Matthieu 24, 7

On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume ; il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre.

On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume ; il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre.
Saint Thomas d'Aquin
2383. Mais quelqu’un pourrait dire : «Tu dis que nous devons entendre parler de guerres ; il y a toujours eu des guerres.» Il répond : «Vous n’en avez jamais vu de telles.» ON SE DRESSERA, EN EFFET, NATION CONTRE NATION, à savoir, la nation des Romains contre la nation des Juifs, ET ROYAUME [CONTRE ROYAUME], à savoir, celui des Romains contre le royaume des Juifs.

IL Y AURA DES PESTES, etc. On pourrait dire : «Ces guerres surviennent par hasard et ne sont pas des punitions de Dieu.» Mais qu’elles soient des punitions de Dieu, cela est clair, car ces maux ne sont pas infligés par le peuple seulement, mais par Dieu, car IL Y AURA PAR ENDROITS DES PESTES, qui proviennent de la corruption de l’air, DES FAMINES ET DES TREMBLEMENTS DE TERRE. Et tout cela est arrivé avant la destruction de Jérusalem.
Louis-Claude Fillion
Car on verra se soulever... C’est l’explication des premiers mots du v. 6. Tacite, au début de ses Histoires, 1, 2, semble avoir écrit le commentaire de ce passage : « Une époque féconde en catastrophes, ensanglantée de combats, déchirée par les séditions, cruelle même durant la paix : quatre princes tombant sous le fer ; trois guerres civiles, beaucoup d'étrangères, et souvent des guerres étrangères et civiles tout ensemble; des succès en Orient, des revers en Occident ; l'Illyrie agitée ; les Gaules chancelantes ; la Bretagne entièrement conquise et bientôt délaissée ; les populations des Sarmates et des Suèves levées contre nous ; le Dace illustré par ses défaites et les nôtres ; le Parthe lui-même prêt à courir aux armes pour un fantôme de Néron ; et en Italie des calamités nouvelles ou renouvelées après une longue suite de siècles ; des villes abîmées ou ensevelies sous leurs ruines, dans la partie la plus riche de la Campanie ; Rome désolée par le feu, voyant consumer ses temples les plus antiques ; le Capitole même brûlé par la main des citoyens ». Jésus prophétise donc ici de violentes commotions, en particulier ces formidables crises politiques qui ensanglantèrent le monde, spécialement la Syrie et la Palestine, où les Juifs furent massacrées en grand nombre par leurs ennemis. Cf. Jos. Bell. Jud. 2, 17 ; 18, 1-8. - Des pestes et des famines. A côté de la guerre et du tumulte des nations, il prédit aussi d’autres calamités non moins désastreuses ; d’abord la peste et la famine ; puis des tremblements de terre qui renverseront des villes entières. Tous ces malheurs eurent lieu entre l’Ascension du Sauveur et la ruine de Jérusalem : les écrivains sacrés et profanes nous l’apprennent très explicitement. Tacite, Ann. 16, 37, et Suétone parlent d’une peste qui enleva, seulement à Rome, 30 000 hommes en quelques mois. L’auteur du livre des Actes, 11, 28, et Flavius Josèphe, Ant. 20, 2, 3, mentionnent la famine qui ravagea tout le monde romain sous le règne de Claude. Les tremblements de terre furent très fréquents dans l’empire entre les années 60 et 70 ; Cf. Tacite, Ann. 14, 16 ; Senec. Quæst. natur. 6, 1 ; Jos. Bell. Jud. 4, 4, 5. Mais ces malheurs passés ne sont qu’un faible prélude de ceux qu’on verra éclater vers la fin des temps. - Les Rabbins rattachent pareillement de grandes angoisses publiques à l’avènement du Messie. Sohar chadasch, f. 8, 4 : « A cette époque, le monde sera agité par des guerres, les nations s'opposeront aux nations, et les villes à d'autres villes : Les embûches se renouvelleront contre l'état d'Israel ». Bereschith rabba, sect. 42, f. 41, 1 : « R. Eleazar, fils d'Abina, dit : Si vous voyez des royaumes s'insurger les uns contre les autres, alors faites attention et regardez au pied du Messie » . Pesikta rabb. f. 2, 1 : « R. Levi dit : Au temps du Messie la peste viendra dans le monde et détruira les impies ». - L’expression en divers lieux a reçu deux interprétations contradictoires. Selon de Wette et d’autres exégètes, elle signifierait « en tous lieux ». Wetstein, Grotius, etc. la traduisent par « en de nombreux lieux ». Ce second sens est le plus vraisemblable.