Matthieu 25, 13
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Les vertus s'attirent et se suivent les unes les autres, de manière que celui qui en possède une a toutes les autres; ainsi, tous les sens marchent à la suite les uns des autres, et, par conséquent, tous les cinq sens sont nécessaire ment, ou doués de la sagesse, ou livrés à la folie.
Ou bien, ces vierges sont les sens de tous ceux qui ont reçu la parole de Dieu, car cette parole, par sa pureté, se prête et s'accommode à tous ceux que ses enseignements ont détachés du culte des idoles, pour les consacrer au culte du vrai Dieu par Jésus-Christ: «Et ayant pris leurs lampes, elles s'en allèrent»,etc. Ceux dont ces vierges sont la figure prennent leurs lampes, c'est-à-dire leurs sens extérieurs, sortent du monde et de ses erreurs, pour venir au-devant du Sauveur, qui est toujours prêt à entrer dans la maison de son épouse, la sainte Église, avec ceux qui sont dignes de l'accompagner.
Ou bien, l'huile, c'est la parole de la doctrine, qui remplit les âmes comme autant de vases. Rien, en effet, ne donne autant de force à l'âme qu'un discours moral sur une vertu quelconque, et qui est ici figuré par l'huile de la lampe. Or, les vierges sages ont pris avec elles autant de cette huile qu'il leur en fallait, même en supposant que leur mort fût éloignée, et que le Verbe dût tarder à venir pour consommer leur salut. Les vierges folles ont pris aussi avec elles leurs lam pes, qui étaient d'abord allumées; mais elles n'ont pas pris assez d'huile pour les entretenir jusqu'à la fin, parce qu'elles n'ont eu que de la négligence pour recueillir la parole divine qui fortifie la foi et entretient la lumière des bonnes oeuvres.
Ou bien, l'époux tardant à venir, et le Verbe ne venant pas aussitôt mettre un terme à notre vie, les sens, par suite de la faiblesse qui leur est naturelle, s'assoupissent comme enseve lis dans la nuit du monde. Elles s'endormirent ensuite, en négligeant de suivre les mouvements de l'esprit de vie; cependant elles ne perdirent pas leurs lampes, et les vierges sages ne déses pérèrent pas de conserver leur huile: «Mais, sur le minuit, on entendit un grand cri», etc.
Ces mêmes paroles: «Pendant qu'elles allaient etc» ., ont encore un autre sens, c'est-à-dire qu'il en est qui, après avoir négligé toutes les occasions d'apprendre ce qui pouvait leur être utile, cherchent à réparer cette négligence à la fin de leur vie, et sont prévenus par la mort.
Ou bien, c'est au milieu de la nuit, alors que le sommeil est le plus profond, qu'on entendra un grand cri, le cri des anges venant tirer tous les hommes de leur sommeil, car ce sont les ministres du Seigneur ( He 1,14 ) qui viendront faire entendre à l'oreille de tous ceux qui dorment ce cri: «Voici l'époux qui vient; allez au-devant de lui». Tous ont entendu cet appel et tous se sont levés; mais tous n'ont pas préparé convenablement leurs lampes: «Aussitôt toutes ces vierges se levèrent et préparèrent leurs lampes».L'ornement de ces lampes spirituelles, conformément à l'esprit de l'Évangile, c'est le bon et légitime usage des sens; quant à ceux qui font un mauvais usage de leurs sens, ils ne peuvent les relever par aucun ornement.
Ou bien, dans un autre sens, quoique folles, les vierges comprenaient qu'elles ne pouvaient aller au-devant de l'époux sans lumière, et qu'il fallait tenir allumées les lampes de leurs sens; mais elles s'apercevaient en même temps qu'ayant une très petite quantité de cette huile spiri tuelle, leurs lampes allaient s'éteindre au milieu des ténèbres qui approchaient. Or, les vierges sages renvoient les folles à ceux qui vendent de l'huile, parce qu'elles voient que la provision qu'elles ont faite de cette huile (c'est-à-dire de la doctrine) ne peut suffire pour entretenir en elles la vie, et pour enseigner les autres; c'est pour cela qu'elles leur disent: «Allez plutôt trouver ceux qui en vendent», c'est-à-dire les docteurs, «et achetez-en pour vous», c'est-à-dire recevez-en de leurs mains. Or, le prix auquel s'achète cette huile, c'est la persévérance, l'amour de la doctrine, le zèle et les efforts qu'inspire le désir d'apprendre.
