Matthieu 24, 5

Car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi le Christ” ; alors ils égareront bien des gens.

Car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi le Christ” ; alors ils égareront bien des gens.
Origène
La montagne des Oliviers est la figure de l'Église, formée de toutes les nations.

Le laboureur qui est assis sur la montagne des Oliviers, c'est le Verbe de Dieu établi dans l'Église, c'est-à-dire Jésus-Christ qui ne cesse de greffer les branches de l'olivier sauvage sur l'olivier franc des patriarches. Or, ceux qui mettent leur confiance en Jésus-Christ, désirent connaître quel sera le signe de son avènement et de la consommation du siècle. Il y a deux avènements du Verbe dans l'âme: le premier a lieu par cette prédication du Christ qui paraît une folie, et qui annonce que Jésus-Christ est né, et qu'il a été crucifié; le second avènement se fait dans les hommes parfaits dont saint Paul a dit «Nous parlons le langage de la sagesse au milieu des hommes parfaits», et à ce second avènement vient se joindre la consommation du siècle dans l'homme parfait, pour qui le monde a été crucifié» ( Ga 6,14 ).

Ils en séduisent un grand nombre, parce que la porte qui conduit à la perdition est large, et qu'il en est beaucoup qui entrent par cette porte ( Mt 7,13 ). Ce signe est suffisant pour reconnaître la séduction des antéchrists qui viennent dire: «Je suis le Christ», ce que nous ne voyons pas que Jésus-Christ ait jamais dit; car les oeuvres toute divines qu'il opérait, la doctrine qu'il enseignait et sa vertu étaient des témoignages plus que suffisants pour établir qu'il était le Christ. Or, tout discours qui fait profession d'expliquer les Écritures selon la règle de la foi, et qui ne contient pas la vérité, est un antéchrist; car Jésus-Christ est la vérité, tandis que antéchrist n'a que l'apparence de la vérité. Nous trouvons également que Jésus-Christ est la réunion de toutes les vertus, et que l'antéchrist n'a que les dehors trompeurs de ces mêmes vertus; car toutes les différentes espèces de bien que Jésus-Christ a réellement en lui pour l'édification des hommes, l'antéchrist les a toutes en apparence pour séduire les saints. Nous avons donc besoin du secours de Dieu, pour qu'aucune parole, aucune influence ne puisse nous nuire; car s'il est dangereux de rencontrer quelqu'un dont la conduite soit contraire à la règle des moeurs, il est bien plus dangereux encore de rencontrer un homme qui est en opposition avec la véritable règle d'interprétation des Écritures.
Saint Hilaire de Poitiers
Comme les disciples font à Jésus-Christ trois questions différentes, elles sont divisées en autant de propositions distinctes pour le temps où ces événements doivent arriver Notre Seigneur répond d'abord à la question qui a pour objet la destruction de la ville, et il confirme sa réponse par la vérité de sa doctrine, afin que ses disciples ne tombent point dans les pièges que les hommes du mensonge pourraient tendre à leur ignorance: «Et Jésus leur répondit: Prenez garde que nul ne vous séduise, car plusieurs viendront en mon nom, disant Je suis le Christ»
Saint Jean Chrysostome
Ils s'approchèrent de lui secrètement, parce qu'ils avaient à lui faire d'importantes questions; car ils désiraient connaître le jour de son avènement par le désir ardent qu'ils avaient d'être té moins de sa gloire.

Saint Luc rapporte que les disciples n'adressèrent au Sauveur qu'une seule question sur la ville de Jérusalem, parce qu'ils pensaient que l'avènement du Christ et la fin du monde suivraient immédiatement la ruine de Jérusalem. D'après saint Marc, ce ne furent pas tous les disciples qui l'interrogèrent sur la ruine de Jéru salem, mais seulement Pierre, Jacques Jean et André qui parlaient à Jésus plus librement et sans crainte.

Il ne leur parle pas immédiatement dans sa réponse de la ruine de Jérusalem, ni de son second avènement, mais il leur signale les dangers contre lesquels il fallait tout d'abord les prémunir.
Saint Jérôme
ils lui demandent trois choses: premièrement à quelle époque doit avoir lieu la destruction de Jérusalem: «Dites-nous quand toutes ces choses arriveront»; secondement, à quel temps le Christ doit venir: «Et quel sera le signe de votre avènement ?» troisièmement, quand doit arriver la fin du monde: «Et quel signe il y aura de la consommation du siècle».

