Matthieu 25, 14
« C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
« C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
2519. Plus haut, le Seigneur a proposé la parabole du jugement, dans laquelle des reproches sont adressés à celui qui ne conserve pas un bien spirituel reçu intérieurement ; ici, [le Seigneur] présente une parabole dans laquelle quelqu’un ne fait pas fructifier les biens reçus. Elle se divise donc : premièrement, il est question de la distribution des dons ; deuxièmement, de l’usage qui en est fait ; troisièmement, du jugement de ceux qui en font usage. Le second point [se trouve] en cet endroit : CELUI QUI AVAIT REÇU CINQ TALENTS S’EN ALLA, etc. [25, 16] ; le troisième, en cet endroit : APRÈS UN LONG TEMPS, etc. [25, 19].
2520. À propos du premier point, [le Seigneur] fait trois choses : premièrement, il présente la nécessité de distribuer ; deuxièmement, la distribution ; troisièmement, le départ de celui qui distribue.
Il montre la nécessité par ce qu’il dit : C’EST COMME UN HOMME, QUI PARTANT EN VOYAGE, APPELA SES SERVITEURS ET LEUR REMIT SES BIENS. Vous devez remarquer ici que cet homme est le Christ. Nous pouvons dire qu’il est parti en voyage de trois manières : parce qu’il se dirigeait vers un endroit où, bien que [celui-ci] lui appartînt en propre par [sa] divinité, à savoir, le ciel, il se rendait comme pèlerin selon [sa] chair, car aucune chair n’y était montée. Ainsi, Jn 3, 13 : Personne ne monte au ciel que celui qui descend du ciel, le Fils de l’homme qui est au ciel. De même, il partait vers le ciel puisque, pèlerin dans le monde, il partait vers le ciel. Jr 14, 8 : Pourquoi es-tu comme un étranger sur la terre et comme un voyageur qui refuse de rester ? On peut aussi l’entendre spirituellement : maintenant, il s’éloigne de nous parce que nous nous éloignons de lui. 2 Co 5, 6 : Alors que nous sommes dans notre corps, nous cheminons loin du Seigneur. Mais lorsque nous le verrons, alors nous ne serons plus comme des pèlerins, mais comme des citoyens et des familiers de Dieu.
2521. Et il faut remarquer que, comme le dit Origène, là où on dit COMME, il faut ajouter quelque chose, pour que cela soit une comparaison, tel qu’on le lit plus haut, 24, 27 : Comme l’éclair surgit de l’orient, de même en sera-t-il de l’avènement du Fils de Dieu. Mais ici, cela n’est pas présenté comme une comparaison et, par la suite, rien d’autre n’est présenté. Pour cette raison, il faut le lire ainsi : un homme, partant en voyage en tant qu’homme, car le Christ est Dieu et homme. De sorte que, en tant que Dieu, il ne part pas en voyage, car tout est à nu et accessible à ses yeux, He 4, 13. Mais il part en voyage en tant qu’homme. Jn 1, 14 : Nous l’avons vu, le Fils unique issu du Père, c’est-à-dire comme un Fils unique issu du Père.
2522. Et parce qu’il partait en voyage, il lui était nécessaire de confier ses biens. Il fait cela lorsqu’il dit : IL APPELA SES SERVITEURS ET LEUR REMIT SES BIENS. Premièrement, la générosité du donateur est abordée ; deuxièmement, la diversité des biens, ainsi que la liberté de donner.
2523. La générosité de celui qui donne est abordée sous deux aspects : il prend les devants auprès de ceux à qui il donne ; de même, il donne avec largesse. Il prend les devants, car celui qui attend pour donner, diminue sa générosité. Mais le Seigneur n’agit pas ainsi. Ps 20[21], 4 : Seigneur, tu es allé au-devant de lui par tes douces bénédictions. IL APPELA DONC SES SERVITEURS : ce ne sont pas eux qui l’ont [appelé]. Ainsi, en Jn 15, 16 : Vous ne m’avez pas choisi, mais moi je vous ai choisis. Rm 8, 29 : Ceux qu’il a connus à l’avance, il les a aussi prédestinés. Sa générosité est aussi abordée, car [il remet] ce qui lui appartient : IL LEUR REMIT SES BIENS, et non pas ceux d’un autre. Certains sont généreux avec les biens des autres, mais non avec les leurs ; lui l’est avec ce qui lui appartient. On peut ainsi entendre de lui ce qui est dit en Ps 67[68], 19 : Tu as gravi les hauteurs, pris des captifs, tu as donné des dons aux hommes.
