Matthieu 22, 2

« Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils.

« Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils.
Louis-Claude Fillion
Nous trouverons dans le troisième Évangile, Cf. Luc. 14, 16 et suiv., une parabole qui a beaucoup d’analogie avec celle que nous présente actuellement le récit de S. Matthieu. Plusieurs auteurs de renom (Théophylacte, Maldonat, etc.), s’appuyant sur cette ressemblance extérieure, ont cru pouvoir identifier les deux compositions. Mais ils n’ont pas assez remarqué que l’époque, l’occasion, plusieurs détails importants, diffèrent d’une manière considérable ; Cf. S. Aug. De consens. Evang. 2. 7 ; S. Greg. le Grand, Hom. 38 in Evang. Nous les traiterons, à la suite du grand nombre des exégètes, comme deux pièces très distinctes. Tout au plus pourrait-on dire avec Unger : « Il semble que Matthieu a rapporté une parabole que Jésus a reprise plus tard, en la modifiant, en la corsant et en la rendant plus sévère, et en l’appliquant à l’ensemble du peuple juif », de Parab. Jesu, p. 122 - La parabole commence par la formule accoutumée : « Le royaume des cieux est semblable ». Elle a en grande partie le même objectif que celle des vignerons perfides : elle s’en écarte toutefois en ce sens que là, Dieu nous apparaissait sous les traits d’un propriétaire qui réclame son bien, tandis qu’ici il se manifeste comme un roi généreux qui fait des présents. Là sa colère provenait de ce qu’on avait refusé de satisfaire ses droits légitimes, ici elle a pour cause le refus criminel des faveurs qu’il daigne offrir. Ces deux paraboles se complètent ainsi l’une l’autre. Ajoutons que la dernière n’annonce pas seulement la destruction imminente de la théocratie mosaïque, mais qu’elle prédit encore le châtiment de tous les mauvais chrétiens. Cette double pensée la divise même en deux parties bien tranchées, dont la première comprend les versets 1-7, la seconde les versets 8-14. - Les noces de son fils. L’expression, Cf. Gen. 29, 22 ; Tob. 8, 29 ; 1 Mach. 9, 37 ; 10, 58 ; Esth. 9, 22, désigne tantôt le rite même du mariage, tantôt les réjouissances solennelles, spécialement le grand festin, qui ont partout et toujours accompagné la célébration des noces. Il s’agit ici de toutes ces choses à la fois. Mais quel est le roi qui daigne inviter ses sujets au mariage de son Fils ? et quelle alliance est sur le point d’être conclue par celui-ci ? Ce roi figure Dieu le Père, le « Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs », comme l’appellent nos Saints Livres ; son Fils c’est le Christ contractant une union intime avec l’Église, union représentée plus d’une fois dans le Nouveau Testament sous les traits d’un mariage mystique ; Cf. Joan. 3, 29 ; Matth. 9, 15 ; Luc. 22, 18. 30 ; 2 Cor. 11, 2 ; Eph. 5, 32 ; Apoc. 19, 7. « Les noces représentent la très étroite union du Christ avec l’Église, la foi jurée de part et d’autre, et le lien de l’alliance contractée, pour engendrer des enfants spirituels, qui rempliront toute la terre », Vitringa, in Apoc. 19, 7. C’est en l’honneur de ce mariage sublime que le Psalmiste composa le glorieux épithalame, « D'heureuses paroles jaillissent de mon cœur quand je dis mes poèmes, etc. », Ps. 44, 1.