Ou bien, cette distinction des cinq vierges sages et des cinq vierges folles établit la séparation qui existe entre les fidèles et les infidèles.
L'épouse seule, réveillée par le son de la trompette, va au devant de l'époux, car l'époux et l'épouse, c'est-à-dire Dieu et la chair, ne feront plus qu'un, parce que l'humilité de la chair sera revêtue d'une gloire toute spirituelle.
Ou bien, l'action de reprendre leurs lampes, c'est le retour des âmes dans les corps, et leur lumière, c'est la cons cience des bonnes oeuvres qui brille dans notre corps comme dans le vase qui la contient.
Ces noces, c'est le jour où nous revêtirons l'immortalité, c'est l'union qui s'établira par une nouvelle société entre la corruption et l'incorruptibilité.
Et cependant, bien que le temps de la pénitence soit passé, les vierges folles arrivent et demandent qu'on leur ouvre la porte: «Enfin les autres vierges vinrent aussi et dirent: Seigneur»,etc.
Le Sauveur dit: «Alors», car toute cette parabole se rapporte au grand jour du Seigneur ( So 1,14 Ml 4,5 Jud 6 ), dont il vient de parler.
Ou bien, l'époux et l'épouse, c'est Notre-Seigneur Dieu, uni à un corps semblable au nôtre, car la chair est comme l'épouse de l'esprit. Ces lampes, que les vierges ont prises, sont la lumière de ces âmes en qui brille la blancheur éclatante du baptême.
L'huile, c'est le fruit des bonnes oeuvres; les vases, sont les corps dans les entrailles desquels il faut cacher le trésor d'une bonne conscience. Les vierges qui ont pris de l'huile avec elles sont celles dont la foi est relevée par les oeuvres, et les vierges qui n'en ont pas sont celles qui paraissent professer la même foi, mais ne se met tent pas en peine de pratiquer les oeuvres des vertus.
Les marchands sont ceux qui, ayant besoin de la charité des fidèles, se prêtent au commerce qu'on leur demande, et qui, pour prix des secours donnés à leur indigence, nous vendent la conscience d'avoir fait une bonne oeuvre, car c'est là une source abondante de lumière qui ne s'éteint pas, qu'il faut acheter par les oeuvres de miséricorde et conserver avec soin.
Aussitôt après ton baptême, tu te tiendras debout devant le grand sanctuaire, pour signifier la gloire du monde à venir. Le chant des psaumes qui t'accueillera est le prélude des louanges célestes. Les lampes que tu allumeras préfigurent ce cortège des lumières qui conduira au-devant de l'Époux nos âmes resplendissantes et vierges, munies des lampes étincelantes de la foi.
Prenons garde à ne pas nous abandonner au sommeil, par insouciance, de peur que celui que nous attendons ne se présente à l'improviste, sans que nous l'ayons vu venir. Ne restons pas sans provision d'huile et de bonnes oeuvres, de crainte d'être exclus de la salle des noces.
Je vois, en effet, ce que sera ce malheur si affligeant. L'Époux arrivera. Une voix puissante nous appellera à nous présenter devant lui. Toutes les âmes prudentes iront à sa rencontre avec leur lampe allumée et une réserve d'huile très abondante. Les autres, pleines d'inquiétude, chercheront bien tardivement à en obtenir auprès de celles qui en seront pourvues.
L'Époux fera son entrée en grande hâte. Les premières entreront avec lui. Les autres, tout occupées à préparer leurs lampes, ne trouveront pas le temps d'entrer et seront laissées d ehors au milieu des lamentations. Elles se rendront compte trop tard de ce qu'elles auront perdu par leur insouciance. Alors, malgré toutes leurs supplications, elles ne pourront plus pénétrer dans la salle des noces dont elles se seront exclues par leur propre faute.
