Ne regardez pas cette circons tance comme de peu d'importance. Car qui a pu persuader aux maîtres de ces animaux de ne pas s'opposer à ce qu'on les emmenât, et, bien plus, de les laisser aller sans mot dire. Jésus veut ainsi apprendre à ses disciples qu'il pourrait, mais qu'il ne veut pas s'opposer aux desseins des Juifs contre lui. Il leur enseigne encore à donner tout ce qu'on leur demandera; car si des gens, qui ne connaissaient pas Jésus-Christ, ont accordé aussi volontiers ce qui leur était de mandé, à plus forte raison les disciples doivent-ils donner volontiers à tout le monde
Voici, est une expression indicative; voici, c'est-à-dire: considérez les oeuvres de ses vertus, non des yeux du corps, mais des yeux spirituels de l'âme. Bien longtemps avant la naissance de Jésus-Christ, le prophète dit : Voici, pour montrer que celui dont il parlait était votre, roi même avant de naître. Lors donc que vous le verrez, ne dites pas: «Nous n'avons d'autre roi que César». Si vous le compre nez bien, il vient à vous pour vous sauver; mais il vient pour vous perdre, si vous ne savez pas le reconnaître. «Il est plein de douceur», c'est-à-dire qu'il ne vient pas pour se faire craindre par sa puissance, mais pour se faire aimer par sa douceur. C'est pour cela qu'il n'est pas assis sur un char doré, revêtu d'une pourpre éclatante; il ne monte pas non plus un coursier fou gueux, avide de lutte et de combats, mais sur une ânesse, amie de la tranquillité et de la paix: «Monté sur une ânesse»,etc.
Mais ce n'est pas seulement pour une raison mystérieuse que Notre-Seigneur fit son entrée dans la ville sur une ânesse, c'est aussi pour nous donner une leçon d'humilité, et nous apprendre qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des chevaux à son service, mais qu'il suffit d'un âne, et qu'il faut se borner à ce qui est indispensable. Or, demandez aux Juifs quel est le roi qui a fait son entrée. dans Jérusalem monté sur un âne, et ils ne pourront vous en montrer d'autres que Jésus-Christ seul.
Il en est qui traduisent encore hosanna par gloire, et d'autres par rédemption. La gloire, en effet, lui est due, et l'honneur de la rédemption lui revient, puisqu'il a racheté tous les hommes.
Jamais, jusque là, Notre-Seigneur n'avait eu d'animaux à son ser vice, jamais il n'a accepté cette marque d'honneur de rameaux verdoyants jetés sur son chemin, si ce n'est lorsqu'il fit son entrée dans Jérusalem pour y souffrir. Par ce spectacle, il excita les Juifs qui en furent les témoins envieux, non pas à exécuter un dessein qu'ils avaient déjà conçu, mais à saisir l'occasion d'exécuter ce qu'ils désiraient depuis longtemps. Il leur facilite donc l'exécution de leurs desseins, mais il n'opère aucun changement dans leur volonté.
C'est par suite de quelques rapports d'analogie que les hommes, qui ne connaissent pas le Fils de Dieu, ont été comparés à ces deux animaux. L'âne, en effet, est un animal immonde, le moins intelligent presque de tous les animaux, faible, stupide, vil et fait pour porter les fardeaux. C'est ainsi que les hommes, avant l'avènement du Christ, étaient souillés par le dérèglement de toutes les passions, sans intelligence, parce qu'ils étaient privés de la raison du Verbe, insensés par le mépris qu'ils faisaient de Dieu, faibles dans leur âme, sans noblesse dans les sentiments, parce qu'ayant oublié leur céleste origine, ils étaient devenus les esclaves de leurs passions et des démons; semblables à des bêtes de somme, parce qu'ils portaient le fardeau de l'erreur que les philosophes ou les démons leur avait imposé. L'ânesse était liée, c'est-à-dire retenue dans les liens de l'erreur par le démon, et n'ayant pas la liberté d'aller où elle voudrait. Car avant de pécher, nous sommes libres de suivre le démon ou de lui résister, mais si nous nous laissons une seule fois enchaîner par ses oeuvres en commettant le péché, nous ne pouvons plus lui échapper par notre propre force. Semblable à un vaisseau dont le gouvernail est brisé, et qui devient le jouet de la tempête, l'homme qui a perdu par le péché le secours de la grâce divine, ne fait plus ce qu'il veut, mais ce que veut le démon; et si Dieu ne brise ses chaînes de la puissante main de sa miséricorde, il restera jusqu'à sa mort captif dans les liens du péché. C'est pour cela que le Sauveur dit à ses disciples: «Déliez-les», par votre doctrine, par vos miracles, et c'est ainsi que tous les Juifs et toutes les nations ont été délivrés par les Apôtres. «Et amenez-les moi», c'est-à-dire faites-les servir à ma gloire.
