Matthieu 23, 22

et celui qui fait un serment par le ciel fait un serment par le trône de Dieu et par Celui qui siège sur ce trône.

et celui qui fait un serment par le ciel fait un serment par le trône de Dieu et par Celui qui siège sur ce trône.
Origène
Et comme les Juifs avaient l'habitude de jurer par le ciel, il complète la leçon qu'il leur donne en ajoutant: «Et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu», etc. Ils n'échappent donc pas, comme ils se l'imaginent, au danger de jurer par Dieu, en jurant par le trône de Dieu, c'est-à-dire par le ciel.

Le serment a pour objet de rendre plus certaines les choses qu'on affirme. On peut donc regarder comme un serment le témoignage des Écritures que nous apportons pour appuyer les choses que nous affirmons. La sainte Écriture serait alors le temple de Dieu; l'or, le sens qu'elle renferme, et de même que l'or qui n'est pas dans le temple, ne peut être regardé comme sanctifié, ainsi tout sens qui est étranger à l'Écriture n'est point consacré, quelque admirable qu'il paraisse d'ailleurs. Nous ne devons donc point nous servir de nos propres pensées pour confirmer la doctrine de l'Évangile, à moins que nous ne puissions établir qu'elles sont consa crées par l'Écriture sainte où elles se trouvent. L'autel est le coeur qui est la partie la plus no ble de l'homme, les dons et les voeux placés sur l'autel sont toutes les choses dont le coeur est le siége, comme la prière, les saints cantiques, l'aumône, le jeûne. Ce qui sanctifie le voeu de l'homme, c'est son coeur qui forme le voeu, et c'est pourquoi le voeu ne peut être plus noble que le coeur de l'homme qui lui donne naissance. Si donc la conscience de l'homme ne lui re proche rien, il doit avoir confiance en Dieu, non à cause des dons qu'il lui offre, mais parce que, pour m'exprimer ainsi, il a bien construit l'autel de son coeur. Nous disons en troisième lieu qu'au-dessus du temple, c'est-à-dire au-dessus de toute Écriture, et au-dessus de l'autel, c'est-à-dire de tout coeur, réside une intelligence qui est appelée ciel, et qui est comme le trône de Dieu, sur lequel, lorsque nous serons dans l'état parfait, nous verrons face à face la vérité à découvert ( 1Co 13,10 ).
Saint Hilaire de Poitiers
Notre-Seigneur nous enseigne aussi qu'après l'avènement du Christ, toute confiance dans la loi est superflue; car ce n'est pas la loi qui sanctifie le Christ, mais le Christ qui sanctifie la loi dans laquelle il avait placé comme son trône et son siège. C'est donc une absurdité de vénérer ce qui est sanctifié, et de dédaigner celui qui est la source de toute sancti fication.
Saint Jean Chrysostome
Le temple a pour objet direct la gloire de Dieu et le salut des hommes, l'or, au contraire, bien qu'il se rapporte à la gloire de Dieu, est offert surtout pour la satisfaction des hommes et l'utilité des prêtres. Les pharisiens prétendaient donc que l'or qui avait pour eux de l'attrait, et les dons qui servaient à leur entretien étaient plus sacrés que le temple lui-même, afin de porter ainsi le peuple à multiplier ces dons plutôt qu'à offrir des prières dans le temple. Aussi Notre-Seigneur leur adresse-t-il ce juste reproche: «Insensés et aveugles ! lequel est plus grand ?» etc. Il est encore aujourd'hui beaucoup de choses que les chrétiens entendent d'une manière déraisonnable. Qu'une occasion se présente, ils considèrent comme de peu d'importance le serment qu'ils font par le nom même de Dieu, et ils mettent bien au-dessus le serment fait par l'Évangile. On peut donc leur dire aussi: «Insensés et aveugles ! car les Écritures existent pour Dieu, et non pas Dieu pour les Écritures».Dieu qui donne à l'Évangile son caractère de sainteté est donc plus grand que l'Évangile qu'il sanctifie.
Saint Jérôme
Les pharisiens, en portant des bandelettes de p archemin et des franges plus larges que les autres, recherchaient la gloire par cette vaine apparence de sainteté, et par la gloire, le profit qui leur en revenait. Notre-Seigneur les accuse encore d'impiété en leur dévoilant une autre fausse tradition qu'ils avaient accréditée, c'est-à-dire que tout homme qui, dans une discussion, dans une contestation, dans un cas douteux, avait juré par le temple, n'était pas réputé coupa ble de parjure, si, plus tard, il était convaincu de n'avoir pas observé son serment. Et c'est ce qu'il leur reproche ici: «Malheur à vous qui dites: Si un homme jure par le temple, ce n'est rien»,etc., c'est-à-dire: «Il ne doit rien».Mais s'il jurait par l'or et par l'argent qui étaient offerts aux prêtres dans le temple, on le forçait aussitôt d'accomplir son serment. «Mais celui qui aura jugé par l'or du temple». etc.