Elles ressembleront aussi à des invités aux noces qu'un noble père célèbre en l'honneur d'un noble époux, et qui s'abstiennent d'y prendre part. L'un, parce qu'il vient de prendre femme; un autre, parce qu'il vient d'acheter un champ; un troisième, parce qu'il a acquis une paire de boeufs (cf. Lc 14,18-20). Ce qu'ils ont obtenu ainsi leur a été bien dommageable, puisqu'ils se sont privés d'un excellent profit pour des avantages médiocres.
Car il n'y a pas de place dans le ciel pour l'orgueilleux et l'insouciant, pour l'homme sans habit convenable, qui ne porte pas le vêtement de noce (cf. Mt 22,11), même s'il s'est cru, sur terre, digne de la splendeur céleste, et s'est introduit furtivement dans le groupe des fidèles en se berçant de faux espoirs.
Qu'adviendra-t-il ensuite? L'Époux connaît ce qu'il nous enseignera quand nous serons au ciel, et il sait quelles relations il entretiendra avec les âmes qui y seront entrées avec lui. Je crois qu'il vivra en leur compagnie, et qu'il leur enseignera les mystères les plus parfaits et les plus purs.
Nous qui vous donnons cet enseignement et vous qui nous écoutez, puissions-nous y avoir part dans le Christ notre Seigneur, à qui soient la gloire et la puissance dans les siècles. Amen.
Prenons garde à ne pas nous abandonner au sommeil, par insouciance, de peur que celui que nous attendons ne se présente à l'improviste, sans que nous l'ayons vu venir. Ne restons pas sans provision d'huile et de bonnes oeuvres, de crainte d'être exclus de la salle des noces.
Je vois, en effet, ce que sera ce malheur si affligeant. L'Époux arrivera. Une voix puissante nous appellera à nous présenter devant lui. Toutes les âmes prudentes iront à sa rencontre avec leur lampe allumée et une réserve d'huile très abondante. Les autres, pleines d'inquiétude, chercheront bien tardivement à en obtenir auprès de celles qui en seront pourvues.
L'Époux fera son entrée en grande hâte. Les premières entreront avec lui. Les autres, tout occupées à préparer leurs lampes, ne trouveront pas le temps d'entrer et seront laissées d ehors au milieu des lamentations. Elles se rendront compte trop tard de ce qu'elles auront perdu par leur insouciance. Alors, malgré toutes leurs supplications, elles ne pourront plus pénétrer dans la salle des noces dont elles se seront exclues par leur propre faute.
Elles ressembleront aussi à des invités aux noces qu'un noble père célèbre en l'honneur d'un noble époux, et qui s'abstiennent d'y prendre part. L'un, parce qu'il vient de prendre femme; un autre, parce qu'il vient d'acheter un champ; un troisième, parce qu'il a acquis une paire de boeufs (cf. Lc 14,18-20). Ce qu'ils ont obtenu ainsi leur a été bien dommageable, puisqu'ils se sont privés d'un excellent profit pour des avantages médiocres.
Car il n'y a pas de place dans le ciel pour l'orgueilleux et l'insouciant, pour l'homme sans habit convenable, qui ne porte pas le vêtement de noce (cf. Mt 22,11), même s'il s'est cru, sur terre, digne de la splendeur céleste, et s'est introduit furtivement dans le groupe des fidèles en se berçant de faux espoirs.
Qu'adviendra-t-il ensuite? L'Époux connaît ce qu'il nous enseignera quand nous serons au ciel, et il sait quelles relations il entretiendra avec les âmes qui y seront entrées avec lui. Je crois qu'il vivra en leur compagnie, et qu'il leur enseignera les mystères les plus parfaits et les plus purs.
Nous qui vous donnons cet enseignement et vous qui nous écoutez, puissions-nous y avoir part dans le Christ notre Seigneur, à qui soient la gloire et la puissance dans les siècles. Amen.
Vous voyez donc quel riche commerce nous pouvons faire avec les pauvres, et ce n'est pas dans l'autre vie que nous trouverons les pauvres, mais ici-bas; c'est donc pendant cette vie qu'il nous faut faire provision de cette huile, pour alimenter notre lampe lorsque Jésus-Christ nous appellera.