Car les uns élevèrent la voix pour prophétiser la gloire du Christ à venir, et les autres, pour célébrer l'avènement du Christ qui accomplissait les prédictions.
Il est difficile d'admettre que Notre-Seigneur ait monté sur ces deux animaux dans un si court trajet, et puisque le fait historique présente une impossibilité ou une inconvenance, il faut nous élever plus haut jusqu'au sens spirituel.
Ou bien ce mot hosanna, c'est-à-dire salut au plus haut des cieux, est une preuve évidente que l'avènement du Christ apporte le salut, non-seulement à l'homme, mais à tout l'univers, en. venant réunir le ciel avec la terre.
Cette grande multitude de peuples qui était venue de Jéricho à la suite du Sauveur, étendit ses vêtements sur le chemin, et le joncha de branches d'arbres comme le raconte l'auteur sacré: «Une grande multitude étendit ses vêtements»,etc. ils les étendirent là où l'âne devait passer pour qu'il ne vînt point à se heurter contre les pierres, à marcher sur les épines, ou à tomber dans un fossé.
« D'autres coupaient des branches d'arbres, et les jetaient sur la route», c'étaient des bran ches d'arbres fruitiers, dont la montagne des Oliviers était couverte. A toutes ces démonstrations, ils ajoutent le témoignage de leurs paroles: «Et tous ensemble, tant ceux qui allaient devant lui que ceux qui le suivaient, criaient: Hosanna au Fils de David». Expliquons en peu de mots ce que signifie le mot hosanna. Dans le psaume CXVII, qui a évidemment pour objet l'avènement du Sauveur, nous lisons entre autres choses: «O Seigneur, sauvez-moi, Seigneur, faites-moi prospérer (ou soyez-moi propice), béni soit celui qui doit venir au nom du Seigneur». Dans l'hébreu, au lieu de la version des Septante: «O Seigneur, sauvez-moi»,on lit: Anna, adonai, osianna , ce que Symmaque a traduit plus clairement par ces mots: «Je vous en prie, Seigneur; sauvez-moi». On ne peut donc admettre que cette locution soit composée de deux mots, l'un grec, et l'autre hébreu: elle est toute hébraïque.
Cette expression signifie aussi que la venue du Christ est le salut du monde, et c'est pour cela que le Psalmiste ajoute: «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur», paroles que le Sauveur confirme dans l'Évangile de son témoignage: «Je suis venu au nom de mon Père».
Le Seigneur qui approche de Jérusalem en sortant de Jéricho suivi d'une multitude innombrable, c'est, dans le sens mystique, ce céleste négociant qui, enrichi de marchandises opulentes, après avoir sauvé tous ceux qui croient en lui, désire entrer dans la ville de la paix, et dans le lieu de la vision de Dieu. Il vient à Bethphagé, la maison des mâchoires, figure de la louange qui confesse la gloire de Dieu. Ce bourg était situé sur le mont des Oliviers, là où brille la lumière de la science, où se trouve le repos après les fatigues et les douleurs. Ce village, qui était devant les Apôtres, signifie le monde qui leur était contraire, et qui ne voulait pas recevoir le joug de leurs enseignements.
On peut encore y voir une figure de la spéculation et de la pratique, de la science et des oeuvres. Cette ânesse qui avait été domptée et qui portait le joug, représente la synagogue qui avait porté le joug de la loi, et le petit de l'ânesse, le peuple des Gentils fougueux et indompté; car dans ce qui concerne le culte de Dieu, la Judée fut la mère des nations.
