Matthieu 22, 11

Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce.

Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce.
Saint Thomas d'Aquin
2236. LE ROI ENTRA ALORS, etc. Ici est présenté l’examen de ceux qui sont rassemblés. Premièrement, celui qui examine est présenté ; deuxièmement, l’examen ; troisièmement, la condamnation.

Celui qui examine est entré. En effet, il entre lorsqu’il exerce son jugement sur eux, Gn 18, 21 : J’entrerai et je verrai, et cela, lors du jugement final. De même, à la mort. Aussi, lorsque des tribulations sont imminentes pour l’Église.

2237. Mais qui est celui qui est examiné ? IL VIT UN HOMME QUI NE PORTAIT PAS LA TENUE DE NOCES. Quelle est cette tenue ? Le Christ. Nous qui appartenons au Christ, revêtons le Christ, [comme dit] l’Apôtre, Rm 13, 14 : Vous avez revêtu le Seigneur Jésus, le Christ. En effet, certains revêtent le Christ par le sacrement, Ga 3, 27 : Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Certains sont dans le Christ par la charité et l’amour. Col 3, 15 : Par-dessus tout, ayez la charité, qui est le lien de la perfection. Et que la paix du Christ exulte dans vos cœurs, par laquelle vous avez été appelés dans un seul corps. De même, [certains sont dans le Christ] par le rappel de la mort. Aussi, par la ressemblance de leur comportement. Rm 13, 14 : Vous avez revêtu le Seigneur Jésus, le Christ. Porter la tenue nuptiale, c’est donc revêtir le Christ par un bon comportement, par une vie sainte, par une vraie charité, et si une seule chose manque, cela est mal.

2238. [Le Seigneur] dit donc : MON AMI. Il l’appelle ami à cause de la foi ou parce qu’il l’aimait. Ou l’on peut dire que partout où [le Seigneur] dit «ami», il le dit pour faire des reproches. Ainsi, il lui reproche l’amour dont il l’a aimé.

COMMENT ES-TU ENTRÉ SANS AVOIR LA TENUE DE NOCES ? Mais quelqu’un pourrait dire : «Pour quelle faute l’a-t-il puni, puisqu’il a convié les bons et les mauvais ?» Mais il ne voulait pas que les mauvais viennent, à moins qu’ils ne se soient préparés afin d’être bons.