Dans la parabole précédente, Notre-Seigneur nous a fait connaître quel serait le châtiment du serviteur qui frappait ses compagnons, s'enivrait et dissi pait les biens de son maître. Dans celle-ci, il nous apprend quelle sera la punition de celui dont la vie s'écoule sans bonnes oeuvres, et qui n'amasse pas en abondance les provisions spirituel les dont il aurait besoin, car les vierges folles avaient de l'huile, mais pas en quantité suffisante: «Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges».
Notre-Seigneur choisit des vierges pour en faire le sujet de cette para bole, afin de nous apprendre que la virginité est sans doute une chose excellente, mais que ce pendant, si elle est dépourvue des oeuvres de miséricorde, elle sera jetée dehors avec les adul tères.
Ou bien l'huile, dans la pensée du Sauveur, c'est la charité, c'est l'aumône et tout autre secours donné aux indigents; les lampes, sont les grâces de la virginité, et il appelle folles ces vierges qui, après avoir pratiqué ce qu'il y a de plus pénible, ont perdu tout le fruit de leurs efforts dans des épreuves beaucoup moins importantes, car il est bien plus difficile de vaincre la concupiscence de la chair que l'amour des richesses.
Ces paroles: «Pendant qu'elles allaient en acheter», nous apprennent qu'il ne nous servira de rien, pour échapper à la colère divine, d'être miséricordieux après notre mort, pas plus qu'il ne servit alors au mauvais riche de se montrer plein de tendresse et de sollicitude pour ses parents.
Ou bien, dans un autre sens, non-seulement ces vierges étaient folles, parce qu'elles ont quitté la terre sans avoir avec elle l'huile de la miséricorde, mais parce qu'elles espéraient qu'on leur donnerait de cette huile là où elles se sont adressées mal à pro pos pour en obtenir. Car bien que personne ne soit plus miséricordieux que ces vierges sages, qui ont surtout brillé par la pratique de la miséricorde, cependant elles n'ont pu accéder à la demande des vierges folles: «Les sages leur répondirent Non, de peur que ce que nous en avons ne suffise pas pour vous et pour nous». Apprenons de là qu'aucun d'entre nous ne peut espérer de soutien que des oeuvres au milieu desquelles la mort le surprendra.
Ou bien, elles s'assoupirent, c'est-à-dire qu'elles moururent; et il dit ensuite qu'elles s'endormirent, parce qu'elles devaient ressusciter. Ces paroles: «Et comme l'époux tardait à venir», nous indiquent qu'il devait s'écouler un assez long espace de temps entre le premier et le second avènement du Seigneur.
Ce sera donc tout d'un coup, au milieu du calme de la nuit, alors que tous se livrent paisiblement au repos et que le sommeil est le plus profond, que le cri des anges, et les trompettes des puissances qui précéderont le Christ, annonceront son avènement, comme il le dit lui-même: «Voici l'époux qui vient, allez au-devant de lui».
Cette huile se vend, elle s'achète à grand prix, et ne s'acquiert que par de pénibles travaux, c'est-à-dire non-seulement par les aumônes, mais par la pratique de toutes les vertus et des conseils enseignés par les maîtres spirituels.
Mais le temps d'acheter était passé, le jour du jugement étant arrivé, il n'y avait plus lieu de faire pénitence, et on les force, non pas de faire de nouvelles oeuvres, mais de rendre compte des anciennes. «Or, pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux vint, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces».
Après le jour du jugement, il n'y a plus d'occasion de pratiquer la justice et de faire de bonnes oeuvres, c'est pour cela qu'il ajoute: «Et la porte fut fermée».
Elles invoquent l'époux comme leur Seigneur, c'est une confession admirable et un témoignage redoublé de leur foi; mais que sert d'invoquer de bouche celui que vous niez par vos oeuvres?
