Matthieu 23, 39
En effet, je vous le déclare : vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
En effet, je vous le déclare : vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
Le Sauveur appelle les Juifs enfants de Jérusalem dans le sens que nous appelons les enfants des citoyens ceux qui leur succèdent. Il dit: «Combien de fois ai-je voulu»,lorsqu'il est certain cependant qu'il n'a enseigné qu'une seule fois les Juifs dans la vérité de sa chair, parce que le Christ a toujours été présent, et dans Moïse, et dans les prophètes et dans les anges que Dieu envoyait pour sauver les hommes dans toutes les générations.
Notre-Seigneur Jésus-Christ fait toujours les mêmes menaces à ceux qui n'ont pas voulu se laisser rassembler sous ses ailes: «Voici que votre maison demeurera dé serte»,c'est-à-dire votre âme et votre corps. Et si quelqu'un de vous refuse de se réunir sous les ailes de Jésus-Christ, du moment où il se refusera à cette réunion (par l'acte de sa volonté plutôt que par un acte extérieur), il cessera de voir la beauté du Verbe jusqu'à ce qu'il se re pente de son obstination et qu'il dise: «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur». C'est, en effet, lorsqu'un homme se convertit à Dieu, que le Verbe béni de Dieu descend dans son coeur: «Car je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur».
Le Sauveur s'adresse ensuite à la ville de Jérusalem elle-même pour l'instruction de ceux qui l'écoutent: «Jérusalem, Jérusalem»,répétition qui exprime toute sa compassion et son amour.
Il prévoit la destruction de cette ville, et les maux que les Romains doivent lui faire endurer, et il se rappelle en même temps le sang des saints qu'elle avait répandu, et qu'elle devait répandre encore, et c'est pour cela qu'il ajoute: «Toi qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés». Tu as scié en deux le prophète Isaïe que je t'avais envoyé, tu as lapidé mon serviteur Jérémie, tu as répandu la cervelle d'Ezéchiel en le traînant sur les pierres. Comment pourras-tu jamais être sauvée, toi qui ne permets à aucun médecin d'arriver jusqu'à toi ?» Et il ne lui dit pas: Toi qui as tué, ou qui as lapidé, mais «qui tues et qui lapides», c'est-à-dire il est comme dans ta nature de tuer et de lapider les saints; et en effet, elle a traité les Apôtres comme elle avait autrefois traité les prophètes.
Après s'être ainsi adressé à cette ville homicide, et lui avoir dévoilé toute l'horreur des meurtres qu'elle avait commis, le Sauveur ajoute comme pour s'excuser: «Combien de fois ai-je voulu réunir tes enfants !» Comme s'il disait: Non-seulement tu n'as pu par tant de meurtres éteindre l'amour que j'ai pour toi, mais j'ai voulu t'unir intimement à moi, non pas une fois ou deux, mais dans une multitude de cir constances; et pour lui exprimer la grandeur de sa tendresse, il ne dédaigne pas de se comparer à une poule.
Il leur prédit ensuite le châtiment qu'ils avaient toujours redouté, la des truction du temple et de la ville: «Le temps s'approche où votre demeure sera déserte».
De même que le corps, après sa séparation d'avec l'âme, commence par se refroidir, puis tombe en pourriture et en dissolution; ainsi notre temple intérieur, lorsque le Saint-Esprit s'en sera retiré, se remplira de troubles, de rébellion jusqu'à son entière des truction.
Ou bien dans un autre sens, il annonce ici en termes couverts son second avènement; alors que tous les Juifs, sans exception, l'adoreront comme leur Dieu; quant à l'expression «désormais», elle se rapporte au temps de sa mort sur la croix.
Sous le nom de Jérusalem, ce n'est pas aux pierres ni aux édifices de cette ville qu'il s'adresse, mais à ses habitants sur lesquels il pleure avec toute l'affection d'un père pour ses enfants.
C'est-à-dire vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vous ayez fait pénitence et reconnu hautement que je suis celui que les prophètes ont annoncé, le Fils du Père tout-puissant, Les Juifs ont donc un temps marqué pour le repentir; qu'ils confessent que celui qui vient au nom du Seigneur est béni, et ils seront admis à contempler le visage du Christ.
Cet animal a une tendresse excessive pour ses petits, elle s'affecte de leurs infirmités jusqu'à en devenir malade elle-même, et ce que vous trouverez difficilement dans les autres oiseaux, elle couvre ses petits de ses ailes, et les défend contre le milan. C'est ainsi que notre mère, la sagesse de Dieu, devenue infirme en quelque sorte par son union avec notre chair, selon cette parole de l'Apôtre: «Ce qui paraît en Dieu une faiblesse est plus fort que les hommes», protège notre infirmité, et résiste aux attaques du démon qui voudrait nous enlever.
