Matthieu 24, 8

Or tout cela n’est que le commencement des douleurs de l’enfantement.

Or tout cela n’est que le commencement des douleurs de l’enfantement.
Origène
Celui qui entend les cris que poussent les com battants, entend les combats; celui qui entend le récit des combats qui ont lieu dans des pays éloignés, entend des bruits ou des rumeurs de combats.

Ou bien dans un autre sens, de même que les corps sont travaillés par la maladie avant de mourir, ainsi est-il nécessaire que la terre, tombant pour ainsi dire en langueur, soit ébranlée avant sa dissolution par des t remblements multipliés, que l'air, infecté de vapeurs pestilentiel les, exerce partout une influence mortelle, et que la vertu vivifiante de la terre venant à s'éteindre, les fruits soient étouffés dans leur germe, Or, la disette des vivres fera nécessairement tomber les hommes dans l'avarice, et les mettra aux prises les uns avec les autres. Mais comme les révoltes et les guerres ont tantôt pour cause l'avarice, tantôt l'ambition et l'amour de la vaine gloire, on peut donner une raison plus profonde encore de celles qui éclateront à la fin du monde. De même que l'avènement de Jésus-Christ fut une source de paix toute divine pour un grand nombre de nations, de même le débordement de l'iniquité, refroidissant la cha rité d'un grand nombre, sera cause que Dieu et son Christ les abandonneront; et l'on verra renaître les guerres, parce que la vertu des saints ne s'opposera plus au développement des causes qui sont comme une semence de dissensions. Les puissances ennemies, de leur côté, ne trouvant plus d'obstacles dans les saints et dans Jésus-Christ, exerceront librement leur puis sance sur les coeurs des hommes, et soulèveront les nations contre les nations, et les royaumes contre les royaumes. S'il est vrai, comme le pensent quelques-uns, que les famines et les pestes soient l'oeuvre des anges de Satan, ces fléaux ne feront que s'accroître sous l'action de ces puissances hostiles; car elle ne sera plus combattue par. les disciples de Jésus-Christ qui sont le sel de la terre et la lumière du monde, et qui étouffaient les germes semés par la malice du démon, comme autrefois les prières saintes ( 1S 12 Jr 14-15 1R 17-18 2R 2,3-4,7 ) obtenaient la cessation des famines et des pestes que les péchés du peuple juif attiraient sur lui. Le Sauveur prédit avec raison que ces calamités arriveront en di vers lieux; car Dieu ne veut pas perdre tout d'un coup le genre humain, mais il ne lui fait éprouver que successivement les effets de sa justice, pour lui laisser le temps de se repentir. Or, si lorsque ces calamités se feront sentir les hommes n'en deviennent point meilleurs, elles iront toujours en augmentant: «Et toutes ces choses ne seront que le commencement des maux qui doivent suivre»,et qui feront souffrir aux impies les douleurs les plus aiguës.

Or, il faut que tous ces événements s'accomplissent avant que nous voyions la perfection de la sagesse qui est en Jésus-Christ, mais ils ne seront pas suivis immédiatement de cette fin que nous cherchons; car cette fin toute pacifique sera bien loin de devenir le partage de tels hommes.
Saint Jean Chrysostome
Il leur parle d'abord des combats qui devaient se livrer sous les murs et dans l'enceinte de Jérusalem «Vous entendrez des combats et des bruits de guerre».

Il va plus loin, et pour leur montrer qu'il combattra lui-même contre les Juifs, non-seulement il prédit des guerres, mais les fléaux dont la main de Dieu les frappera.

Mais comme cette prédiction pouvait jeter le trouble dans l'âme de ses disciples, il les rassure en leur disant «Gardez-vous bien de vous troubler»; et il les dissuade de la fausse idée où ils étaient que la fin du monde suivrait immédiatement la guerre qui devait détruire Jérusalem en ajoutant: «Il faut que toutes ces choses arrivent, mais ce ne sera pas encore la fin».

Et toutes ces calamités n'arriveront pas selon le cours ordinaire des choses humaines, mais par l'effet de la colère de Dieu; aussi ne les prédit-il pas simplement comme des événements qui doivent arriver en même temps, mais il insiste avec dessein sur cette circonstance: «Et toutes ces choses ne se ront que le commencement des douleurs», c'est-à-dire des maux qui doivent fondre sur la na tion juive.
Saint Jérôme
C'est-à-dire gardons-nous de croire que le jour du jugement est proche, car Dieu le tient en réserve pour un autre temps, et le Seigneur en trace clairement les signes avant-coureurs dans les paroles suivantes: «Car on verra se soulever peuple contre peuple, et royaume contre royaume»,etc.

Dans le sens mystique, ce royaume qui se soulève, cette peste produite par ceux dont les discours sont comme une gangrène ( 2Tm 2 ) qui répand insensiblement sa corruption, et la faim de la parole de Dieu, et l'agitation de toute la terre, et la séparation de la vraie foi, paraissent devoir s'entendre surtout des hérétiques qui, en combattant les uns contre les autres, assurent la victoire de l'Église.

