Matthieu 24, 21

Alors, en effet, il y aura une grande détresse, telle qu’il n’y en a jamais eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et telle qu’il n’y en aura jamais plus.

Alors, en effet, il y aura une grande détresse, telle qu’il n’y en a jamais eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et telle qu’il n’y en aura jamais plus.
Saint Thomas d'Aquin
2407. D’où vient la nécessité de fuir ? De la grandeur de la tribulation. [Le Seigneur] présente donc d’abord la tribulation et la grandeur de la tribulation ; en second lieu, il en présente la cause, en cet endroit : ET SI CES JOURS N’AVAIENT PAS ÉTÉ ABRÉGÉS, etc. [24, 22].

Il dit donc : IL Y AURA ALORS UNE GRANDE TRIBULATION, TELLE QU’IL N’Y EN A PAS EU DEPUIS LE COMMENCEMENT DU MONDE. Celui qui lit l’histoire de Josèphe peut suffisamment en juger. Beaucoup sont morts de faim. Il y eut aussi des soulèvements dans la ville, au point qu’on se tuait les uns les autres. Ainsi, alors que Titus, qui était très doux, voulait les épargner, eux ne le voulaient pas. Il y avait aussi des voleurs parmi eux, qui en tuèrent un grand nombre. Une femme a mangé son fils. Il y eut donc une tribulation telle qu’on n’en avait jamais vue. C’est ce que dit Lc 21, 23s : Il y aura une tribulation et ils tomberont devant l’épée. Mais [la tribulation] ne sera-t-elle pas plus grande à l’époque de l’Antéchrist ? Oui, mais elle n’aura pas lieu entre les Juifs.
Louis-Claude Fillion
Ce verset et le suivant font ressortir par anticipation le caractère affreux des calamités qui devaient bientôt tomber sur Jérusalem et sur les Juifs. - L’adverbe alors se rapporte à l’époque mentionnée, dans les vv. 15 et 16. La conjonction car relie la description des vv. 20 et 22 à l’idée qui précède : Jésus indique à ses disciples pourquoi ils devront fuir sans retard. - Une grande tribulation. La tribulation qui accompagna le siège et la prise de la capitale juive fut horrible en effet. On frémit en lisant les détails que nous a conservés l’historien Josèphe, Bell. Jud. passim. Il y eut alors des horreurs, des atrocités sans parallèles dans l’histoire du monde. A Jérusalem seulement, 1 100 000 Juifs furent égorgés, 97 000 furent faits prisonniers et condamnés soit à de cruels supplices, soit à un dur esclavage. On en crucifia un si grand nombre que « l’espace manquait pour les croix et les croix pour les condamnés ». La famine enlevait « des maisons et des familles entières » ; les mères mangeaient leurs propres enfants. Voir les récits de M. de Champagny. Rome et la Judée, chap. 14-17 ; de M. de Saulcy, Les derniers jours de Jérusalem, Paris 1866 ; de M. Renan, l’Antechrist. Faisant allusion aux paroles suivantes de Jésus, « pas eu de pareille », S. Jean Chrysostôme peut donc s'écrier en toute vérité : « Ceci ne doit point être pris pour une exagération, et l’histoire de Josèphe en justifie assez la vérité. On ne peut pas dire non plus que cet auteur, étant chrétien, a pris plaisir à exagérer ces malheurs pour faire voir la vérité de ce que Jésus-Christ prédit ici, puisque Josèphe était juif, et des plus zélés d’entre les Juifs qui sont venus après la naissance du Sauveur. Cependant il dit que ces malheurs ont passé tout ce que l’on peut s’imaginer de plus tragique, et il assure que les Juifs ne se sont jamais trouvés réduits à de si étranges extrémités », Hom. 76 in Matth. Flavius Josèphe conclut aussi sa description lugubre par des réflexions tout à fait identiques à celle du Sauveur : « Aucune autre ville n’a jamais souffert tant de misères... Si les malheurs du monde entier depuis la création étaient comparés à ceux que les Juifs endurèrent alors, on les trouveraient inférieurs aux leurs ». - Depuis le commencement du monde, à partir de la création du monde ; jusqu'à présent, jusqu’au moment où Notre-Seigneur faisait cette prédiction, Joël, 2, 2, et Daniel, 12, 1, emploient des formules identiques.
Fulcran Vigouroux
Alors la tribulation sera grande. Les tribulations qu’endurèrent les Juifs pendant le dernier siège de Jérusalem et dont Josèphe nous a raconté les détails dépassent toute imagination. Toutes les prophéties du Sauveur s’accomplirent à la lettre et le peuple déicide expia son crime par la ruine totale de ce pays dont il était si fier. « Les yeux plutôt que les oreilles, dit saint Jérôme, peuvent juger de ce que sont devenues les villes et les places fortes de la Judée ; nous qui pouvons voir l’état de la province dans laquelle nous habitons, nous pouvons certifier l’exactitude de tout ce qui a été écrit. A peine découvrons-nous quelques vestiges de ruines là où s’élevaient autrefois de grandes villes… Les vignerons perfides (voir la parabole de Matthieu, 21, 33-41) après avoir tué les serviteurs et enfin le Fils de Dieu lui-même, n’ont plus maintenant le droit d’entrer dans Jérusalem que pour y pleurer et afin qu’ils puissent pleurer sur les ruines de leur capitale, ils sont obligés de payer une somme d’argent, de sorte que ceux qui avaient acheté le sang du Christ achètent maintenant la permission de verser des larmes et les pleurs mêmes ne leur sont permis qu’à prix d’argent. Voyez venir au jour anniversaire de la prise et de la destruction de Jérusalem par les Romains, voyez venir ce peuple lugubre ; ces vieilles femmes décrépites, ces vieillards chargés de haillons et d’années sont par leur tenue et par leur extérieur, autant de témoins de la colère de Dieu. La troupe misérable se rassemble, et tandis que brillent l’instrument du supplice du Seigneur et l’église de la Résurrection, tandis que l’étendard de la croix est déployé tout éclatant sur le mont des Oliviers, ce peuple malheureux pleure sur les ruines de son temple. »