Matthieu 22, 46
Personne n’était capable de lui répondre un mot et, à partir de ce jour-là, nul n’osa plus l’interroger.
Personne n’était capable de lui répondre un mot et, à partir de ce jour-là, nul n’osa plus l’interroger.
Si Dieu réduit les ennemis du Christ à lui servir de marche-pied, ce n'est pas seulement pour les perdre, mais aussi pour les sauver.
Si leur question eût eu pour motif le désir de s'instruire, Notre-Seigneur ne leur aurait point répondu de telle sorte qu'ils n'osèrent plus jamais l'interroger.
Les pharisiens, qui ne voyaient dans Jésus-Christ qu'un homme, es sayaient de le tenter, ce qu'ils n'eussent l'as fait s'ils avaient cru qu'il fût le Fils de Dieu. Jésus-Christ donc, buis le dessein de leur montrer qu'il connaissait la fourberie de leur coeur, et qu'il était Dieu, ne voulut pas leur dire clairement la vérité, de peur que cette déclaration ne fût pour eux une nouvelle occasion de blasphème et de fureur; il ne voulut pas non plus garder entiè rement le silence, car il était venu pour faire connaître la vérité ( Jn 28,37 ). Il leur pose donc une question en des termes qui puissent déjà leur faire connaître ce qu'il est. «Or, pendant que les pharisiens étaient assemblés, Jésus leur fit cette question: Que vous semble du Christ ?»Il avait demandé autrefois à ses disciples ce que les hommes disaient du Christ, et ensuite ce qu'ils en pensaient eux-mêmes; mais il ne fait pas la même question aux pharisiens, car ils n'eussent pas manqué de lui répondre qu'on le considérait comme un séduc teur, un méchant, que telle était leur opinion et qu'ils le regardaient simplement comme un homme. C'est pour cela qu'ils répondent que le Christ est le fils de David. «Et ils lui répondi rent: De David».Or le Sauveur blâme cette réponse et cite le témoignage du prophète, qui atteste que le Christ est Seigneur lui-même, qu'il est vraiment Fils, et qu'il est digne des mêmes honneurs que son Père. «Et il leur dit: Comment David l'appelle-t-il, par l'inspiration de l'Esprit saint, son Seigneur, en disant: Le Seigneur a dit à mon Seigneur», etc.
Or je pense qu'en faisant cette question, il eut en vue non-seulement les pharisiens, mais encore les héréti ques, car, s'il était vraiment fils de David selon la chair, il était son Seigneur par sa divinité.
Le Sauveur ne s'arrête pas là; mais, pour leur inspirer une crainte salu taire il ajoute: «Jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied», espé rant les amener ainsi à la connaissance de sa divinité.
Le Sauveur mit ainsi fin àtoutes leurs questions, et ses dernières paroles eurent assez de puissance pour leur fermer la bouche sans retour. «Et qui que ce soit ne put rien lui répondre, et, depuis ce jour-là, personne n'osa plus l'interroger».Ils se turent; ce fut bien malgré eux, et parce qu'ils ne savaient que répondre.
Ce témoignage est emprunté au Ps 59 ; le Christ y est appelé le Seigneur de David, non pas comme étant né de David, mais d'après sa naissance éternelle du Père, qui le rend existant avant celui qui fut son père selon la chair. Or ce n'est ni par erreur, ni par ignorance, ni de sa propre volonté que David l'appelle son Seigneur, mais par l'inspiration du Saint-Esprit.
Nous pouvons faire encore aujourd'hui cette question aux Juifs, car, tout en reconnaissant que le Christ doit venir, ils affirment qu'il n'est qu'un homme, un per sonnage vertueux de la race de David. Nous donc, qui avons été instruits à l'école de Dieu lui-même, demandons-leur comment David peut l'appeler son Seigneur, s'il n'est qu'un homme, et s'il est seulement le fils de David? Les Juifs, pour échapper à la vérité que renferme cette question, ont recours à mille explications frivoles: ils vont chercher un certain serviteur d'Abraham, qui eut pour fils Eliézer de Damas. Ce serait au nom d'Eliézer que ce psaume au rait été composé, parce que le Seigneur Dieu, après la destruction des cinq rois, aurait dit à son Seigneur Abraham: «Asseyez-vous à ma droite, jusqu'à ce que», etc. Or, nous n'avons qu'à leur demander comment Eliézer aurait pu appliquer à Abraham la suite du psaume, et les forcer de nous répondre comment Abraham a été engendré avant l'aurore, et comment il fut prêtre selon l'ordre de Melchisédech, alors que Melchisédech offrit à Dieu pour lui du pain et du vin, et qu'Abraham lui donna la dîme de toutes les dépouilles.
Ces paroles: «Asseyez-vous à ma droite»,ne signifient pas que Dieu ait un corps avec une droite ou une gauche, mais que le Fils a la même puissance, la même dignité que son Père.
Le mot «jusqu'à ce que signifie éternellement, et tel est le sens de toute la phrase: «Asseyez-vous pour l'éternité, et vos ennemis seront éternellement placés sous vos pieds».
Ce qui doit nous apprendre qu'on peut triompher de la jalousie la plus envenimée, mais qu'il est difficile qu'elle se calme et reste en repos.
La Glose
Si le Père soumet au Fils ses ennemis, ce n'est pas une marque d'impuissance dans le Fils, mais une preuve de leur unité de nature, car le Fils lui-même soumet au l'ère ses ennemis, en glorifiant son Père sur la terre. Après avoir cité ce té moignage, il en tire cette conclusion: «Si donc David l'appelle son Seigneur, comment peut-il être son Fils ?»
2293. ET NUL NE FUT CAPABLE DE LUI RÉPONDRE UN MOT. Ici est présenté l’effet, et il est double, car le Christ était à la fois celui qui répond et qui s’oppose. Celui qui s’oppose : NUL NE FUT CAPABLE DE RÉPONDRE. Jb 9, 3 : S’il veut discuter avec lui, il ne pourra répondre une fois sur mille. De même, parce qu’en répondant, il les réfute. C’est pourquoi vient ensuite : ET À PARTIR DE CE JOUR, PERSONNE N’OSA PLUS L’INTERROGER. Vous pouvez donc voir que ceux-ci n’interrogeaient pas pour qu’il les enseigne, mais pour le mettre à l’épreuve. Dt 32, 7 : Interroge ton père et il t’informera.
Les orgueilleux Pharisiens sont de nouveau réduits au silence en face de
tout le peuple, et, ce qui était plus humiliant, sur un point essentiel de la religion mosaïque, sur la nature du
Messie ! Un autre Psaume, 2, 7, Isaïe, 9, 6, Michée, 5, 2, n’avaient-ils donc pas affirmé la filiation divine du
Christ ? Mais ils ne savent pas, ou du moins ils ne veulent pas savoir. - Nul n'osa plus... Battus sur toute la
ligne, sans espoir de pouvoir remporter l’avantage sur un adversaire qui leur est si visiblement supérieur en
sagesse, les Sanhédristes, les Hérodiens, les Pharisiens et les Sadducéens renoncent à rentrer en lice avec
Jésus. « Depuis ce temps ils se tinrent dans le silence; qui à la vérité n'était pas un silence volontaire, mais
forcé ; parce qu'ils n'avaient plus rien à lui dire. Ses réponses précédentes les avaient tant abattus, qu'il ne
pouvaient plus résister", S. Jean Chrys. Hom. 71. S’ils osent désormais attaquer Jésus, ce sera par la
violence, entourés de soldats bien armés, Cf. 26, 47.