Matthieu 23, 8

Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.

Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Saint Thomas d'Aquin
2307. POUR VOUS, NE VOUS FAITES PAS APPELER «RABBI». Dans cette section, [le Seigneur] repousse l’imitation de la gloire ; en second lieu, il invite à l’humilité, en cet endroit : LE PLUS GRAND PARMI VOUS SERA VOTRE SERVITEUR [23, 11]. Il faut remarquer que celui qui a préséance doit instruire et gouverner : la première fonction est celle du maître, la seconde, celle des pères. C’est pourquoi [le Seigneur] interdit la vaine gloire pour les deux. Le second point [se trouve] en cet endroit : N’APPELEZ PERSONNE «PÈRE» SUR LA TERRE [23, 9].

À propos du premier point, il présente un enseignement ; deuxièmement, il en donne la raison.

2308. Il dit donc : POUR VOUS, NE VOUS FAITES PAS APPELER «RABBI». S’oppose à cela ce [qui est dit] en 1 Tm 5, 17 : Que les anciens qui assurent bien la direction reçoivent un double honneur, surtout ceux qui œuvrent à la parole et à l’enseignement. On peut dire que NE VOUS FAITES PAS veut dire : «Ne sollicitez pas.» Et il en donne plus loin la raison : CAR VOUS N’AVEZ QU’UN MAÎTRE, etc., à savoir, Dieu. Ps 84[85], 9 : J’écouterai ce que le Seigneur Dieu dira en moi. Mais que veut-il dire ? Il faut dire qu’on appelle «maître» à proprement parler celui qui tient de lui-même l’enseignement, et non pas celui qui dispense aux autres [l’enseignement] transmis par un autre. Il n’existe ainsi qu’un seul maître, à savoir, Dieu, qui possède à proprement parler l’enseignement. Mais nombreux sont les maîtres à titre ministériel. Si tu cherches l’autorité, tu recherches ce qui relève de Dieu ; mais si tu cherches un ministère, tu cherches ce qui relève de l’humilité. C’est pourquoi il est dit plus loin : LE PLUS GRAND PARMI VOUS SERA VOTRE SERVITEUR [23, 11], c’est-à-dire qu’il se considérera comme un serviteur. Chrysostome dit que, de même qu’il n’existe qu’un seul Dieu par nature, et plusieurs par participation, de même il n’existe qu’un seul maître par nature, mais plusieurs à titre ministériel.

2309. Mais comment un homme peut-il savoir qu’il ne tient pas de lui-même l’enseignement ? Cela est clair, car il dépendrait alors de sa volonté de dispenser l’enseignement à qui il voudrait ; mais il ne le peut pas, bien plus, cela relève de Dieu seul, qui illumine le cœur de l’intérieur. Il existe de cela un exemple manifeste pour la santé : le médecin guérit en administrant certaines choses extérieures ; mais c’est la nature qui guérit à titre principal, alors que le médecin apporte une certaine aide, et le médecin guérit comme la nature, c’est-à-dire en revenant à un équilibre. De même en est-il de la science, car [son] principe nous vient de la nature, à savoir, l’intelligence ; celui qui enseigne propose certaines aides par l’enseignement, comme le médecin pour la santé, mais seul Dieu agit à l’intérieur de l’intelligence. VOUS N’AVEZ DONC QU’UN SEUL MAÎTRE, de sorte que vous ne devez pas être appelés «maître».
Louis-Claude Fillion
Depuis cet endroit jusqu’au v. 12 inclusivement, le Sauveur tire pour ses disciples la morale des reproches qu’il vient d’adresser aux Pharisiens. Bien loin d’imiter l’orgueil des Docteurs juifs, ils doivent au contraire aimer et pratiquer dans toute son étendue l’humilité chrétienne. - Mais vous est emphatique : vous, mes disciples, par opposition aux Scribes et aux Pharisiens. - Ne vous faites pas appeler Rabbi. Les livres juifs racontent que le titre de Rabbi n’est pas antérieur à l’époque d’Hérode-le-Grand, et qu’auparavant les hommes les plus illustres d’Israël étaient tout simplement appelés par leur nom, ce qui, ajoutent-ils, était encore plus honorable. « Au cours des siècles précédents, ceux qui étaient les plus dignes n'avaient pas besoin d'avoir un titre, Rabbi, Rabban, ou Rab ; car Hillel était originaire de Babylone, et à son nom n'a pas été ajouté le titre de Rabbin ; et pourtant il était bien de ceux qui étaient nobles parmi les prophètes », Aruch, l. c. Et ces livres avaient raison ; mais on ne les écoutait guère. Jésus tient le même langage à ses disciples : il ne veut pas que les chrétiens courent après les honneurs et les distinctions, qu’ils recherchent avidement les titres, comme le faisaient les Pharisiens. Mais il est bien évident d’autre part qu’il ne proscrit pas les titres d’une manière absolue dans son Église. Le respect mutuel et l’existence d’une hiérarchie exigent l’emploi de certaines expressions honorifiques : vouloir les supprimer à la façon des démagogues et des Puritains, en s’appuyant sur les vv. 8-10 ce serait forcer le sens des paroles de Jésus et tomber dans un autre genre de Pharisaïsme. - Notre-Seigneur indique ensuite le motif de sa recommandation : vous n'avez qu'un seul maître... Pour les chrétiens, il n’y a qu’un seul chef proprement dit, qui est le Christ, ainsi que l’ajoute le « textus receptus » à la suite de plusieurs manuscrits. Lui seul mérite donc véritablement le nom de Rabbi. - Et vous êtes tous frères. Si les disciples de Jésus sont frères, ils sont égaux par conséquent ; pourquoi donc ambitionneraient-ils des titres qui sembleraient protester contre cette égalité fraternelle ? Il y a pourtant bien loin entre cette fraternité chrétienne et la fraternité révolutionnaire qui prétend niveler toutes les situations sociales.
Pape Saint Jean-Paul II
Je voudrais proposer maintenant une « relecture » de l'encyclique de Léon XIII, et inviter à porter un regard « rétrospectif » sur son texte lui-même afin de redécouvrir la richesse des principes fondamentaux qui y sont formulés pour la solution de la question ouvrière. Mais j'invite aussi à porter un regard « actuel » sur les « choses nouvelles » qui nous entourent et dans lesquelles nous nous trouvons immergés, pour ainsi dire, bien différentes des « choses nouvelles » qui caractérisaient l'ultime décennie du siècle dernier. J'invite enfin à porter le regard « vers l'avenir », alors qu'on entrevoit déjà le troisième millénaire de l'ère chrétienne, lourd d'inconnu mais aussi de promesses. Inconnu et promesses qui font appel à notre imagination et à notre créativité, qui nous stimulent aussi, en tant que disciples du Christ, le « Maître unique » (cf. Mt 23, 8), dans notre responsabilité de montrer la voie, de proclamer la vérité et de communiquer la vie qu'il est lui-même (cf. Jn 14, 6).
Pape Francois
L’amour nous met enfin en tension vers la communion universelle. Personne ne mûrit ni n’atteint sa plénitude en s’isolant. De par sa propre dynamique, l’amour exige une ouverture croissante, une plus grande capacité à accueillir les autres, dans une aventure sans fin qui oriente toutes les périphéries vers un sens réel d’appartenance mutuelle. Jésus nous disait : « Tous vous êtes des frères » (Mt 23, 8).