Matthieu 24, 14
Et cet Évangile du Royaume sera proclamé dans le monde entier ; il y aura là un témoignage pour toutes les nations. Alors viendra la fin.
Et cet Évangile du Royaume sera proclamé dans le monde entier ; il y aura là un témoignage pour toutes les nations. Alors viendra la fin.
Mais comment les chrétiens ont-ils été l'objet de la haine même des peuples qui habitent les extrémités de la terre? On peut répondre que le mot «tous», est mis ici par amplification pour «plusieurs». Ces autres paroles: «Alors ils vous livreront», offrent une nouvelle difficulté; car avant l'accomplissement de ces prédictions, les chrétiens ont eu à souffrir bien des tribulations. Nous répondons que les chrétiens seront alors livrés à des tribulations comme jamais ils n'en ont enduré. En effet, ceux qui sont dans le malheur aiment à en rechercher les causes, et à en trou ver une raison qu'ils puissent mettre en avant pour se justifier. Il était donc naturel aux idolâ tres de dire que ces guerres, ces famines, ces pestes étaient l'effet de la désertion du culte des dieux par cette multitude d'hommes qui se faisaient chrétiens, que les chrétiens étaient même cause des tremblements de terre, et c'est pour cela que l'Église fut en butte aux persécutions.
Lors donc que toutes les nations auront entendu la prédication de l'Évangile, alors arrivera la fin du monde: «Et alors, dit le Sauveur, la fin arrive ra»,car il est encore aujourd'hui, non-seulement des nations barbares, mais des peuples habi tant nos contrées, qui n'ont pas entendu prêcher les vérités chrétiennes.
Dans le sens moral, celui qui doit recevoir dans son âme ce glorieux avènement qu'y produit la parole de Dieu, doit s'attendre que les puissances ennemies lui dresseront des embû ches selon l'étendue de ses progrès, et se préparer comme un vigoureux athlète. Jésus-Christ, qui demeure en lui, sera un objet de haine pour tous, et moins encore pour les nations de la terre que pour les esprits de malice répandus dans les airs. Dans les discussions, il y en aura très-peu qui parviendront à la plénitude de la vérité; le plus grand nombre se scandalisera; on verra se séparer de la vérité, et ceux qui la trahiront, et ceux qui s'accuseront les uns les autres parce qu'ils seront divisés sur le point de la vraie doctrine, et que, par là même, ils se haïront mutuellement. Il s'en trouvera beaucoup encore qui n'expliqueront pas les choses futures et n'interpréteront pas les prophètes d'une manière conforme aux principes de la foi; ce sont ceux qu'il appelle des prophètes qui en séduiront un grand nombre et refroidiront la charité, qui était auparavant le fruit de la simplicité de la foi. Mais celui qui aura eu le courage de per sévérer dans la doctrine de la tradition apostolique sera sauvé; et c'est ainsi que l'Évangile, répandu dans toutes les âmes, sera en témoignage à toutes les nations, c'est-à-dire à toutes les pensées pleines d'incrédulité.
Tel fut Nicolas, l'un des sept diacres, qui en pervertit beaucoup par une apparence hypocrite de vérité, et Simon le magicien, qui, versé dans les opérations diaboliques, corrompit un grand nombre de chrétiens par ses faux miracles.
Il prévient ensuite cette objection de ses disciples: «Comment donc pourrons-nous vivre au milieu de tant de maux ?»Et il leur promet bien davantage, non-seulement ils vivront, mais ils enseigneront partout l'univers: «Et cet Évangile du royaume sera prêché par toute la terre».