Les vêtements des Apôtres, que l'on place sur l'ânesse et sur l'ânon, représentent ou la science des vertus, ou la connaissance des Écritures, ou la variété des dog mes catholiques dont l'âme doit être instruite et ornée pour pouvoir porter le Seigneur.
Dans les paroles suivantes: «Et tous ensemble, tant ceux qui allaient devant lui que ceux qui le suivaient», l'Évangéliste nous représente l'un et l'autre peuple, celui qui crût au Seigneur avant l'Évangile, et celui qui ne reçut la foi qu'après L'Évangile, et qui tous deux louent le Christ d'une voix unanime.
Il y a quelque différence dans la manière dont les Évangélistes rapportent ce témoignage du prophète, saint Matthieu le cite en disant que le prophète fait mention expresse de l'ânesse; mais dans saint Jean, la citation est différente, ainsi que dans la version de l'Écriture en usage dans l'Église. La raison en est que saint Matthieu écrivit son Évangile en hébreu. Or, il est certain que la traduction des Septante s'écarte quel quefois du texte hébreu, au témoignage de ceux qui connaissent cette langue, et qui ont traduit les livres saints sur ce texte primitif. Si l'on me demande d'où vient cette différence, la meil leure raison qu'on en puisse donner, à mon avis, c'est que les Septante ont traduit les saintes Écritures selon l'esprit qui les avait dictées; et l'admirable accord qui parut dans leur travail en est une preuve. S'ils présentent dans leur version quelques variantes de mots, tout en restant fidèles au dessein de Dieu, dont ils traduisaient les paroles, cela ne prouve autre chose que ce que nous admirons dans la concordance qui existe entre les Évangélistes, malgré quelques légè res diversités; c'est-à-dire qu'il n'y a rien de contraire à la vérité lorsque le récit de l'un d'entre eux, tout en étant différent d'expressions, n'est cependant pas opposé à la pensée et à l'intention de celui avec lequel il doit s'accorder. Cette observation nous est utile pour notre conduite, elle nous apprend à éviter tout mensonge; elle n'est pas moins utile pour la foi, en nous enseignant que la vérité n'est ni défendue ni garantie par certaines expressions consa crées, et que Dieu n'attache pas aux mots qui expriment la vérité la même importance qu'à la vérité elle-même. Au contraire, les mots n'ont qu'une importance tellement relative pour ex primer la vérité, que nous ne devrions nullement nous en préoccuper si nous pouvions connaî tre la vérité sans leur secours, comme Dieu la connaît, et comme la connais sent en lui ses an ges.
Les autres Évangélistes ne disent rien de l'ânesse. On ne devrait nullement être surpris, alors même que saint Matthieu n'aurait rien dit du petit de l'ânesse, comme les autres n'ont rien dit de l'ânesse elle-même. On doit donc beaucoup moins s'étonner qu'un seul Évangéliste ait fait mention de l'ânesse, dont les autres n'ont rien dit, sans oublier l'ânon dont ils ont parlé. Car lorsqu'on peut admettre que deux faits ont eu réellement lieu, il n'y a plus de contradiction possible, même quand chacun d'eux n'est raconté que par un seul Évangéliste, à plus forte raison lorsqu'un de ces deux faits étant raconté par un seul, un autre Évangéliste les raconte tous les deux.
Cependant il n'est pas absolument impossible que le Seigneur ait monté sur ces deux animaux.
Car dans toutes les bonnes oeuvres qu'il a faites, il a cherché non sa gloire, mais celle de son Père.
Nous avons vu plus haut que Notre-Seigneur ayant quitté la Galilée, se dirigeait vers Jérusalem. Après avoir raconté ce qui arriva dans ce trajet, l'Évangéliste poursuit son récit: «Et lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem et qu'ils furent arrivés à Bethphagé»,etc. Bethpha gé était un bourg habité par les prêtres, et situé sur un des versants de la montagne des Oliviers, à un mille de Jérusalem. Les prêtres qui desservaient le temple à des jours déterminés, s'y retiraient pour y demeurer, après avoir rempli leur ministère dans l'ordre qui leur était assi gné. Ceux qui venaient réclamer leur ministère s'y arrêtaient également, car il était défendu par la loi de faire, le jour du sabbat, plus d'un mille de chemin.