2520. À propos du premier point, [le Seigneur] fait trois choses : premièrement, il présente la nécessité de distribuer ; deuxièmement, la distribution ; troisièmement, le départ de celui qui distribue.
Il montre la nécessité par ce qu’il dit : C’EST COMME UN HOMME, QUI PARTANT EN VOYAGE, APPELA SES SERVITEURS ET LEUR REMIT SES BIENS. Vous devez remarquer ici que cet homme est le Christ. Nous pouvons dire qu’il est parti en voyage de trois manières : parce qu’il se dirigeait vers un endroit où, bien que [celui-ci] lui appartînt en propre par [sa] divinité, à savoir, le ciel, il se rendait comme pèlerin selon [sa] chair, car aucune chair n’y était montée. Ainsi, Jn 3, 13 : Personne ne monte au ciel que celui qui descend du ciel, le Fils de l’homme qui est au ciel. De même, il partait vers le ciel puisque, pèlerin dans le monde, il partait vers le ciel. Jr 14, 8 : Pourquoi es-tu comme un étranger sur la terre et comme un voyageur qui refuse de rester ? On peut aussi l’entendre spirituellement : maintenant, il s’éloigne de nous parce que nous nous éloignons de lui. 2 Co 5, 6 : Alors que nous sommes dans notre corps, nous cheminons loin du Seigneur. Mais lorsque nous le verrons, alors nous ne serons plus comme des pèlerins, mais comme des citoyens et des familiers de Dieu.
2521. Et il faut remarquer que, comme le dit Origène, là où on dit COMME, il faut ajouter quelque chose, pour que cela soit une comparaison, tel qu’on le lit plus haut, 24, 27 : Comme l’éclair surgit de l’orient, de même en sera-t-il de l’avènement du Fils de Dieu. Mais ici, cela n’est pas présenté comme une comparaison et, par la suite, rien d’autre n’est présenté. Pour cette raison, il faut le lire ainsi : un homme, partant en voyage en tant qu’homme, car le Christ est Dieu et homme. De sorte que, en tant que Dieu, il ne part pas en voyage, car tout est à nu et accessible à ses yeux, He 4, 13. Mais il part en voyage en tant qu’homme. Jn 1, 14 : Nous l’avons vu, le Fils unique issu du Père, c’est-à-dire comme un Fils unique issu du Père.
2522. Et parce qu’il partait en voyage, il lui était nécessaire de confier ses biens. Il fait cela lorsqu’il dit : IL APPELA SES SERVITEURS ET LEUR REMIT SES BIENS. Premièrement, la générosité du donateur est abordée ; deuxièmement, la diversité des biens, ainsi que la liberté de donner.
2523. La générosité de celui qui donne est abordée sous deux aspects : il prend les devants auprès de ceux à qui il donne ; de même, il donne avec largesse. Il prend les devants, car celui qui attend pour donner, diminue sa générosité. Mais le Seigneur n’agit pas ainsi. Ps 20[21], 4 : Seigneur, tu es allé au-devant de lui par tes douces bénédictions. IL APPELA DONC SES SERVITEURS : ce ne sont pas eux qui l’ont [appelé]. Ainsi, en Jn 15, 16 : Vous ne m’avez pas choisi, mais moi je vous ai choisis. Rm 8, 29 : Ceux qu’il a connus à l’avance, il les a aussi prédestinés. Sa générosité est aussi abordée, car [il remet] ce qui lui appartient : IL LEUR REMIT SES BIENS, et non pas ceux d’un autre. Certains sont généreux avec les biens des autres, mais non avec les leurs ; lui l’est avec ce qui lui appartient. On peut ainsi entendre de lui ce qui est dit en Ps 67[68], 19 : Tu as gravi les hauteurs, pris des captifs, tu as donné des dons aux hommes.