Voulez-vous être certains que l'Évangile a été annoncé en tous lieux avant la ruine de Jérusalem? écoutez saint Paul proclamer: «Leur voix a retenti par toute la terre» ( Rm 10,18 ); et voyez-le voler lui-même de Jérusalem en Espagne ( Rm 15,24 ). Or, si un seul apôtre a pris pour son partage une si grande partie de la terre, jugez de ce qu'ont dû faire tous les autres. Aussi, le même Apôtre, écrivant aux Colossiens les progrès de l'Évangile, leur dit: «Qui croît et fructifie dans toute créature qui est sous le ciel» ( Col 1,6 Col 1,23 ). C'est là une des plus grandes preuves de la puissance de Jésus-Christ, qu'en trente ans environ l'Évangile ait rempli toutes les parties du monde habitable. Mais, quoique l'Évangile ait été prêché en tous lieux, tous cependant n'y ont pas cru; c'est pour cela que le Sauveur ajoute: «Pour servir de témoignage à toutes les nations», c'est-à-dire pour être comme une accusa tion contre ceux qui n'auront pas voulu croire; car ceux qui auront embrassé la foi déposeront contre ceux qui l'auront rejetée et les condamneront. C'est avec justice que la ruine de Jérusa lem est arrivée après que l'Évangile eût été prêché par toute la terre: «Et alors la fin arrive ra», c'est-à-dire la destruction de Jérusalem. En effet, après avoir vu la puissance de Jésus-Christ briller partout d'un si vif éclat, et parcourir tout l'univers en si peu de temps, quelle ex cuse pouvaient-ils apporter pour persévérer dans leur ingratitude ?
Ou bien dans un autre sens, les disciples, en entendant les prédictions qui avaient pour objet la ruine de Jérusalem, se croyaient en dehors de ces calamités, qu'ils regardaient comme un châtiment qui leur était étranger, et ils espéraient et désiraient vivement pour eux dans l'avenir un sort plus prospère, or le Sauveur leur annonce de graves épreuves pour leur inspirer une certaine solli citude. Il les avait prémunis plus haut contre les artifices des séducteurs, il leur prédit mainte nant la violence des tyrans: «Alors ils vous livreront pour être. tourmentés, et ils vous feront mourir». Il entremêle les maux qui leur sont propres au récit des malheurs communs à tous les hommes, pour adoucir ces maux par ce rapprochement, et il ajoute à ce motif de consolation, en leur découvrant la cause de ces tribulations, c'est qu'ils souffriront à cause de son nom: «Et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom».
A ce double combat, que leur livreront et les séducteurs et leurs ennemis, il en ajoute un troisième, c'est celui qu'ils auront à soutenir contre les faux frères. «Et alors plusieurs seront scandalisés», etc. Ecoutez l'Apôtre gémissant sur cet état de lutte continuelle: «Nous avons souffert des combats au dehors, des frayeurs au dedans». ( 2Co 7,5 ). Et ailleurs: «Nous avons été en péril parmi les faux frères», ( 2Co 11,26 ) et c'est d'eux qu'il dit dans le même endroit: «Tels sont les faux apôtres, ouvriers trompeurs», et c'est d'eux aussi que Notre-Seigneur parle en ces termes: «Et il s'élèvera un grand nombre de faux prophètes», etc. Quelque temps avant la ruine de Jérusalem, on vit paraître plusieurs faux prophètes, qui se disaient chrétiens, et qui en séduisi rent un grand nombre; ce sont ceux que saint Paul appelle de faux frères et saint Jean des antéchrist ( 1Jn 2,18 )
Et ce qui rendra cette épreuve plus pénible encore, c'est qu'ils n'auront point les consolations de la charité. «Et parce que l'iniquité sera venue à son comble, la charité de plusieurs se refroidira».
Remarquons que le Sauveur ne dit pas que la foi ou la charité seront éteintes dans tous les coeurs, mais dans le coeur d'un grand nombre, car la charité devait persévérer dans les Apôtres et dans leurs sem blables, selon cette parole de saint Paul: «Qui nous séparera de la charité de Jésus-Christ».Et c'est pour cela que Notre-Seigneur ajoute: «Celui qui persévéra jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé».