Où est donc cette puissance par laquelle il fait tout ce qu'il veut sur la terre et dans le ciel, s'il est vrai qu'il ait voulu rassembler les enfants de Jérusalem, et qu'il n'ait pu le faire? N'est-ce pas plutôt Jérusalem qui ne voulut pas lui laisser rassembler ses enfants, et cependant malgré son opposition, n'a-t-il pas rassemblé réellement tous ceux qu'il a voulu ?
Que les hérétiques cessent donc de ne faire remonter l'origine du Christ qu'à sa naissance du sein de la vierge, qu'ils cessent de prêcher un autre Dieu de la loi et des prophètes.
2371. Il dit donc qu’il partira selon le mode d’habitation. C’est pourquoi VOUS NE ME VERREZ PLUS, ni corporellement, à savoir, après la passion, ni spirituellement. Mais est-ce qu’il est vrai qu’aucun Juif ne l’a vu après la passion, puisque beaucoup se sont convertis à lui ? Il dit donc : JUSQU’À CE QUE VOUS DISIEZ : «BÉNI SOIT CELUI QUI VIENT AU NOM DU SEIGNEUR !», car lorsque vous [le] confesserez, vous [le] verrez par la foi. Ou bien [autre interprétation], il indique de manière cachée le second avènement : ils le voyaient dans son corps, mais ils n’allaient pas avoir cette vision jusqu’au second avènement, lors duquel «vous pourrez dire et reconnaîtrez que je suis [CELUI QUI EST] BÉNI, [QUI] VIENT AU NOM DU SEIGNEUR».
Notre-Seigneur, expliquant le verset qui
précède, fait voir la manière dont se réalisera la menace qu’il contient. - Vous ne me verrez plus. Dans
quelques jours, il sera séparé d’eux par la mort et, à partir de ce moment, ils cesseront de le contempler
jusqu’à l’époque de la résurrection générale et de son second avènement. Car ce sont ces grands événements
de la fin du monde qui sont désignés par les mots : Jusqu'à ce que vous disiez : Béni. - Naguère, des amis
nombreux poussaient en son honneur cette glorieuse acclamation pour lui souhaiter la bienvenue dans les
murs de Jérusalem comme au Messie promis, Cf. 21, 9. Quand il reviendra en qualité de Juge suprême, la
nation juive convertie en masse, Cf. Rom. chap. 11, le saluera joyeusement par ces mêmes paroles. La fin du
grave réquisitoire dont nous achevons l’explication ouvre donc un horizon consolant auquel on n’aurait pas
osé s’attendre. « Les Juifs ont donc un temps marqué pour le repentir; qu'ils confessent que celui qui vient au
nom du Seigneur est béni, et ils seront admis à contempler le visage du Christ », S. Jérôme in h. l. On aime à
voir se terminer par un rayon d’espoir le dernier discours de Notre-Seigneur Jésus-Christ à la foule des Juifs.
- Quelques commentateurs ont singulièrement rapetissé la pensée du Sauveur en lui faisant dire qu’il ne se
montrerait pas à la foule pendant les deux jours suivants, c’est-à-dire jusqu’à la fête de Pâque, à l’occasion
de laquelle, nous assure-t-on sans la moindre preuve, les Juifs se saluaient par les mots « Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur ». Le P. Patrizzi, Lib. 1. de Evang. Quæst. 4, §1, n’est guère plus heureux lorsqu’il
accuse S. Matthieu d’avoir troublé en cet endroit l’ordre chronologique : d’après lui, le chap. 23 raconterait
un fait antérieur à ceux qui sont contenus dans le chap. 21, de sorte que, par la prophétie du v. 39, Jésus
annoncerait simplement son entrée triomphale à Jérusalem !
Jusqu’à ce que, etc. ; c’est-à-dire jusqu’à ce que vous me reconnaissiez pour le Messie, à la fin des temps, et que, dans mon avènement pour juger le monde, vous me saluiez par des acclamations comme votre Dieu et votre Seigneur.
La venue du Messie glorieux est suspendue à tout moment de l’histoire (cf. Rm 11, 31) à sa reconnaissance par " tout Israël " (Rm 11, 26 ; Mt 23, 39) dont " une partie s’est endurcie " (Rm 11, 25) dans " l’incrédulité " (Rm 11, 20) envers Jésus. S. Pierre le dit aux juifs de Jérusalem après la Pentecôte : " Repentez-vous et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés et qu’ainsi le Seigneur fasse venir le temps de répit. Il enverra alors le Christ qui vous est destiné, Jésus, celui que le Ciel doit garder jusqu’au temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé dans la bouche de ses saints prophètes " (Ac 3, 19-21). Et S. Paul lui fait écho : " Si leur mise à l’écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur assomption, sinon la vie sortant des morts ? " (Rm 11, 15). L’entrée de " la plénitude des juifs " (Rm 11, 12) dans le salut messianique, à la suite de " la plénitude des païens " (Rm 11, 25 ; cf. Lc 21, 24), donnera au Peuple de Dieu de " réaliser la plénitude du Christ " (Ep 4, 13) dans laquelle " Dieu sera tout en tous " (1 Co 15, 28).