Car Dieu connaît ceux qui sont à lui, et celui qui a voulu ignorer sera lui-même ignoré ( 1Co 14,38 ). Et bien que ces vierges folles soient vierges par la pureté du corps, et par la profession de la vraie foi, cependant elles ne seront pas reconnues par l'époux, parce qu'elles n'ont pas d'huile dans leurs lampes. Ces paroles: «Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour ni l'heure», nous apprennent que tout ce qui précède a pour but de nous exciter à préparer avec soin la lumière de nos bon nes oeuvres, parce que nous ignorons le jour du jugement.
Il en est qui appliquent exclusivement aux vierges cette parabole des vierges folles et des vierges prudentes; les unes, d'après l'Apôtre, sont vierges d'esprit et de corps ( 1Co 7 ); les autres n'ont en partage que la virginité du corps, sans les oeuvres de la virginité; ou bien, tout en demeurant sous la garde de leurs parents, elles ne laissent pas d'être mariées par les désirs de leur coeur. Mais, d'après les antécédents, cette parabole me paraît avoir une signification différente et se rapporter, non pas seulement à ceux qui sont vierges de corps, mais à tout le genre humain.
Il y a en nous cinq sens qui aspirent aux choses célestes et qui désirent les biens du ciel. Il a été dit en particulier du sens de la vue, de l'ouïe et du toucher: «Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, et ce que nos mains ont touché» ( 1Jn 1,1 ); du sens du goût: « Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux» ( Ps 34,9 ); du sens de l'odorat: « Nous courrons sur tes pas à l'odeur de tes parfums» ( Ct 1,2-4 ). Mais il y aussi cinq autres sens qui soupirent avec ardeur après les plaisirs fangeux de la terre.
Suivant la tradition des Juifs, le Christ doit venir au milieu de la nuit comme au temps de la délivrance de la servitude d'Egypte, alors que la Pâque fut célébrée, que l'ange exterminateur fut envoyé, que le Seigneur passa au-dessus des tentes, et que le seuil de nos portes fut consacré par le sang de l'agneau. Je pense que c'est de là qu'est venue cette tradi tion apostolique, qui subsiste encore, de ne point permettre aux fidèles, la veille de Pâques, de quitter l'Église avant le milieu de la nuit, pour leur faire attendre l'arrivée et la résurrection de Jésus-Christ, afin que, après l'accomplissement de cet heureux événement, ils puissent célébrer en toute sécurité ce grand jour de fête. C'est en vue de cette nuit solennelle que le Psalmiste disait: « Je me levais au milieu de la nuit pour chanter vos louanges» ( Ps 119 ).
Ou bien, ces vierges qui se plaignent de voir leurs lampes éteintes, montrent qu'elles ont encore quelque lumière; mais cette lumière n'est pas persévérante, et leurs oeuvres n'ont aucun caractère de durée. Celui donc qui a le bonheur d'avoir une âme virginale et d'aimer la pureté ne doit point placer sa joie dans les choses vaines et futile s qui passent et qui se dessèchent si vite aux premières ardeurs du soleil, et il s'attache à la pratique des vertus parfaites, pour jouir d'une lumière éternelle.
Car ce n'est point par avarice, mais par un sentiment de crainte que les vierges sa ges font cette réponse. Donc chacun de nous recevra la récompense due à ses oeuvres, et, au jour du jugement, ni les vertus ni les vices des autres ne nous seront d'aucune utilité. Les vier ges sages donnent le conseil de ne point aller au-devant de l'époux sans avoir de l'huile dans les lampes: «Allez plutôt à ceux qui en vendent, et achetez-en ce qu'il vous en faut».
Ou bien, au milieu de la nuit, c'est-à-dire au moment où personne ne soupçonnera l'arrivée de l'époux et ne s'y attendra.
Les bons comme les mauvais parmi les hommes meurent dans l'intervalle du temps qui s'écoule jusqu'à la résurrection des morts, laquelle aura lieu à l'avènement du Seigneur.
Elles préparèrent leurs lampes, c'est-à-dire le compte qu'elles devaient rendre de leurs oeuvres.
Après qu'on a reçu ceux qui, par une bienheureuse transformation, sont appelés à la vie des anges, la porte du royaume des cieux est fermée, car, après le jugement, il n'y a plus de place, ni pour les prières, ni pour les mérites.