Le signe de l'avènement du Sauveur sera la prédication de l'Évangile dans tout l'univers, de manière que personne ne puisse apporter d'excuse. Quant à ces paroles: «Vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom», on peut les expliquer en disant que, dès maintenant, toutes les nations se sont réunies contre les chrétiens; mais lorsque les prédictions du Sauveur s'accompliront, les persécutions, de partielles qu'elles étaient, deviendront générales et s'étendront partout à tout le peuple de Dieu.
Il en est qui pensent que cette prédiction: «L'Évangile du royaume sera prêché dans tout l'univers», a été accomplie par les Apôtres eux-mêmes; mais cette assertion ne repose pas sur des documents assez certains, car il est encore dans l'Afrique un grand nombre de peuplades barbares, parmi lesquelles, au rapport des captifs qui viennent de ces contrées, l'Évangile n'a pas encore été prêché. Cependant, on ne peut dire en aucune manière que la promesse de Dieu leur est étrangère, car ce ne sont pas seulement les Romains, mais toutes les nations, que Dieu a promises par serment à celui qui devait naître d'Abraham ( Gn 12,3 Gn 18,18 Gn 22,18 Gn 26,4 Gn 28,14 ). Il faut donc que l'Église s'établisse dans toutes les nations où elle n'existe pas encore, non pas dans ce sens que tous ceux qui les composent embrasseront la foi, car alors comment s'accompliraient ces autres paroles: «Vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom», s'il ne se trouvait parmi les nations des hommes pour haïr, et d'autres pour être l'objet de cette haine? Les apôtres n'ont donc point prêché l'Évangile par toute la terre, puisqu'il est encore des nations où il n'a pas encore péné tré. Quant à ces paroles citées par l'Apôtre: «Le son de leur voix a retenti par toute la terre»,bien qu'elles paraissent se rapporter au passé, elles ont cependant l'avenir pour objet dans la pensée de saint Paul, comme dans celle du roi prophète. Le même Apôtre dit ailleurs que l'Évangile croit et fructifie dans tout l'univers, pour nous montrer jusqu'où il devait s'étendre dans ses développements. Si donc nous ignorons à quel temps l'Évangile doit remplir le monde entier, nous ne savons pas davantage quand doit arriver la fin du monde, car elle n'arrivera certainement pas auparavant.
Le Seigneur savait que ses disciples seraient attristés de la destruction de Jérusalem et de la ruine de leur nation; il les console donc en leur appre nant que le nombre de ceux qui embrasseraient la foi parmi les nations serait beaucoup plus grand que celui des Juifs qui périraient.
C'est-à-dire l'amour véritable de Dieu et du prochain; car, plus un homme se livre à l'iniquité, plus aussi le feu de la charité s'éteint dans son coeur.
Jusqu'à la fin, c'est-à-dire jusqu'à la fin de sa vie, car celui qui aura persé véré jusqu'à la fin de sa vie dans la charité, et dans la confession du nom de Jésus-Christ, ce lui-là sera sauvé.
On peut aussi rapporter tout ce passage à la fin du monde: «Car alors plusieurs trouveront des occasions de scandale» et abandonneront la foi, en voyant le grand nombre des méchants, leur prospérité et les miracles de l'antéchrist; «et ils persécute ront leurs frères»; et l'antéchrist enverra «de faux prophètes qui en séduiront un grand nom bre; et l'iniquité sera à son comble», parce que le nombre des méchants s'augmentera, «et la charité se refroidira» parce que le nombre des bons diminuera.
Le Seigneur découvre ici la justice de ce déluge de maux qui viendront fondre sur Jérusalem et sur toute la Judée : « Alors ils vous livreront», etc.