Ces paroles: «Toutes ces choses ne seront que le commencement des douleurs», seraient mieux traduites par «Le commencement des enfantements», de sorte que l'arrivée de l'antéchrist devrait être considérée comme le moment de la conception plutôt que de l'enfantement.
Saint Augustin
Notre-Seigneur répond aux questions de ses disciples en leur faisant connaître les différentes circonstances des événements qui doivent suivre, c'est-à-dire soit de la ruine de Jérusalem à l'occasion de laquelle ils l'avaient interrogé, soit de son avène ment par l'Église, dans laquelle il ne cesse de se manifester jusqu'à la fin des siècles, et de se révéler dans les nouveaux membres auxquels il donne naissance tous les jours, soit enfin de la consommation des siècles où il viendra pour juger les vivants et les morts. Or, comme il énu mère les signes particuliers à ces trois événements, il nous faut examiner attentivement les si gnes qui sont propres à chacun d'eux, pour ne point appliquer à l'un ce qui se rapporte à l'autre.
Rabanus Maurus
Ou bien, il prévient ses Apôtres de ne pas se laisser effrayer lorsque ces choses arriveront, au point de s'enfuir de Jérusalem et de la Judée, car ce ne sera pas encore la fin, mais ce ne sera que dans quarante ans qu'aura lieu la dé vastation de toute la contrée qui sera suivie de la destruction sans retour de la ville et du tem ple, événements auxquels il fait allusion en disant: «On verra se soulever peuple contre peuple et royaume contre royaume».Or, il est certain que ces calamités épouvantables désolèrent littéralement cette malheureuse contrée.

Remarquons que ces paroles: «Une nation s'élèvera contre une nation»,expriment surtout la division qui régnera entre les hommes; ces autres: «Il y aura des pestes»,les diverses maladies du corps; ces autres: «Et des famines», la stérilité de la terre, et ces dernières: «Et des tremblements de terre en divers lieux»,les effets de la vengeance divine.
Saint Thomas d'Aquin
2384. On pourrait dire : «Tout cela est arrivé par hasard et n’indique pas les douleurs [de l’enfantement].» Au contraire ! C’est pourquoi il dit : «Tout cela ne sera que le début des douleurs de l’enfantement.» Is 13, 8 : Ils gémiront comme des femmes en train d’accoucher. Ainsi l’interprète Chrysostome.

2385. Mais, si on le met en rapport avec la fin des temps, Origène l’interprète ainsi. Nous devons considérer le monde comme un seul homme, car, lorsqu’il s’approche de la mort, ses forces vitales commencent à décliner. Mais, dans la manifestation de l’universel changement, le Seigneur enverra un changement particulier, de sorte que [les hommes] n’auront plus aucune force. Il y aura alors des pestes, car l’air qui nous sert à deux choses sera corrompu. De même, sera corrompue la terre, elle qui sert à nous nourrir, car elle fait pousser les herbes et les graines dont provient la nourriture, et [cette terre] sera tellement affaiblie que la famine s’établira sur la terre. De même, la terre nous soutient, et il se produira des bouleversements contre cette terre. Il y aura donc des tremblements de terre. Les deux premières choses seront universelles, mais cette dernière sera particulière, car elle surviendra localement. Et pourquoi ne surviendra-t-elle pas à la grandeur du monde ? Afin que les hommes, en la constatant, rentrent dans leur cœur et se convertissent. De même arrive-t-il que, par la pénurie des choses, survienne une famine, et alors, en raison de la famine, une nation se lèvera contre une autre, et cela pourra arriver vers la fin du monde. Toutefois, il peut parfois arriver qu’une nation se lève contre une autre nation, non pas en raison de la pénurie, mais en raison de la vaine gloire. Parfois, [la guerre] arrive en raison des injustices des hommes. Parfois, Dieu a pitié et retient les anges mauvais par l’intermédiaire des anges bons, comme en Ez 13, 5 : Vous n’êtes pas montés aux brèches, vous n’avez pas construit une enceinte pour la maison d’Israël, pour tenir ferme dans le combat au jour du Seigneur. Le monde se maintient donc par la prière des bons.

2386. Et alors, c’est-à-dire à la fin du monde, L’AMOUR SE REFROIDIRA CHEZ UN GRAND NOMBRE [24, 12]. Il y aura alors bien des maux, car les anges bons repousseront les démons dont le rôle est de nuire à la terre et à la mer. Comme la terre et la mer sont en leur pouvoir, ils bouleverseront toute la terre. Qu’ils puissent faire cela, on le trouve en Jb 1, 7s.

Jérôme dit qu’on peut dire que l’avènement du Seigneur se produit tous les jours dans l’Église. En effet, lorsque les hérétiques font obstacle aux biens mêmes de l’Église, des PESTES spirituelles arrivent, et DES FAMINES, c’est-à-dire le manque d’un bon enseignement. Am 5 ou 7, des tremblements de terre, à savoir que des hommes qui sont solides seront ébranlés.
Louis-Claude Fillion
« mais ce ne sera pas encore la fin », avait dit plus haut, v. 6. Notre-Seigneur : il répète ici cette pensée. Tout cela, toutes ces affreuses tribulations qu’il vient d’énumérer ne sont qu’un préambule, le commencement des douleurs, annonçant d’autres tribulations plus grandes encore. Que sera-ce donc aux derniers jours ? L’expression employée dans le texte grec est littéralement : le début des douleurs de l’enfantement. « La métaphore des femmes en couches est utilisée pour rappeler que les premières douleurs qui annoncent l'enfantement sont cependant bien petites si on les compare aux tortures qui accompagnent la naissance de l'enfant » . S. Paul, dans l'Épître aux Romains, 8, 22, décrit sous la même figure les souffrances de la création dégénérée : « la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. »