Ensuite vient la façon dont il a manqué. Vient donc ensuite : L’AUTRE RESTA MUET, car le pécheur ne peut pas avoir de raison suffisante de mépriser la tenue nuptiale. Jb 9, 3 : S’il veut disputer avec lui, il ne trouvera rien à lui répondre.
Louis-Claude Fillion
Le roi entra. Quand chacun a pris sa place à l’orientale sur les canapés rangés autour des tables (discumbentes), le roi entre dans la salle pour faire honneur à ses hôtes. - Pour voir. Il ne vient pas dîner avec eux ; mais, à la façon des grands personnages qui font une invitation considérable parmi leurs vassaux, il veut seulement les saluer, voir si on prend soin d’eux, si tout se passe convenablement. Tout à coup, il s’aperçoit qu’un des convives a violé une des règles les plus essentielles de la bienséance : il est venu au palais, il assiste au festin couvert de ses vêtements ordinaires, sans s’être paré de la robe nuptiale. - La robe nuptiale. Pour bien comprendre la faute et la punition de ce convive, nous avons à préciser soit au propre, soit au figuré, la nature de cet habit qui était indispensable dans la circonstance présente. Une robe nuptiale, c’est assurément un vêtement de fête, une parure distinguée, digne en un mot d’une cérémonie aussi solennelle que l’a toujours été la célébration d’un mariage. On regarderait comme un homme mal élevé, et même comme un insulteur effronté, quiconque viendrait assister à un repas de noces avec des vêtements malpropres et communs. Mais il existe en Orient une coutume spéciale qui rehaussait encore dans le cas présent l’énormité de l’injure. Quand une personne de distinction fait des invitations pour un repas solennel, elle ne manque pas d’envoyer à tous les futurs convives une robe ou caftan de gala (l’équivalent du « cœnatorium » des Romains, Cf. Anth. Rich, Diction. des Antiquit. rom. et grecq. s. v. Cœnatoria, Synthesis) dont ils devront se couvrir quand ils viendront prendre part au festin. « On ne saurait croire, dit Chardin, Voyage en Perse, t. 3, p. 230, la dépense que fait le roi de Perse pour ces présents-là. Le nombre des habits qu’il donne est infini. On en tient toujours ses garde-robes pleines. On les tient dans les magasins, séparés par assortiment ». (Le célèbre voyageur raconte ensuite qu’un grand-vizir fut mis à mort pour n’avoir pas voulu se soumettre à l’étiquette). Fût-on le plus pauvre des hommes, on n’avait donc aucun motif à alléguer pour se dispenser d’arriver à la fête avec un vêtement convenable, puisque l’amphitryon en avait à l’avance fait les frais. On trouvera sur cette coutume d’intéressants détails dans Rosenmüller, das alte und neue Morgenland, t. 5, p. 75 et suiv. Plusieurs exégètes ont prétendu, il est vrai, qu’elle peut bien n’être que d’introduction relativement récente, et qu’elle n’est d’ailleurs pas nécessaire pour l’interprétation de la parabole. Nous répondrons qu’on en trouve plusieurs indices très anciens dans la Bible, Gen. 45, 22 ; Jud. 14, 22 ; 4 Reg. 5, 22, et qu’elle est supposée d’une manière tacite par le récit du Sauveur, auquel elle communique une vie et une force nouvelles. Grâce à elle en effet on est plus à même de comprendre pourquoi le roi est si vivement offensé, pourquoi le coupable est dans l’incapacité absolue de se disculper, pourquoi il est si gravement puni. - Au figuré, que représente cette robe nuptiale ? Les Saints Pères seront ici nos meilleurs guides, et nous fourniront les renseignements les plus sûrs. Plusieurs d’entre eux l’ont regardée comme un emblème de la foi : « Le vêtement nuptial est la vraie foi, qui origine de Jésus- Christ et de sa justice », Auct. Oper. Imp. Cf. S. Basile in Is. 9. Quelques-uns pensent qu’elle symbolise tout ensemble la foi et l’amour : « La robe nuptiale, c'est la foi et l'amour », S. Ambr. Expos. in Luc. 7 ; « Ayez la foi et l'amour : c'est cela la robe nuptiale », S. August. Sermo 90. Ils affirment néanmoins pour la plupart, « magno consensu » dit Grotius, et les exégètes catholiques affirment à leur suite que la robe nuptiale figure la sainte charité avec la sainteté produite par elle dans une âme. Telle est bien la véritable interprétation ; car eussions-nous la foi, si nous manquons d’amour, si nous ne sommes ornés de bonnes œuvres, il nous sera impossible d’être admis dans le royaume glorieux que représente ici la salle du festin. « Le vêtement nuptial c'est la grâce de l'Esprit et la blancheur du vêtement céleste que nous avons reçu après profession de foi parfaite, et qu'il nous faut conserver sans tache et sans souillure jusqu'au jour de la grande réunion dans le royaume des cieux », S. Hilaire, in h. l. Déjà Isaïe parlait dans le même sens des vêtements de salut, 61, 10, dont était recouvert le Messie.
Fulcran Vigouroux
La robe nuptiale. C’est partout la coutume que les invités aux noces se revêtent d’habits de fêtes. Peut-être y a-t-il aussi une allusion à une coutume orientale, en vertu de laquelle les rois et les princes envoient à ceux qu’ils appellent à leur table une robe dont ils doivent se couvrir pour prendre part au festin.