Il ajoute: «Aveugles que vous êtes, lequel est le plus grand ou le don, ou l'autel qui sanctifie le don?

Et si quelqu'un encore venait à jurer par l'autel, personne ne le regardait comme coupable de parjure, tandis qu'on lui faisait scrupuleu sement observer le serment qu'il avait fait par les dons et les offrandes, c'est-à-dire par les vic times et par les autres choses offertes sur l'autel. Or, toute cette co nduite avait pour unique motif l'amour des richesses, plutôt que la crainte de Dieu. «Et quiconque a juré par l'autel, ce n'est rien»,etc. Le Seigneur leur reproche ici leur conduite tout à la fois insensée et pleine de fourberie, parce que l'autel vaut beaucoup mieux que les victimes consacrées sur l'autel.
Saint Augustin
Nous entendons aussi par le temple et l'autel Jésus-Christ lui-même; par l'or et les offrandes, les louanges et les sacrifices de prières que nous offrons en Jésus-Christ et par Jésus-Christ; car ce ne sont pas ces choses qui sanctifient le Christ, mais le Christ qui les sanctifie.
La Glose
Car celui qui jure par la créature qui est essentiellement dans la dépendance de Dieu, jure par la divinité qui gouverne la créa ture.

Dans la crainte de les voir se jeter dans cet excès d'infamie, de pré tendre que l'or était plus sacré que le temple, et l'offrande plus sainte que l'autel, il leur oppose cette autre raison préremptoire, que le serment fait par l'autel et le temple, contient le serment qui est fait par l'or et par le don: «Celui qui jure par l'autel, jure par l'autel, et par tout ce qui est dessus.
Saint Thomas d'Aquin
2334. Ensuite est présentée une autre raison : CELUI QUI JURE DANS LE CIEL, c’est-à-dire par le ciel, NE JURE PAR CELUI-CI QUE PARCE QU’IL EST LE TRÔNE DE DIEU, et parce que s’y manifeste la puissance de Dieu. Ainsi, CELUI QUI JURE PAR LE CIEL JURE PAR LE TRÔNE DE DIEU ET PAR CELUI QUI Y SIÈGE. Ps 10, 5 : Dieu dans son saint temple et le Seigneur dans le ciel qui est son trône. Et cela est amené par mode de comparaison.

2335. Mais, au sens mystique, selon Origène, [le Seigneur] mentionne le temple, l’or et l’autel par lesquels est signifiée la vie contemplative et glorieuse. Par l’or est signifiée [la vie] contemplative, du fait qu’est signifié un sens subtil et bien réfléchi de l’Écriture même, car autant que celui-ci paraît raisonnable, rien n’existe que dans le temple, c’est-à-dire à moins que ce ne soit confirmé par la Sainte Écriture. Par l’autel est signifié le cœur, dans lequel doit exister le feu de la dévotion. Lv 6, 12 : Le feu ne s’éteindra pas sur mon autel. Par les offrandes [sont signifiés] les services et les offrandes qui n’ont pas de valeur s’ils ne viennent d’un cœur saint ou d’un autel sacré, plus haut, 6, 22 : Si ton œil est pur, tout ton corps sera pur. Par le trône est indiquée la vie glorieuse : là se trouve Dieu qui dépasse toutes choses. Ou bien, par l’autel et le temple, nous entendons le Christ : en effet, lui-même s’appelle temple. Jn 2, 19 : Détruisez ce temple, et je le rebâtirai en trois jours. De même, il est appelé autel. He 13, 10 : Nous avons un autel, à même lequel ne peuvent se nourrir ceux qui assurent le service dans le temple. Ainsi, tout ce que nous faisons de bien, si cela n’est pas sanctifié dans ce temple, à savoir, le Christ, ne vaut rien. Cela est donc totalement méprisable si cela ne se rapporte pas au Christ.
Louis-Claude Fillion
C’est un nouveau développement du troisième principe. On jure par Dieu toutes les fois qu’on jure par la nature. Ici encore, les conclusions de Jésus sont diamétralement opposées à celles des Pharisiens. Ceux-ci disaient, en effet, comme leurs interprètes subséquents : « Si quelqu'un jure par le ciel, la terre, le soleil, etc., cela n'est pas un serment », Maimonid. Hal. Scheb. c. 12. - Ainsi se termine la quatrième malédiction, dans laquelle Notre-Seigneur renverse par une argumentation brillante, pleine de logique, les conclusions immorales et absurdes de ses adversaires en matière de serment.