Non seulement nous ignorons le temps où doit venir l'époux, mais encore chacun de nous ignore le jour et l'heure de sa mort, et celui qui s'y tient toujours préparé le sera aussi lorsque retentira cette voix qui doit réveiller tous les morts dans leurs tombeaux.
Il en est qui ont voulu expliquer cette pa rabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles, en la rapportant à l'avènement qui s'accomplit tous les jours par le moyen de l'Église; mais il ne faut pas adopter témérairement cette explication, de peur de rencontrer, dans la parabole, quelques circonstances qui la contredisent formellement.
Il n'est point dit qu'elles achetèrent de l'huile, il faut donc supposer qu'ayant perdu toute la joie que leur donnaient les louanges des hommes, elles en sont réduites à implorer la bonté divine au milieu de leurs angoisses et de leurs afflictions. Mais, après le jugement, la sévérité de Dieu est égale à la miséricorde ineffable qui l'a précédé, comme l'indiquent les paroles qui suivent: «Mais il leur répondit: Je vous le dis en vérité, je ne vous connais point».Telle est en effet la règle du plan divin, ou plutôt de la sagesse divine, de ne point laisser entrer dans sa joie éternelle ceux qui, dans les efforts qu'ils ont faits pour accomplir ses commandements, n'ont eu pour but que de plaire aux hommes et non pas à Dieu.
Ou bien, les lampes qu'on porte à la main représentent les oeuvres, car il est écrit ( Mt 5,16 ): « Que vos oeuvres brillent aux yeux des hommes ».
Ou bien, les cinq vierges sages représentent la continence que nous devons pratiquer dans les cinq sens du corps, en les séparant des attraits de la chair, car nous devons interdire aux désirs de notre âme les plaisirs de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, du goût et du toucher. Mais comme les uns observent cette continence sous les yeux de Dieu, dans le but unique de lui plaire par la joie intérieure de la conscience, et les au tres, devant les hommes, pour mériter leur estime, cinq d'entre ces vierges sont sages et cinq sont folles; toutes cependant sont vierges, parce que toutes gardent la continence, quoiqu'elles aient un foyer d'action différent.
Ou bien, l'huile, à mon avis, figure la joie elle-même, d'après ces paroles du Roi-prophète: « Votre Dieu vous a sacré d'une huile de joie » ( Ps 45,8 ). Celui donc dont la joie n'a point pour motif qu'il plaît intérieurement à Dieu, n'a pas d'huile avec lui, car il ne possède point la véritable joie, puisqu'il ne pratique la continence que pour obtenir les louanges des hommes. Les vierges sages, au contraire, prennent avec leurs lampes de l'huile dans leurs va ses, c'est-à-dire qu'elles portent dans leur coeur et dans leur conscience la joie des bonnes oeuvres, selon le conseil de l'Apôtre « Que l'homme examine ses propres actions, et alors il aura seulement de quoi se glorifier en lui-même et non dans un autre» ( Ga 6,4 ).
Je pense que ce qui est dit ici, que les vierges seules vont au-devant de l'époux, doit s'entendre en ce sens que ce sont les vierges elles-mêmes qui sont l'épouse. C'est ainsi que, lorsque tous les chrétiens se rendent dans le sein de l'Église, nous disons que ce sont des enfants qui accourent à leur mère, quoique cette mère n'est autre que la réunion des enfants eux-mêmes. Or, maintenant, l'Église est une vierge fiancée, et qui doit être unie à son époux, et elle célébrera ces noces divines au jour où, dépouillée de tout ce qu'elle avait de périssable et de mortel, Dieu l'appellera aux joies d'une nouvelle union.
Ces vierges folles, selon leur habitude, recherchent toujours ce qui fait le sujet ordinaire de leur joie. C'est pour cela qu'elles veulent porter devant Dieu, qui pénètre le fond des coeurs, le témoignage des hommes pour qui les secrets des coeurs sont invisibles; mais toutes ces actions, qui n'ont d'autre soutien que les louanges des hommes, tombent et disparaissent dès que ce soutien vient à leur manquer, et voilà pourquoi leurs lampes s'éteignent.
