Matthieu 23, 31
Ainsi, vous témoignez contre vous-mêmes : vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes.
Ainsi, vous témoignez contre vous-mêmes : vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes.
Cette malédiction, prononcée contre ceux qui bâtissaient des tombeaux aux prophètes, ne paraît pas motivée, car, en cela, ils faisaient une oeuvre louable, comment donc méritaient-ils cette malédiction?
Dans les prophéties, le sens historique et littéral c'est le corps; mais le sens spirituel est l'âme, et les lettres de la sainte Écriture, aussi bien que les livres, sont comme les sépulcres. Ceux donc qui s'arrêtent au sens historique honorent les corps des prophètes déposés dans les lettres comme dans autant de sépulcres, et on les appelle pharisiens, c'est-à-dire séparés, parce qu'ils séparent l'âme des prophètes de leur corps.
Il ne les accuse donc pas d'élever ces tombeaux, mais il condamne l'intention qui les porte à les construire, car ce n'est pas pour honorer ceux qui ont été mis à mort, mais pour chercher dans le meurtre même des prophètes un sujet d'ostentation, et, dans la crainte que, par le laps du temps, la destruc tion de ces tombeaux ne laissât tomber la mémoire d'un si grand forfait.
Ou bien ils se disaient en eux-mêmes: Si nous faisons du bien aux pauvres nous aurons peu de témoins, et ce sera l'affaire d'un instant; ne vaut il donc pas mieux élever des monu ments que tous pourront voir, non-seulement dans le temps présent, mais encore dans la suite des siècles ! Insensé, que vous servira ce souvenir après votre mort, si vous êtes tourmenté là où vous serez, et loué là où vous ne serez pas ! Or, ce reproche, que Notre-Seigneur fait aux Juifs, est en même temps une leçon pour les chrétiens, car s'il n'avait eu en vue que les Juifs dans ces paroles, il se fût contenté de les leur adresser, et ne les aurait pas fait transmettre à la postérité; elles ont donc été dites pour eux et écrites pour nous. Si donc un homme, indépen damment du bien qu'il fait d'ailleurs, élève des édifices sacrés, il augmente le nombre de ses bonnes oeuvres; mais, s'il ne peut présenter aucune autre bonne action, il n'a pour mobile de sa conduite qu'un désir de gloire toute humaine, et ce ne peut être pour les martyrs un sujet de joie de voir employer et leur honneur un argent qui coûte tant de larmes aux pauvres. Les Juifs, d'ailleurs, ont toujours professé le culte du passé et des anciens, en même temps qu'ils mépri saient et persécutaient leurs contemporains. En effet, comme les reproches des prophètes leur étaient à charge, ils les persécutaient et les mettaient à mort; puis ensuite leurs enfants recon naissaient les fautes de leurs pères, et leur élevaient des tombeaux comme témoignage de l'innocence dés prophètes et des regrets qu'ils éprouvaient de leur mort; et, en même temps, ils persécutaient eux-mêmes les prophètes, qui leur reprochaient leurs crimes, et ils devenaient leurs meurtriers: «Et vous dites, ajoute Notre-Seigneur: Si nous eussions vécu du temps de nos pères nous ne nous fussions pas joints à eux pour ré pandre le sang des prophètes.
Leurs oeuvrés étaient donc la traduction fidèle des pensées de leur coeur. Or, le Sauveur nous révèle ici le défaut habituel de tous les hommes livrés au mal: chacun d'eux voit, à la première vue, les fautes de son prochain, et ne reconnaît que très-difficilement les siennes. En effet, pour juger les fautes des autres, notre coeur est calme et tranquille; mais, s'agit-il de nos fautes person nelles, il perd ce calme et cette tranquillité, et c'est ce qui fait que nous pouvons tous être fa cilement de bons juges en ce qui concerne les autres, tandis qu'il n'y a que l'homme vraiment juste et sage qui puisse être son propre juge.
Quelle raison peut-on avoir de reprocher d'être le fils d'un homicide à celui qui ne partage pas les sentiments de son père? Aucune évidem ment. Si donc Notre-Seigneur s'exprime de la sorte, c'est pour leur faire entendre à mots cou verts qu'ils. ont hérité de la malice de leurs pères.
En effet, la conduite des parents est en général un témoignage de la conduite des enfants. Ainsi, que le père soit vertueux et la mère vicieuse, ou réciproquement, il arrivera que les enfants imiteront tantôt le père, tantôt la mère; si le père et la mère ont une conduite semblable, il peut arriver que des parents vertueux donnent le jour à des enfants vicieux, ou que des enfants vertueux sortent de parents vicieux, mais c'est l'exception; de même qu'il est aussi en dehors des lois ordinaires de la nature qu'un enfant naisse avec six doigts et sans yeux.
Le Sauveur, par un raisonnement des plus habiles, convainc les pharisiens d'être des enfants d'homicides, alors que, pour obtenir de la gloire parmi le peuple, et lui donner une haute idée de leur sainteté, ils élevaient des tombeaux aux prophètes que leurs ancêtres avaient tués: «Malheur à vous, leur dit-il,, scribes et pharisiens, hypocrites, qui bâtissez, etc».