La Glose
On peut admettre toutefois l'une et l'autre de ces deux explications, pourvu que l'on entende cette diffusion de l'Évangile dans deux sens différents. Si, par exemple, on l'entend du fruit de la prédication, qui est d'établir dans toutes les nations l'Église composée de ceux qui croient en Jésus-Christ, comme l'explique saint Augustin, c'est un signe qui doit précéder la fin du monde, mais qui n'a point précédé la ruine de Jérusalem. Mais si on ne l'entend que de la re nommée de l'Évangile, cette prédiction s'est accomplie avant la ruine de Jérusalem, car les disciples de Jésus-Christ étaient alors répandus dans les quatre parties du monde, ce qui a fait dire à saint Jérôme «Je ne pense pas qu'il soit resté une seule nation qui ne connaisse point le nom de Jésus-Christ», et, quand même elle n'aurait pas entendu les prédicateurs de l'Évangile, elle a dû recevoir nécessairement une idée de la foi chrétienne.
2394. CETTE BONNE NOUVELLE DU ROYAUME SERA PROCLAMÉE DANS LE MONDE ENTIER. Plus haut, le Seigneur a prédit les obstacles dans l’Église à venir ; maintenant, il prédit les réussites, car les apôtres, qui étaient issus des Juifs, rivalisaient avec ceux de leur chair. Rm 9, 2 : C’est pour moi une grande tristesse et une douleur continuelle pour mon cœur. Pour les consoler, car un beaucoup plus grand nombre devait être amené à la foi, [le Seigneur] dit donc : CETTE BONNE NOUVELLE DU ROYAUME SERA PROCLAMÉE DANS LE MONDE ENTIER. En effet, lui-même, au début de sa prédication, a dit : Faites pénitence : le royaume des cieux est proche ! Car cela SERA PRÊCHÉ DANS LE MONDE ENTIER. Car la loi nouvelle n’a pas été réservée à un seul peuple, comme la loi ancienne. Mc 16, 15 : Prêchez l’évangile à toute créature.
2395. Chrysostome dit que cela s’est réalisé avant la destruction de la ville de Jérusalem, et il démontre cela par l’Apôtre qui dit, en Rm 10, 18 : Leur voix s’est fait entendre dans le monde entier. L’enseignement évangélique semblait donc s’être répandu dans le monde entier. [Il le démontre] aussi par une autre autorité qui se trouve en Col 1, 6 : La prédication de l’évangile porte fruit. Et cela n’est pas étonnant, car un seul apôtre, Paul, s’est tellement répandu qu’il a atteint Rome et l’Espagne. Ainsi s’est accompli ce qu’on lit en Is 57, 9 : Tu as envoyé tes émissaires au loin. Chrysostome dit donc qu’en cela doit être admirée la puissance du Christ, qu’en l’espace de quarante ans, son enseignement s’est tellement répandu qu’il a rempli le monde entier. C’est donc à juste tire qu’il dit : CETTE BONNE NOUVELLE DU ROYAUME SERA PROCLAMÉE DANS LE MONDE ENTIER.
2396. Mais est-ce que tous croiront ? Non, mais certains, oui, certains, non. Le fait que certains croiront sera un témoignage contre ceux qui ne croiront pas, comme le dit Jérôme. EN TÉMOIGNAGE DEVANT TOUTES LES NATIONS. Rm 1, 5 : Nous avons reçu la grâce et l’apostolat en vue de l’obéissance de la foi chez toutes les nations, de sorte qu’elles soient inexcusables.
2397. ET ALORS, c’est-à-dire lorsque toutes les nations croiront, VIENDRA LA FIN, c’est-à-dire la destruction de Jérusalem. On peut interpréter de cette manière ce qui est dit en Ez 7, 3 : La fin est imminente pour toi, et je laisserai s’abattre ma fureur contre toi. En effet, [le Seigneur] a accompli des signes, a diffusé l’évangile, mais ils n’ont pas voulu croire. Il leur arrive donc ce qui est dit en Ml 1, 10 : Je ne recevrai pas d’offrande de vos mains. Augustin ne veut pas que cela soit mis en rapport avec la fin de Jérusalem, mais avec celle du monde. Il dit donc : «[LA BONNE NOUVELLE] SERA PRÊCHÉE, à savoir, avant la fin du monde, EN TÉMOIGNAGE DEVANT TOUTES LES NATIONS, parce que toutes ne croiront pas ; ET ALORS VIENDRA LA FIN, c’est-à-dire la fin du monde.» Et cela est un signe, à savoir que, jusqu’à ce que la prédication de l’évangile soit diffusée dans le monde entier, la fin ne viendra pas.
