Matthieu 24, 2
Alors, prenant la parole, il leur dit : « Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? Amen, je vous le dis : il ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit. »
Alors, prenant la parole, il leur dit : « Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? Amen, je vous le dis : il ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit. »
Après que Notre-Seigneur Jésus-Christ eut prédit tous les maux qui devaient tomber, sur la ville de Jérusalem, il sortit du temple qu'il avait préservé de sa des truction tant qu'il y était resté: «Jésus étant sorti du temple s'en allait». Chacun de nous aussi devient le temple de Dieu, à cause de l'esprit de Dieu qui habite en lui ( 1Co 3,16 1Co 6,19 2Co 6,16 ), et c'est à lui seul qu'il doit imputer l'abandon où Jésus-Christ le laisse en sortant de son coeur. «Et ses disciples s'approchèrent de lui», etc. On se demande naturellement pourquoi ils lui montrent les constructions du temple comme s'il ne les avait jamais vues. La raison en est que Notre-Seigneur ayant prédit plus haut la ruine du temple, les disci ples qui l'entendirent, s'étonnèrent qu'un édifice de cette grandeur et de cette magnificence dût être entièrement détruit, et ils lui en firent voir la beauté, pour le fléchir en faveur de cet édifice, et l'engager à ne point accomplir les menaces qu'il avait faites. Or, la nature humaine nous offre elle-même une admirable structure, puisqu'elle est devenue le temple de Dieu, et encore aujourd'hui les disciples de Jésus-Christ et les autres saints, proclamant les prodiges que Dieu a opérés en faveur de cette pauvre nature humaine, intercèdent auprès de Jésus-Christ pour qu'il n'abandonne point le genre humain en punition de ses péchés. «Mais il leur dit: Vous voyez tous ces bâtiments? je vous le dis en vérité, ils seront tellement détruits, qu'il n'y restera pas pierre sur pierre.
Tout homme qui reçoit dans son âme la parole de Dieu, devient le temple de Dieu. Si après avoir péché, il conserve encore quelque vestige de foi et de religion, ce temple est en partie renversé et en partie debout. Mais, au contraire, si après son péché, il ne prend plus aucun souci de son salut, il tombe en ruines de jour eu jour jusqu'à ce qu'il se sépare tout à fait du Dieu vivant, et alors il ne re ste plus en lui pierre sur pierre des commandements de Dieu, et la destruction est complète.
Mais comment s'est vérifiée cette prédiction qu'il ne resterait pas pierre sur pierre? Ou bien, le Sauveur a voulu parler d'une destruction com plète, ou de la destruction des parties du temple qu'ils avaient sous les yeux; car il est des par ties qui ont été détruites jusque dans les fondements. J'ajouterai que ce qui s'est accompli de cette prédiction est pour nous un motif de croire que les autres parties seront elles-mêmes en tièrement détruites.
Dans le sens mystique, aussitôt que le Seigneur fut sorti du temple, tout l'édifice de la loi et la disposition des commandements ont été entièrement détruits, de manière que les Juifs ne peuvent plus en observer la moindre partie, et que tous les membres privés de leur chef sont dans une lutte continuelle les uns avec les autres.
C'est par un dessein providentiel que le temple disparut avec les cérémonies de la loi aussitôt la révélation de la loi de grâce; car autrement, ceux qui étaient encore faibles dans la foi, voyant que les institutions qui avaient Dieu pour auteur, et que les prophètes avaient consacrées, continuaient à subsister, se seraient éloignés insensiblement de la pureté de la foi pour embrasser un judaïsme tout charnel.
L'histoire nous donne le véritable sens de cette prédiction: quarante-deux ans après la passion du Sauveur, la ville fut détruite avec le temple, sous Vespasien et Tite, empereurs romains.
2375. Alors le Seigneur répond : VOUS VOYEZ CES CHOSES MAGNIFIQUES ? Is 23, 9 : Le Seigneur des armées a pensé à cela afin de renverser l’orgueil de toute gloire, etc. Il ajoute donc : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, IL NE RESTERA PAS PIERRE SUR PIERRE. Est-ce que cela est vrai ? Au temps du Christ, selonChrysostome, tout cela n’était pas encore arrivé, mais on espérait que cela arrive. Ou bien, on peut dire qu’il veut dire : «À moins qu’il ne soit détruit.» Ou bien, on doit dire que de même que, par disposition de Dieu, le temple a été à l’occasion rétabli, de même, par disposition de Dieu, alors que débutait l’établissement de la loi nouvelle, le temple a été détruit afin qu’il n’y ait pas de sacrifices dans le temple. De sorte que s’il n’avait pas été détruit, beaucoup de ceux qui étaient devenus chrétiens y auraient pratiqué des cérémonies et seraient retournés au temple. C’est donc par une disposition divine qu’il a été détruit. C’est ce qu’on trouve en Lc 21, 6, où il est dit à propos du temple : Des jours viendront où il ne restera pierre sur pierre, jusqu’à ce qu’il soit détruit. De la même façon, il arrive ainsi que quelqu’un est édifié par de bonnes vertus, et s’il tombe par un péché mortel, s’il est négligent et ne prend pas garde, il s’écroule totalement et est détruit. Ps 136[137], 7 : Disparaissez, disparaissez jusqu’à ses fondements. Il veut donc dire que [serait détruit], non seulement le temple, mais aussi ce qui s’y rattachait, et qui était une ombre, comme on le lit en He 10, 1 : La loi n’était que l’ombre des biens à venir.
Voyez-vous ? Dans le grec, ne voyez-vous pas ?
A son tour, Jésus attire leur attention sur ces bâtiments magnifiques, afin de mieux mettre en relief la
sentence qui va suivre. Sous le sceau du serment, en vérité je vous le dis, il annonce dans les termes les plus
clairs et les plus explicites que de ce temple merveilleux il ne restera pas pierre sur pierre : tout sera
impitoyablement renversé. L’oracle fut réalisé à la lettre, comme nous le savons par l’histoire. Après s’être
emparé de Jérusalem, Titus fit démolir par ses soldats, quoique à regret, les murs de la ville et du temple
incendié. Ce qui restait des fondements fut complètement anéanti à l’époque de la restauration impie tentée
par Julien l’Apostat. On lira sans doute avec intérêt le récit que nous a laissé sur ce dernier fait le païen
Ammien Marcellin, 23, 1 ; Cf. Théodoret, 3, 17 ; Sozom, 5, 31 : « Il voulait relever... ce magnifique temple
de Jérusalem, qu'après une série de combats meurtriers livrés par Vespasien, Titus avait enfin enlevé de vive
force. Il chargea de ce soin Alypius d'Antioche... Alypius, bien secondé par le correcteur de la province,
poussait en conséquence les travaux avec vigueur; quand soudain une éruption formidable de globes de feu,
qui s'élancèrent presque coup sur coup des fondements même de l'édifice, rendit la place inaccessible aux
travailleurs, après avoir été fatale à plusieurs d'entre eux ». « Pendant la nuit, ajoute l’historien Socrate, Hist.
Eccl. 3, 20, un violent tremblement de terre fit sauter les pierres des anciens fondements du temple et les
lança au loin avec les maisons voisines ». Où est maintenant cette masse de marbre blanc qui ressemblait, au
dire des contemporains, à une montagne de neige ? Où sont ces pierres aux couleurs variées qui
représentaient les vagues de l’océan ? Jésus a dit vrai : il n’est pas resté deux pierres réunies. Il prophétisait
la destruction la plus complète, et la destruction la plus complète est survenue. « Les ruines mêmes ont
péri » : Cf. Lightfoot, Hor. Hebr. in h.l.