Matthieu 22, 32
Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »
Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »
2265. POUR CE QUI EST DE LA RÉSURRECTION DES MORTS, etc. Après avoir montré qu’ils ignoraient la puissance de Dieu, ici [le Seigneur] montre qu’ils ignoraient les Écritures. Ainsi, N’AVEZ-VOUS PAS LU L’ORACLE DANS LEQUEL LE SEIGNEUR VOUS DIT : «JE SUIS LE DIEU D’ABRAHAM, D’ISAAC ET DE JACOB ?» Cela est écrit en Ex 3, 6. Mais puisque d’autres autorités parlent plus expressément de la résurrection, comme on le trouve en Is 6, Ez 33 et Dn 12, Jérôme se demande pourquoi [le Seigneur] a présenté celle-ci, qui est ambiguë ? Il répond qu’ils n’acceptaient pas les prophètes, mais les cinq livres de Moïse.
2266. Et comment s’occupe-t-il à la question en cause ? Il dit : JE SUIS LE DIEU D’ABRAHAM, D’ISAAC ET DE JACOB. [On dit de Dieu] qu’il est le Dieu de certains en raison du culte que ceux-ci lui rendent. [Abraham, Isaac et Jacob] rendent donc un culte [à Dieu]. Or, les morts ne rendent pas de culte à Dieu, mais les vivants. Abraham, Isaac et Jacob sont donc vivants, mais non selon leurs corps. Ils le sont donc selon leur âme. Mais en quoi cela appuie-t-il la résurrection ? Cela l’appuie parce que [ceux qui interrogeaient] disaient que l’âme n’existe pas. Or, [le Seigneur] montre que l’âme subsiste. Si donc l’âme subsiste, la résurrection aussi, car l’âme a une inclination naturelle au corps.
2267. Mais que signifie ce qu’il dit : CE N’EST PAS DE MORTS [QU’IL EST LE DIEU] ? Cela est vrai selon le corps. Cependant, il est aussi le Dieu des morts, parce qu’ils vivent selon l’esprit. Rm 14, 8 : Que nous vivions ou que nous mourions, nous appartenons au Seigneur. Cela est aussi contre les hérétiques qui condamnent les pères de l’Ancien Testament, parce qu’il dit ici qu’ils vivent dans leur âme. De même, il parle au singulier parce que chez les autres nations, chacun avait son dieu. Écoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est unique, Dt 6, 4.
2266. Et comment s’occupe-t-il à la question en cause ? Il dit : JE SUIS LE DIEU D’ABRAHAM, D’ISAAC ET DE JACOB. [On dit de Dieu] qu’il est le Dieu de certains en raison du culte que ceux-ci lui rendent. [Abraham, Isaac et Jacob] rendent donc un culte [à Dieu]. Or, les morts ne rendent pas de culte à Dieu, mais les vivants. Abraham, Isaac et Jacob sont donc vivants, mais non selon leurs corps. Ils le sont donc selon leur âme. Mais en quoi cela appuie-t-il la résurrection ? Cela l’appuie parce que [ceux qui interrogeaient] disaient que l’âme n’existe pas. Or, [le Seigneur] montre que l’âme subsiste. Si donc l’âme subsiste, la résurrection aussi, car l’âme a une inclination naturelle au corps.
2267. Mais que signifie ce qu’il dit : CE N’EST PAS DE MORTS [QU’IL EST LE DIEU] ? Cela est vrai selon le corps. Cependant, il est aussi le Dieu des morts, parce qu’ils vivent selon l’esprit. Rm 14, 8 : Que nous vivions ou que nous mourions, nous appartenons au Seigneur. Cela est aussi contre les hérétiques qui condamnent les pères de l’Ancien Testament, parce qu’il dit ici qu’ils vivent dans leur âme. De même, il parle au singulier parce que chez les autres nations, chacun avait son dieu. Écoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est unique, Dt 6, 4.
Il faut observer que c’est longtemps après la mort
d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, que Jéhova se nomme le Dieu de ces trois grands patriarches, fondateurs de
la nation choisie. De là le raisonnement que Notre-Seigneur Jésus-Christ fait ensuite sur cette dénomination
que Dieu avait daigné s’imposer lui-même, afin de manifester ainsi son amour pour les ancêtres d’Israël. -
Dieu n'est pas le Dieu des morts... Profonde réflexion qui forme la mineure du syllogisme employé par Jésus.
La conclusion n’est pas exprimée parce qu’elle est tout à fait évidente : Donc Abraham et Isaac et Jacob sont
vivants ; donc les morts ressusciteront. R. Manasse Ben-Israel, dans son curieux ouvrage « de Resurrectione
mortuorum », dont le premier livre est dirigé contre les Sadducéens, argumente absolument de la même
manière que Jésus : « Quand le Seigneur apparut pour la première fois à Moïse, on lit qu’il a dit : Je suis le
Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Or Dieu n’est pas le Dieu des morts, qui étant
morts ne sont plus, mais des vivants, parce que les vivants existent. Le patriarche a donc raison de déduire de
ce texte que les âmes vivent », Pars. 1, c. 10, 6. Mais Jésus a-t-il bien prouvé ce qu’il fallait ? De son
argumentation ne résulte-t-il pas simplement que l’âme est immortelle ? Toutefois l’admiration de la foule
d’une part, v. 33, de l’autre le silence des Sadducéens qui s’avouent par là-même vaincus, v. 35, démontrent
que la réponse de Jésus est tombée juste et que son raisonnement était irréfutable. D’après la théologie
judaïque le dogme de la résurrection des corps et celui de l’immortalité de l’âme sont en effet intimement
unis : si les Saints Livres proclament l’existence d’une vie éternelle pour l’homme, ce doit être pour
l’homme tout entier, tel qu’il fut créé par Dieu à l’origine, tel qu’il apparaît sur cette terre. Or, sans la
résurrection des corps, l’homme serait imparfait, incomplet. Nous serons donc rétablis dans notre état
primitif et l’âme rejoindra le corps pour n’en être jamais séparée. Du reste, les Sadducéens ne rejetaient
précisément la résurrection future, que parce qu’ils refusaient d’admettre la continuation de l’existence
individuelle après la mort. Pour les confondre, il suffisait d’établir que la vie personnelle n’est pas détruite
par la mort, ni plongée dans ce grand tout qu’ils appelaient l’âme de Dieu. Cf. Langen. das Judenthum in
Palæstina zur Zeit Christi, Fribourg, 1867, p. 347.
Je suis le Dieu d’Abraham, etc. Avec ces paroles qui sont prises de l’Exode Jésus-Christ prouve ici la résurrection des corps par l’immortalité de l’âme, parce que, en effet, ces deux dogmes sont inséparables. L’âme étant immortelle doit nécessairement être un jour réunie à son corps, pour y recevoir la récompense ou la punition qu’elle a méritée dans ce corps même, lorsqu’elle en était revêtue.