S'ils ne le disent pas en propres termes, ils le disent assez haut par leurs oeuvres, en élevant des monuments magnifiques et fastueux à la mémoire des prophètes que Leurs pères ont massacrés.
2355. Puis [le Seigneur] présente leur cruauté : premièrement, d’une manière générale ; deuxièmement, d’une manière particulière. Et il présente la peine temporelle, en cet endroit : C’EST POURQUOI, VOICI QUE JE VOUS ENVOIE DES PROPHÈTES, DES SAGES ET DES SCRIBES [23, 34].
À propos du premier point, il décrit l’origine ; deuxièmement, [leur] imitation du mal ; troisièmement, il menace de condamnation.
2356. [Le Seigneur] dit : AINSI, VOUS TÉMOIGNEZ CONTRE VOUS-MÊMES QUE VOUS ÊTES LES FILS DE CEUX QUI ONT TUÉ LES PROPHÈTES. Mais en quoi agissaient-ils mal, puisque cela ne dépendait pas d’eux ? Il semble que [le Seigneur] n’aurait pas dû le leur imputer. Voyez : parfois le fils n’imite pas les péchés de son père, mais parfois il imite la méchanceté paternelle. S’il ne suit pas la méchanceté paternelle, elle ne lui est pas imputée. Il arrive parfois que [le fils] ait un père bon et une mère méchante, et inversement, et qu’il suive la bonté du père ou de la mère. Mais si les deux sont méchants, il est rare qu’il n’imite pas leur malice. La raison en est que les fils des méchants s’habituent au mal dès le départ, et s’ils s’habituent à quelque chose pendant leur jeunesse, ils l’embrassent plus fortement et sont donc davantage enclins au mal. De même, lorsque des parents mauvais voient leurs fils faire quelque chose de mal, ils ne les corrigent pas ; c’est pourquoi leur péché est aggravé au point que les péchés des parents retombent sur les fils. Ex 20, 5 : Je suis un Dieu jaloux qui venge les fautes des pères sur leurs fils. C’est pourquoi [le Seigneur] dit : «VOUS ÊTES LES FILS DE CEUX…, parce que vous avez leur malice.» Sg 3, 12 : Vous êtes les mauvais fils de ceux-là. Vous êtes donc des fils par l’imitation.
À propos du premier point, il décrit l’origine ; deuxièmement, [leur] imitation du mal ; troisièmement, il menace de condamnation.
2356. [Le Seigneur] dit : AINSI, VOUS TÉMOIGNEZ CONTRE VOUS-MÊMES QUE VOUS ÊTES LES FILS DE CEUX QUI ONT TUÉ LES PROPHÈTES. Mais en quoi agissaient-ils mal, puisque cela ne dépendait pas d’eux ? Il semble que [le Seigneur] n’aurait pas dû le leur imputer. Voyez : parfois le fils n’imite pas les péchés de son père, mais parfois il imite la méchanceté paternelle. S’il ne suit pas la méchanceté paternelle, elle ne lui est pas imputée. Il arrive parfois que [le fils] ait un père bon et une mère méchante, et inversement, et qu’il suive la bonté du père ou de la mère. Mais si les deux sont méchants, il est rare qu’il n’imite pas leur malice. La raison en est que les fils des méchants s’habituent au mal dès le départ, et s’ils s’habituent à quelque chose pendant leur jeunesse, ils l’embrassent plus fortement et sont donc davantage enclins au mal. De même, lorsque des parents mauvais voient leurs fils faire quelque chose de mal, ils ne les corrigent pas ; c’est pourquoi leur péché est aggravé au point que les péchés des parents retombent sur les fils. Ex 20, 5 : Je suis un Dieu jaloux qui venge les fautes des pères sur leurs fils. C’est pourquoi [le Seigneur] dit : «VOUS ÊTES LES FILS DE CEUX…, parce que vous avez leur malice.» Sg 3, 12 : Vous êtes les mauvais fils de ceux-là. Vous êtes donc des fils par l’imitation.
Conclusion foudroyante pour les Pharisiens. Nous n’aurions pas été, avaient-ils
dit, les complices de nos ancêtres pour donner la mort aux prophètes, si nous eussions été leurs
contemporains. Mais, reprend Jésus, vous avouez donc par là-même que vous êtes les fils de ces homicides
sacrilèges ? Ils rendent ainsi, non seulement contre leurs pères, mais encore contre eux-mêmes un
témoignage d’autant plus frappant qu’il est tout à fait spontané. - Vous êtes les fils de ceux qui ont tué :
descendants des impies qui ont massacré les prophètes, ils en ont les mœurs, les instincts sanguinaires, selon
l’axiome populaire qui se vérifie complètement en eux : Tel père, tel fils. Cette insinuation était
manifestement dans la pensée de Notre-Seigneur, comme on le voit dans le verset suivant.