Elle est composée d'un mot entier, et d'un autre qui est altéré: du mot osi, qui veut dire sauver, rendre sauf, et anna, qui est comme l'interjection de la prière, interjection qui correspond à l'interjection latine hélas !
C'est du mont des Oliviers que le Seigneur envoie ses disciples vers ce village, parce que c'est de la primitive Église qu'il a envoyé dans le monde les prédicateurs de l'Évangile. Il en envoie deux qui représentent deux ordres différents de prédicateurs, et auxquels saint Paul fait allusion dans ce passage: «Celui qui a efficacement agi dans Pierre pour le rendre apôtre des circoncis, a aussi agi efficacement pour me rendre apôtre des Gentils». ( Ga 2,8 ). Ou bien ces deux disciples figurent les deux préceptes de la charité, ou les deux Testaments, ou enfin la lettre et l'esprit.
De même que Notre-Seigneur fait alors cette recommandation aux Apôtres: «Si quel qu'un vous dit quelque chose, dites-lui que le Seigneur en a besoin», il ordonne encore, main tenant, aux prédicateurs de ne jamais se laisser arrêter par aucun obstacle dans le ministère de la prédication.
Le Seigneur, monté sur l'ânon, se dirige vers Jérusalem, parce que celui que Dieu a chargé du gouvernement de l'Église ou de la direction de l'âme fidèle, doit la conduire en ce monde, et l'introduire après cette vie dans la vision de la patrie céleste. Les Apôtres et les docteurs qui les suivirent, ont placé leurs vêtements sur l'ânesse; car ils ont transmis aux na tions la gloire qu'ils avaient reçue de Jésus-Christ. La multitude étendait ses vêtements sur le chemin; car ceux qui, parmi les circoncis, embrassèrent la foi, renoncèrent à la gloire qui vient de la loi. Ils coupaient des branches d'arbres, car ils cueillirent dans les prophètes, comme sur des arbres couverts de verdure, les témoignages favorables au Christ. Ou bien, cette foule qui étend ses vêtements sur le chemin, ce sont les martyrs qui livrèrent à la mort, pour Jésus-Christ, leurs corps, vêtements de leurs âmes; ou bien encore, ceux qui domptent leurs corps par l'abstinence. Ceux qui coupent des branches d'arbres sont ceux qui étudient les enseigne ments et les exemples des saints Pères pour leur salut ou celui de leurs enfants.
La fille de Sion, dans le sens historique, signifie la ville de Jérusalem qui est située sur la montagne de Sion; mais dans le sens mystique, elle signifie l'Église des fidèles qui fait partie de la Jérusalem céleste.
C'est pour cela que saint Matthieu, qui seul écrivit son Évangile pour les Juifs, fait mention de cette ânesse qui fut amenée au Seigneur, pour montrer à cette même na tion juive que si elle se repentait, elle ne devait pas désespérer de son salut.
La Glose
Voici le sens de ces dernières paroles: «Béni», c'est-à-dire qu'il soit glorifié; «celui qui vient», c'est-à-dire celui qui s'est incarné; «au nom du seigneur», c'est-à-dire au nom du Père en le glorifiant. Ils répètent ho sanna, c'est-à-dire sauvez-moi, je vous en conjure, et ils déterminent le lieu où ils veulent être sauvés, c'est sur les hauteurs, c'est-à-dire ce n'est pas sur la terre, mais au plus haut des cieux.
Ou bien le maître de ces animaux les laissera aller pour qu'ils soient consacrés au service du Seigneur. L'Évangéliste joint à ce fait le témoignage du prophète pour montrer que le Sauveur a fidèle ment accompli tout ce qui avait été prédit de lui, mais que les scribes et les pharisiens, aveuglés par la jalousie, n'ont pas voulu comprendre ce qu'ils lisaient.