Ou bien, ce n'est pas un conseil qu'elles donnent, mais un reproche indirect qu'elles font aux vierges folles de leur négligence; car ceux qui vendent de l'huile sont les flatteurs, qui, en donnant des éloges aux fausses vertus ou aux actions qu'ils ignorent, jettent les âmes dans l'erreur, et qui, pour prix de la vaine joie qu'ils leur ont inspirée comme à des insensées, reçoivent des avantages temporels. Les vierges sages leur disent: «Allez à ceux qui en ven dent, et achetez-en ce qu'il vous faut», c'est-à-dire voyons quelle utilité vous retirerez de ceux qui s'étaient fait une habitude de vous vendre leurs louanges. Elles ajoutent: «De peur que ce que nous en avons ne suffise pas pour nous et pour vous»,car un témoignage étranger n'a aucune valeur auprès de Dieu, pour qui les secrets du coeur sont à découvert, et c'est à peine si le témoignage que la conscience rend à chacun de nous peut suffire devant lui.
Ou bien encore, pendant qu'elles allaient en acheter, c'est-à-dire pendant qu'elles se répandaient au dehors, pour y trouver le sujet ordinaire de leur joie, parce qu'elles ne connaissaient pas les joies intérieures, le juge vint, et celles qui étaient prêtes, c'est-à-dire celles à qui leur cons cience rendait témoignage devant Dieu, entrèrent avec lui aux noces, où l'âme pure s'unit, pour en être fécondée, au Verbe de Dieu, source de toute pureté et de toute perfection.
Ce sommeil, c'est la mort et l'assoupissement qui précède le sommeil, c'est, avant la mort, la langueur pour tout ce qui concerne le salut, car cet assoupis sement conduit directement à la mort.
Il est à remarquer que toutes ces vierges portent des lampes, mais qu'elles n'ont pas toutes de l'huile: «Mais les cinq vierges folles ayant pris leurs lampes, ne prirent pas d'huile avec elles».
Ou bien, toutes les vierges se lèvent, parce que les élus et les réprouvés sont réveillés du sommeil de la mort, et ils préparent leurs lampes, parce qu'ils font en eux-mêmes le dénombrement des oeuvres qui peuvent leur permettre d'espérer l'éternelle félicité.
L'Église de la terre est appelée le royaume des cieux, comme dans cet autre passage: « Le Fils de l'homme enverra ses anges, et ils arracheront les scandales de son royaume» ( Mt 13,41 ).
Ceux dont la foi est droite et la vie pure sont semblables aux cinq vierges sages; mais ceux qui font profession de la foi chrétienne, sans chercher à assurer leur salut par les bonnes oeuvres, ressemblent aux cinq vierges folles: «Il y en avait cinq d'entre elles qui étaient folles et cinq qui étaient sages».
Tout homme possède en double chacun des cinq sens, et le nombre cinq étant doublé donne le nombre dix. Or, comme les deux sexes concourent à former la multitude des fidèles, la sainte Église nous est représentée sous la figure de ces dix vierges, et, comme les bons s'y trouvent mêlés aux méchants, et les réprouvés avec les élus, elle est comparée avec raison aux vierges sages et aux vierges folles.
Mais les lampes des vierges folles s'éteignent, parce que leurs oeuvres, qui avaient paru briller d'un certain éclat extérieur aux yeux des hommes, s'obscurcissent intérieu rement à l'approche du juste Juge: «Mais les folles dirent aux sages: Donnez-nous de votre huile»,etc. Elles demandent de l'huile aux vierges prudentes, c'est-à-dire que, sentant et comprenant leur indigence intérieure, elles cherchent au dehors des témoignages favorables. Leur trop grande confiance les a trompées, et, sous l'empire de cette déception, elles disent à leurs compagnes: Puisque vous nous voyez rejetées à cause du défaut de bonnes oeuvres, ren dez témoignage à ce que vous avez vu de notre vie.