Un des séducteurs, dont il leur parle ici, fut Simon le Samaritain dont il est question dans les Actes des Apôtres ( Ac 8,9-13 ), qui se proclamait la grande vertu, et qui avait écrit entre autres choses dans ses ouvrages: «Je suis la parole de Dieu; je suis le tout-puissant; je suis tout ce que Dieu possède». Mais saint Jean l'Évangéliste ne dit-il pas dans une de ses épîtres: «Vous avez entendu dire que l'antéchrist doit venir; or, il y a maintenant plusieurs antéchrists ?» Pour moi, je pense que tous les hérésiarques sont des antéchrists, qui enseignent, sous le nom du Christ, une doctrine contraire à la sienne, et il n'est pas étonnant que nous en voyions plusieurs qui se laissent séduire par eux, puisque le Seigneur a dit: «Et ils en séduiront un grand nombre».
Saint Rémi
Le Seigneur, continuant son chemin, parvint jusqu'au mont des Oliviers. Or, comme il avait prédit clairement la destruction complète du temple dont quelques-uns de ses disciples lui avaient fait admirer chemin faisant la magnifique structure, lorsqu'il fut arrivé sur Le mont des Oliviers, ils s'approchèrent de lui pour l'interroger, comme le remarque l'Évangéliste: «Lorsqu'il se fut assis sur la montagne des Oliviers».

Cette montagne ne porte pas d'arbres stériles, mais des oliviers, dont l'huile entretient la lumière qui dissipe les ténèbres, repose les membres fatigués par le travail, et rend la santé aux malades. Or, Notre-Seigneur, assis sur la montagne des Oliviers, en face du temple, s'entretient de la ruine de ce temple et de la destruction de la nation juive, pour montrer par la position même qu'il occupe, que tout en restant calme et tranquille au milieu de son Église, il ne laisse pas de condamner l'orgueil des impies.
Saint Thomas d'Aquin
2380. À propos du premier point, il fait deux choses : en premier lieu, il présente d’abord les dangers spirituels ; en second lieu, les [dangers] corporels, en cet endroit : VOUS ENTENDREZ AUSSI PARLER DE GUERRES ET DE RUMEURS DE GUERRES [24, 6].

2381. [Le Seigneur] dit donc : «Vous vous enquérez de la fin ; toutefois, vous devez d’abord prendre garde qu’on ne vous abuse.» Il dit donc : PRENEZ GARDE QU’ON NE VOUS ABUSE. Ep 5, 15 : Frères, prenez garde de marcher avec précaution. IL EN VIENDRA BEAUCOUP EN MON NOM, QUI DIRONT : «C’EST MOI LE CHRIST !» Quelqu’un vient comme envoyé du Christ ; ainsi sont venus les disciples. On dit que d’autres viennent au nom du Christ parce qu’ils disent qu’ils sont le Christ, en usurpant le nom qui n’est donné à aucun autre. Ph 2, 9 : Le nom qui est au-dessus de tout nom lui a été donné. Beaucoup de séducteurs viendront donc en leur propre nom, mais le Christ ne vient pas de lui-même, mais de Dieu. Ainsi, Jn 7, 28 : Je ne suis pas venu de moi-même. Bien que cela soit dit d’une manière particulière de l’Antéchrist, on peut cependant le dire de plusieurs autres. Parce qu’ils n’ont pas adhéré à la vérité, ils se sont adonnés aux erreurs. Ceci est arrivé à Simon le Mage, qui a écrit des livres et se donnait le nom de Livre de Dieu, Grand Dieu, Tout-Dieu, et il en a abusé beaucoup. En effet, c’est le propre de ceux qui sont divisés par les erreurs d’être abusés, car le nombre des insensés est infini [Si 1, 15]. La vérité rassemble donc, mais l’erreur divise, et cela est un danger.

On peut aussi mettre cela en rapport avec le second avènement, car cela arrive aux alentours du jour du jugement.
Louis-Claude Fillion
Par la description de plusieurs dangers contemporains soit de la fin des temps, soit des derniers jours de Jérusalem, Jésus motive son exhortation sévère : Prenez garde ! - Les disciples pourraient d’abord être séparés de leur Maître par des séducteurs qui, à l’aide de mille artifices, se feront passer pour le Messie. Ces séducteurs seront nombreux ; ils s’appuieront sur le nom du vrai Christ qu’ils usurperont avec une sacrilège audace, et malheureusement ils ne réussiront que trop à égarer les âmes. - Le livre des Actes, 5, 35 ; 21, 38, et l’historien Josèphe, Ant. 20, 5, 8 ; 8, 6 ; Bell. Jud. 2, 35, 5, parlent de plusieurs de ces faux Rédempteurs qui provoquèrent en Judée, peu de temps après la mort de Jésus-Christ, de graves mouvements insurrectionnels : les Juifs accouraient en foule autour d’eux, s’attendant à une délivrance miraculeuse du joug romain. Ce fanatisme redoubla pendant le siège de Jérusalem ; il redoublera surtout à l’approche de la fin du monde. Voir dans l’ouvrage de MM. les abbés Lemann, La question du Messie et le Concile du Vatican, p. 22 et suiv., Lyon, 1869, une liste assez complète des Pseudo-Messies avec des documents historiques à l’appui. « Non pas une fois, non pas dix fois, s’écrient douloureusement les auteurs, mais vingt-cinq fois nos ancêtres ont été le jouet de ce mirage : pour avoir méconnu le Messie là où il était, on était réduit à le chercher là où il n’était pas ». L’anglais Buck, dans son Dictionnaire théologique, compte jusqu’à 29 faux Messies.