2159. LES FOULES QUI LE PRÉCÉDAIENT ET LE SUIVAIENT CRIAIENT. Ici est présenté l’honneur qui lui fut rendu par la parole. Mais par qui ? Par ceux qui le précédaient et le suivaient, à savoir, par ceux qui ont vécu avant sa venue et après. Et les deux demandent le salut et l’obtiennent du Christ. 2 Co 6, 13 : Ayant la même récompense. Or, les foules demandaient le salut. ELLES CRIAIENT DONC EN DISANT : «HOSANNA AU FILS DE DAVID, etc.» Ce salut est commencé dans le temps présent et s’accomplit dans l’avenir, plus haut, 1, 21 : Il sauvera son peuple de ses péchés.
2160. ELLES DISAIENT donc : «HOSANNA, etc.» Plusieurs disent que cela signifie la rédemption. Mais c’est la même chose que : «Je t’en prie : sauve-moi.» Anne exprime le sentiment de celui qui supplie [Lc 2, 36 38]. Ps 11, 2 : Sauve-moi ! Et elles demandent [ce salut] au fils de David. Ainsi est-il écrit en Jr 23, 5 : Je susciterai David, un juste descendant, puis suit : En ces jours, Juda sera sauvé. Et il aurait pu faire cela parce qu’il était le fils de David ? Non, mais parce qu’IL EST VENU AU NOM DU SEIGNEUR. Pourquoi ? Parce qu’il est venu en confessant le Seigneur. Jn 5, 43 : Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’avez pas accueilli. Il n’existe donc qu’un seul salut : la libération des péchés. Is 35, 4 : Celui-là viendra et il nous sauvera. Il existe aussi un autre salut par lequel nous sommes libérés de toute peine. Is 51, 8 : Mon salut sera éternel et ma justice ne défaillira pas. Et cela, AU PLUS HAUT DES CIEUX, c’est-à-dire : «Donne d’abord le salut sur terre, puis ensuite au ciel.»
2160. ELLES DISAIENT donc : «HOSANNA, etc.» Plusieurs disent que cela signifie la rédemption. Mais c’est la même chose que : «Je t’en prie : sauve-moi.» Anne exprime le sentiment de celui qui supplie [Lc 2, 36 38]. Ps 11, 2 : Sauve-moi ! Et elles demandent [ce salut] au fils de David. Ainsi est-il écrit en Jr 23, 5 : Je susciterai David, un juste descendant, puis suit : En ces jours, Juda sera sauvé. Et il aurait pu faire cela parce qu’il était le fils de David ? Non, mais parce qu’IL EST VENU AU NOM DU SEIGNEUR. Pourquoi ? Parce qu’il est venu en confessant le Seigneur. Jn 5, 43 : Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’avez pas accueilli. Il n’existe donc qu’un seul salut : la libération des péchés. Is 35, 4 : Celui-là viendra et il nous sauvera. Il existe aussi un autre salut par lequel nous sommes libérés de toute peine. Is 51, 8 : Mon salut sera éternel et ma justice ne défaillira pas. Et cela, AU PLUS HAUT DES CIEUX, c’est-à-dire : «Donne d’abord le salut sur terre, puis ensuite au ciel.»
Après les actes viennent les paroles. Le cortège fut d’abord silencieux pendant quelque temps ; mais
bientôt, « lorsqu’il approchait déjà de la descente de la montagne des Oliviers, toutes les foules des disciples,
transportées de joie, se mirent à louer Dieu à haute voix pour toutes les merveilles qu’ils avaient vues », Luc.