La Glose
Sous le coup de la douleur qu'elles éprouvent de se voir re poussées, elles l'appellent par deux fois: Seigneur, Seigneur, car elles n'osent donner le nom de père à celui dont elles ont méprisé la miséricorde pendant toute leur vie.
2518. En conséquence, [le Seigneur] conclut : VEILLEZ DONC, CAR VOUS NE SAVEZ NI LE JOUR NI L’HEURE.
C'est la
morale de la parabole. Jésus l'adresse à ses Apôtres et à tous les chrétiens, pour qu'ils évitent le malheureux
sort des vierges folles. - Vous ne savez ni le jour ni l'heure ; cf. 24, 42. « afin que la sollicitude de la foi soit
éprouvée par une attente pleine d'anxiété, les yeux constamment fixés sur ce jour, parce qu'elle l'ignore
constamment, craignant tous les jours parce qu'elle espère tous les jours », Tertullien de Anima, 33. Un
écrivain anglais, M. Arnot, fait remarquer le frappant contraste qui existe entre la nature insignifiante du trait
qui forme le fond de cette parabole et la sublimité de la leçon qui en ressort. « Quelques jeunes filles de la
campagne arrivant trop tard pour un mariage et se trouvant pour ce motif exclues de la fête, en soi ce n'est
assurément pas un grand événement ; et pourtant je connais à peine d'autres paroles écrites dans le langage
humain qui contiennent une leçon plus éclatante que la conclusion de ce récit. » - Il nous reste encore à ajouter quelques mots pour compléter l'application de la parabole. Au dire de S. Jean Chrysostôme et de
plusieurs autres commentateurs anciens, les dix vierges représenteraient seulement les personnes qui ont fait
profession de virginité, dans le sens strict et littéral de cette expression. Mais c'est là une erreur que réfutaient
déjà S. Augustin et S. Jérôme. Ce dernier écrit : « cette parabole me paraît avoir une signification différente
et se rapporter, non pas seulement à ceux qui sont vierges de corps, mais à tout le genre humain ». La
parabole convient donc sans exception à tous les hommes, ou du moins, d'après S. Augustin, « à toutes les
âmes qui possèdent la foi catholique ». - L'époux est évidemment le Christ, célébrant ses noces avec l'Église ;
la maison où on l'attend figure ce monde. Il viendra à la fin des temps pour conduire au ciel sa fiancée, mais
tous n'auront pas le bonheur de l'accompagner : les âmes vigilantes, dont les vierges sages sont le type,
participeront seules à l'éternel festin des noces. - Disons enfin pour être complet sur la Parabole des dix
vierges, que l'art chrétien en a fait au moyen âge un de ses sujets favoris. Elle a été souvent représentée parmi
les scènes du jugement dernier qui ornent le portail de nos vieilles cathédrales. « On rencontre, dit M. de
Caumont, Architecture relig. au moyen âge, p. 345, dans les voussures des portes dix statuettes de femmes,
les unes tenant soigneusement à deux mains une lampe en forme de coupe ; les autres tenant négligemment
d'une seule main la même lampe renversée. Le sculpteur a toujours eu soin de placer les vierges sages à
droite du Christ et du côté des bienheureux, les vierges folles à sa gauche, du côté des réprouvés ». Voir
l'ouvrage de M. l'abbé Cerf sur la cathédrale de Reims, description du portail du Nord, t. 2, p. 54 et ss.
Dans les paroles de cette antienne liturgique est exprimée aussi la vérité du «grand retournement» qui est déterminé pour l'homme par le mystère de l'Incarnation. C'est un retournement qui affecte toute son histoire, depuis le commencement qui nous est révélé par les premiers chapitres de la Genèse jusqu'à son terme ultime, dans la perspective de la fin du monde dont Jésus ne nous a révélé «ni le jour ni l'heure» (Mt 25, 13). C'est un revirement incessant, continuel, entre la chute et le relèvement, entre l'homme dans le péché et l'homme dans la grâce et la justice. La liturgie, surtout pendant l'Avent, se place au point névralgique de ce retournement et en touche l'incessant «aujourd'hui», alors qu'elle nous fait dire: «Viens au secours du peuple qui tombe, et qui cherche à se relever»!