2398. Mais, comme le dit Augustin, [la prédication de l’évangile] n’avait pas encore atteint certains barbares d’Afrique. Et il répond à cela que leur voix s’est fait entendre dans le monde entier, Ps 18[19], 5 (il emploie ici le passé pour le futur). Et, à propos de ce qui est écrit en Col 1, 6, il dit que [la prédication de l’évangile] n’a pas encore porté tous ses fruits, mais qu’elle a commencé à le faire. On peut ainsi faire une distinction, selon que la diffusion de l’évangile peut être comprise de deux façons : selon ce qu’on en dit seulement, et ainsi elle a été achevée avant la destruction de la ville, car, bien que certains ne l’aient pas accueillie, il n’existait aucune nation qui n’en ait entendu parler ; mais si l’on entend la diffusion de manière à y inclure le résultat, alors ce que dit Augustin est vrai, qu’elle n’avait pas atteint toutes les nations.
2395. Chrysostome dit que cela s’est réalisé avant la destruction de la ville de Jérusalem, et il démontre cela par l’Apôtre qui dit, en Rm 10, 18 : Leur voix s’est fait entendre dans le monde entier. L’enseignement évangélique semblait donc s’être répandu dans le monde entier. [Il le démontre] aussi par une autre autorité qui se trouve en Col 1, 6 : La prédication de l’évangile porte fruit. Et cela n’est pas étonnant, car un seul apôtre, Paul, s’est tellement répandu qu’il a atteint Rome et l’Espagne. Ainsi s’est accompli ce qu’on lit en Is 57, 9 : Tu as envoyé tes émissaires au loin. Chrysostome dit donc qu’en cela doit être admirée la puissance du Christ, qu’en l’espace de quarante ans, son enseignement s’est tellement répandu qu’il a rempli le monde entier. C’est donc à juste tire qu’il dit : CETTE BONNE NOUVELLE DU ROYAUME SERA PROCLAMÉE DANS LE MONDE ENTIER.
2396. Mais est-ce que tous croiront ? Non, mais certains, oui, certains, non. Le fait que certains croiront sera un témoignage contre ceux qui ne croiront pas, comme le dit Jérôme. EN TÉMOIGNAGE DEVANT TOUTES LES NATIONS. Rm 1, 5 : Nous avons reçu la grâce et l’apostolat en vue de l’obéissance de la foi chez toutes les nations, de sorte qu’elles soient inexcusables.
2397. ET ALORS, c’est-à-dire lorsque toutes les nations croiront, VIENDRA LA FIN, c’est-à-dire la destruction de Jérusalem. On peut interpréter de cette manière ce qui est dit en Ez 7, 3 : La fin est imminente pour toi, et je laisserai s’abattre ma fureur contre toi. En effet, [le Seigneur] a accompli des signes, a diffusé l’évangile, mais ils n’ont pas voulu croire. Il leur arrive donc ce qui est dit en Ml 1, 10 : Je ne recevrai pas d’offrande de vos mains. Augustin ne veut pas que cela soit mis en rapport avec la fin de Jérusalem, mais avec celle du monde. Il dit donc : «[LA BONNE NOUVELLE] SERA PRÊCHÉE, à savoir, avant la fin du monde, EN TÉMOIGNAGE DEVANT TOUTES LES NATIONS, parce que toutes ne croiront pas ; ET ALORS VIENDRA LA FIN, c’est-à-dire la fin du monde.» Et cela est un signe, à savoir que, jusqu’à ce que la prédication de l’évangile soit diffusée dans le monde entier, la fin ne viendra pas.
