Matthieu 22, 3

Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.

Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Saint Thomas d'Aquin
2223. Il est ensuite question de l’appel des Juifs. Premièrement, un double appel est présenté ; deuxièmement, le refus, en cet endroit : MAIS EUX N’EN EURENT CURE, etc. [22, 5].

À propos du premier point, [le Seigneur] fait deux choses en fonction des deux appels.

Il dit donc : IL ENVOYA SES SERVITEURS CONVIER LES INVITÉS. Selon ce que dit Origène sur ce passage, il existe ici un double texte, car un texte porte : IL ENVOYA SON SERVITEUR, et un autre : SES SERVITEURS.

Si le texte est : SON SERVITEUR, il faut alors considérer trois choses. Premièrement, l’invitation, deuxièmement, l’appel ; troisièmement, une autre invitation.

2224. Les Juifs furent invités avec les patriarches. Ainsi, il a été dit à Abraham : Dans ta descendance seront bénies toutes les nations. Ga 3, 16 : C’est à Abraham et à sa descendance que furent faites ses promesses, etc. D’abord, Moïse fut envoyé, Nb 12, 7 : Il n’y a personne de semblable à mon serviteur Moïse, qui a été le plus fidèle de toute ma maison ; vient ensuite : Pourquoi ne l’avez-vous pas craint ? ET ILS NE VOULURENT PAS VENIR. Dt 31, 27 : Alors que je vivais encore et que je sortais avec vous, vous avez toujours agi avec obstination envers le Seigneur. Le second appel fut fait par les prophètes, dont [il est dit] en Am 3, 7 : Le Seigneur n’accomplira pas sa parole sans avoir révélé son secret à ses serviteurs, les prophètes.

2225. Ou bien, le texte peut être : SES SERVITEURS. Dans ce cas, les prophètes sont signifiés par les premiers [serviteurs], envers lesquels les Juifs se montrèrent toujours rebelles. Ac 7, 51 : Vous avez toujours résisté à l’Esprit Saint. Par les seconds [serviteurs], on entend les apôtres, à qui il a été dit plus haut, 10, 5 : N’allez pas chez les païens. Ou bien, par les premiers [serviteurs], on entend les prophètes et les premiers apôtres ; par les seconds, les successeurs des apôtres.
Louis-Claude Fillion
Il envoya ses serviteurs. Chez les Orientaux, ces grands amis du formalisme et des cérémonies, il y a presque toujours plusieurs invitations réitérées pour une seule et même fête. Après les avoir avertis d’une manière générale, on les fait prévenir encore à l’approche de la solennité ; Cf. Esth. 5, 8 ; 6, 14, et les récits des voyageurs modernes ap. Rosenmüller, das alte u. neue Morgenland, t. 5 in h. l.. C’est ce que nous remarquons dans la circonstance présente. Les serviteurs chargés d’appeler les invités portaient chez les Romains les noms techniques de « vocatores, invitatores » (ceux qui appellent, qui convoquent). Ils représentent, d’après le contexte de la parabole, les prophètes, spécialement le dernier d’entre eux, S. Jean-Baptiste, et les disciples mêmes de Jésus, Cf. Matth. 10 ; Luc. 10, qui avaient fait retentir aux oreilles des Juifs, les premiers invités, ce cri d’une autre parabole : « Voici l'époux, allez à sa rencontre ! ». - Ils ne voulaient pas venir. Pour quel motif ? On ne le dit pas. Les conditions du mariage leur déplaisaient sans doute. Quant aux Juifs, on sait pourquoi ils refusent de participer aux noces de Notre-Seigneur Jésus-Christ : c’est le fiancé lui-même qu’ils dédaignent, ne voulant pas croire à sa mission divine.