La particule car introduit un nouveau motif de vigilance,
exprimé, lui aussi, sous une forme allégorique. La parabole des dix vierges et celles des talents se
ressemblent donc au point de vue de la leçon générale qu'elles renferment. L'exhortation est au fond la
même, bien qu'il y ait des nuances et une gradation dans la pensée. Ainsi, tandis que la parabole précédente
nous montrait les vierges attendant leur maître, celle-ci nous fait voir les serviteurs travaillant, agissant pour
lui : d'un côté, par conséquent, c'est la vie active du chrétien ; de l'autre, c'est la vie contemplative, qui est
plus spécialement décrite. Mais, quoique la nécessité de la diligence au service de Dieu soit fortement
inculquée des deux parts, on comprend mieux, dans la seconde parabole, la sévérité des comptes qu'il faudra
rendre un jour. On peut établir encore, d'après Gerhard, Harm. Evang., p. 164, le rapprochement suivant entre
les deux objets - lampes et talents - qui forment la substance des deux fictions : « La lampe qui brille est le
talent que l'on met en œuvre ; la lampe éteinte, le talent qui ne rapporte rien et que l'on a enterré ». Voilà pour
l'enchaînement général ; passons maintenant à l'explication des traits particuliers. - Un homme. Cet homme
est la figure de Notre-Seigneur Jésus-Christ, souverain Juge des vivants et des morts. - Partant pour un long
voyage ; allusion à la mort prochaine et à l'Ascension du Sauveur. Sur le point d'enlever à l'Église sa
présence visible, il ressemblait en effet à un homme qui, au moment de partir pour un lointain voyage, met
ses affaires en ordre et laisse des instructions à ses serviteurs. « À cause de l’amour qu’il avait pour les saints
qu’il laissait sur la terre, il dit que c’est à regret qu’il retourne vers le Père, bien qu’il lui fût pénible de
demeurer dans le monde », Auct. Operis Imperf., Hom. 53. - Appela ses serviteurs : ses propres esclaves, qui
lui appartenaient complètement, réellement. Ce sont tous les chrétiens, dont Jésus-Christ est devenu Maître
par sa Passion et par sa mort ; ou encore, tous les hommes, qui sont la propriété absolue du Dieu-Créateur. Le
sens de la parabole est en effet général et il n'y a aucune raison de le restreindre. - Et leur remit … Ce n'est
pas de sa part une donation proprement dite, nous le verrons par la suite du récit : mais ce n'est pas non plus
un simple dépôt. Il leur confie ses biens pour qu'ils les administrent et qu'ils les fassent valoir en son absence.
Aujourd'hui rien de semblable ne se passe parmi nous. Quand un maître de maison s'éloigne pour un temps
considérable, il ne pense guère à remettre à chacun de ses serviteurs une somme d'argent, pour qu'ils la lui
remettent au moment de son retour plus ou moins grossie par leurs spéculations et par leur industrie. Mais
c'était un usage très commun dans l'antiquité, cf. Smith, Diction. of Greek a. Rom. Antiq. s. v. Servus, et c'est
à cet usage que Notre-Seigneur rattache sa parabole. - Les biens confiés aux esclaves par le riche père de
famille représentent les grâces de tout genre, spécialement les faveurs spirituelles, que Dieu accorde en si
grande abondance à tous les hommes. Ce sont pareillement des sommes à faire valoir. - Notons, avant de
quitter ce verset, qu'il est inachevé, la phrase demeurant suspendue. On peut le compléter de deux manières :
ou en admettant l'ellipse du sujet, « le Royaume des cieux est semble à un homme… qui appela... », ou en
suppléant un membre de phrase à la fin : « Ainsi fera le Fils de l'homme ».
En venant au monde, l’homme ne dispose pas de tout ce qui est nécessaire au développement de sa vie, corporelle et spirituelle. Il a besoin des autres. Des différences apparaissent liées à l’âge, aux capacités physiques, aux aptitudes intellectuelles ou morales, aux échanges dont chacun a pu bénéficier, à la distribution des richesses (cf. GS 29, § 2). Les " talents " ne sont pas distribués également (cf. Mt 25, 14-30 ; Lc 19, 11-27).