2398. Mais, comme le dit Augustin, [la prédication de l’évangile] n’avait pas encore atteint certains barbares d’Afrique. Et il répond à cela que leur voix s’est fait entendre dans le monde entier, Ps 18[19], 5 (il emploie ici le passé pour le futur). Et, à propos de ce qui est écrit en Col 1, 6, il dit que [la prédication de l’évangile] n’a pas encore porté tous ses fruits, mais qu’elle a commencé à le faire. On peut ainsi faire une distinction, selon que la diffusion de l’évangile peut être comprise de deux façons : selon ce qu’on en dit seulement, et ainsi elle a été achevée avant la destruction de la ville, car, bien que certains ne l’aient pas accueillie, il n’existait aucune nation qui n’en ait entendu parler ; mais si l’on entend la diffusion de manière à y inclure le résultat, alors ce que dit Augustin est vrai, qu’elle n’avait pas atteint toutes les nations.
Jésus signale un dernier événement,
événement plein d’importance et de consolation, qui devra se passer avant la fin de Jérusalem comme avant
la fin des temps. - Cet Évangile. « L’évangéliste s’oublie en cet endroit, dit sottement de Wette, Kurzgef.
exeget. Handbuch zum N. Test. t. 1, 1ère partie, in h. l., car il suppose que Jésus fait allusion à l’Évangile
écrit plus tard par lui ». Comme si le pronom « cet » ne désignait pas l’Évangile oral prêché par le Sauveur
lui-même ! - L’épithète du royaume précise la nature de la bonne nouvelle ; c’est celle du royaume par
excellence, du royaume que le Christ a fondé. - Dans le monde entier. Dût-on voir avec S. Jean Chrysostôme
une hyperbole dans cette expression, il est certain qu’elle ne s’applique pas seulement à la Palestine : elle
s’étend pour le moins au monde romain, probablement même à l’univers entier, puisqu’il est question, une
ligne plus bas, de « toutes les nations ». Le mieux est de dire que l’Évangile devait être proclamé dans tout
l’empire romain avant la destruction de la nation juive, et sur toute la terre avant la fin du monde. Le premier
s’est parfaitement accompli. « Cet Évangile du royaume sera prêché par toute la terre… avant la fin de
Jérusalem. Car saint Paul marque assez que l’Évangile avait déjà couru dans tout le monde avant même la
destruction de cette ville : « Leur voix , dit-il, s’est répandue dans toute la terre. (Rom. X, 10.) Et ailleurs : «
L’Évangile que vous avez entendu a été prêché à toute créature qui est sous le ciel». (Col. I, 6.) C’est ainsi
qu’on voit cet apôtre passer de Jérusalem dans l’Espagne pour y prêcher l’Évangile. Et si saint Paul a lui seul
porté la foi dans une si grande étendue de provinces, jugez de ce que tous les autres Apôtres auront pu
faire », S. Jean Chrys. Hom. 75 in Matth. - Témoignage à toutes les nations. Tout à la fois un témoignage
pour les peuples et contre les peuples, selon les circonstances : témoignage favorable dans le cas où ils
accepteront la vérité chrétienne, car alors ils seront sauvés par elle ; au contraire témoignage accusateur, s’ils
rejettent l’Évangile. Les exégètes se partagent entre ces deux interprétations du datif « aux nations » ; nous
préférons les adopter l’une et l’autre, croyant obtenir ainsi un sens plus vrai et plus complet. - Et alors.
Quand tous les signes précédemment indiqués, et spécialement ce dernier, auront apparu. - Viendra la fin.
Jésus donne collectivement ce nom à la fin de Jérusalem, puis à celle du monde : il oppose la
« consommation » au début dont il avait parlé au v. 8.
En témoignage à toutes les nations ; c’est-à-dire pour servir de témoignage à toutes les nations du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la doctrine du salut. ― Et alors viendra la fin. Comparer au verset 6.