19, 37. Une double circonstance fit éclater tout à coup l’enthousiasme. A cet endroit marqué par S. Luc, la
ville sainte apparaissait soudain dans toute sa magnificence, et en avant se dressait le temple éblouissant de
splendeur ; Cf. 24, 1 et le commentaire. A la vue de la capitale du Messie, à la vue de son palais auquel on le
conduit, la foule ne peut se contenir et elle se livre librement à ses joyeux transports. D’un autre côté, c’est là
sans doute qu’une seconde procession, partie de Jérusalem pour aller à la rencontre du Sauveur, rejoignit le
cortège qui venait de Bethphagé, Cf. Joan. 12, 17. Quand ces deux multitudes arrivèrent en face l’une de
l’autre, cernant avec amour Jésus au milieu d’elles, l’allégresse fut à son comble et des cris de bénédiction
s’échappèrent de toutes les poitrines. - Les foules qui précédaient Jésus, et celles qui le suivaient : ces mots
désignent sans doute les deux foules distinctes que nous venons de signaler, et qui opérèrent leur jonction sur
le sommet du mont des Oliviers. - Hosanna. Il est intéressant de signaler les réflexions inspirées par cette
expression juive à deux des plus célèbres Pères de l'Église Latine. S. Augustin, qui ignorait l'hébreu, donne
l'interprétation suivante, mélangée de vrai et de faux : « Hosanna... est une exclamation de prière; elle
indique un sentiment plutôt qu’une chose précise: ainsi sont les mots que, dans la langue latine, on appelle
interjections : par exemple, dans la douleur, nous disons : hélas ! ou dans la joie nous disons : oh ! ». Le plus
docte hébraïsant de l'antiquité, S. Jérôme, se rapproche davantage de la vérité lorsqu'il détermine ainsi
l'étymologie et le sens du mot Hosanna : « 'Osi' signifie Sauve ; 'Anna' est l'exclamation de la personne qui
prie. Si l'on veut former un seul mot, l'on dira 'Osianna' ou, en éliminant la voyelle médiane, Osanna », Epist.
ad Damas. La prononciation primitive de cette locution hébraïque était Hoschiah-Na ; plus tard on écrivit
Hoschah-Na par abréviation, puis Hoschahna en un seul mot, d’où nous avons fait Hosanna, à la suite des
Grecs et des Latins. Ses racines étaient le verbe sauver. Elle signifie : Sauve donc ! comme traduisent les
Septante. C’était par conséquent une prière ardente et pleine de foi qui semble s’être transformée plus tard en
un cri d’allégresse, en un souhait de bonheur. Les Juifs la répétaient des milliers de fois à la fête des
Tabernacles, en agitant des palmes qu’ils tenaient à la main, et en faisant une procession autour de l’autel des
holocaustes. On comprend donc que, dans la circonstance présente, elle soit venue spontanément sur toutes
les lèvres en l’honneur du Messie, que la foule désigne par son nom populaire de Fils de David. La locution
entière « Hosanna au fils de David » signifie : Sauve donc le Fils de David, c’est-à-dire : Seigneur, bénissez
le Messie ! - Béni soit celui qui vient. Après la prière pour le Christ, vient un salut au Christ : qu’il soit le
bienvenu dans sa cité, dans son temple ! - Au nom du Seigneur, au nom de Jéhova, muni d’une mission toute
divine. Zorobabel, faisant son entrée dans le second temple après la captivité de Babylone, fut accueilli par
des acclamations semblables. - Nous n’avons pas dit encore que la phrase « béni soit celui qui vient au nom
du Seigneur » est empruntée au Ps. 117, v. 26, qui jouait aussi un grand rôle dans la liturgie de la fête des
Tabernacles : les habitants de Jérusalem, dit-on, chantaient ce verset à l’arrivée des pèlerins pour les saluer.
Mais qui mieux que Jésus a mérité d’être appelé le Bienvenu ? - Hosanna au plus haut des cieux. Par cette
nouvelle formule, le peuple prie le Seigneur, dont le trône est au plus haut des cieux, de ratifier dans son
glorieux séjour les souhaits de bonheur qu’il forme pour le Messie. Voilà donc Jésus acclamé publiquement à
Jérusalem comme le Christ, par une multitude innombrable, et il accepte ces hommages populaires, lui qui
pendant si longtemps les avait refusés, imposant silence à ceux qui les lui rendaient avant l’heure voulue par
son Père !
Hosanna est un mot formé de l’hébreu signifiant : Sauvez, je vous prie, et renfermant, comme le latin vivat, non seulement le souhait d’une longue vie, mais d’une vie accompagnée de prospérité et de gloire.