Matthieu 24, 48

Mais si ce mauvais serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde”,

Mais si ce mauvais serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde”,
Saint Thomas d'Aquin
2482. MAIS SI UN MAUVAIS SERVITEUR DIT EN SON CŒUR, etc. Après avoir intéressé [les disciples] à être vigilants par des récompenses, [le Seigneur] les effraie ici par des tourments. Premièrement, il présente la faute ; deuxièmement, la peine, en cet endroit : LE MAÎTRE VIENDRA, etc. [24, 50].

Dans la faute, il y a deux aspects : la cause de la faute, et la faute elle-même ; toutefois, les deux aspects constituent une seule faute.

La cause de la faute est le désespoir au sujet de l’avènement : S’IL DIT : «MON MAÎTRE TARDE À VENIR, etc.» Augustin dit que quelqu’un pourrait dire cela en raison d’un trop grand désir, et celui-là le montrait qui disait : Quand parviendrai-je à voir la face de mon Dieu ? Parfois on parle ainsi parce qu’on désespère qu’il vienne bientôt. Ez 12, 22 : Fils d’homme, quel est ce dicton en terre d’Israël de ceux qui disent : «Les jours sont beaucoup reportés et toute vision périra» ? 2 P 3, 9 : Le Seigneur ne retarde pas ce qu’il a promis. Ce [désespoir] est la source de toutes [les fautes].
Louis-Claude Fillion
Mais si... Il nous reste à entendre la contre-partie ; car, si l’on trouve des serviteurs fidèles qu’on est heureux de récompenser, il en existe aussi de mauvais qu’on est obligé de châtier sévèrement. - Ce serviteur est méchant. L’intendant avait reçu, par anticipation, v. 45, les surnoms de « prudent et fidèle » dans la supposition qu’il se conduirait bien ; il est maintenant appelé « mauvais » de la même manière, dans l’hypothèse qu’il remplira mal ses devoirs les plus graves. - En son cœur, c’est-à-dire en lui-même. Le cœur est pour les Hébreux le siège de la réflexion ; c’est là que l’homme s’entretient avec lui-même, qu’il combine ses plans, etc. - Mon maître tarde... Le Maître est absent, et son retour, que l’on croyait devoir être prochain, se fait attendre au-delà du temps calculé par l’intendant. Ce misérable profitera de ce délai pour abuser de la manière la plus criante de la confiance qui a été placée en lui et de l’autorité qu’on lui a laissée. Mais Jésus donne seulement le début de son monologue affreux ; la suite n’est que trop bien exprimée par les actes.