Matthieu 25, 27

Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.

Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.
Saint Thomas d'Aquin
2560. TU AURAIS PLACÉ MON ARGENT CHEZ LES BANQUIERS. Puis vient ensuite : «Tu dis que je moissonne où je n’ai pas semé et que je récolte où je n’ai pas répandu. Mais parce que j’agis ainsi, je veux bien davantage que mon argent se multiplie.» Il parle selon la comparaison qu’on utilise : on confie de l’argent [à un banquier] afin qu’il se multiplie. Cet argent, ce sont les paroles de Dieu. C’est pourquoi, en grec, on lit argyria : en effet, par l’argent, qui produit un son, est indiquée la parole de Dieu. Ps 11[12], 7 : Les paroles du Seigneur sont des paroles sincères, comme de l’argent épuré au feu.

2561. On peut entendre les banquiers de deux manières, en raison de leur double fonction, car ils ont la fonction de vérifier que l’argent est bon, et aussi celle de gagner l’argent qui est présenté. Selon la première [fonction], les banquiers sont les auditeurs qui doivent éprouver ce qu’ils entendent. Jb 12, 11 : Est-ce que l’oreille ne juge pas des paroles ? De même, [ce sont] ceux qui multiplient, comme les apôtres, qui ont donné aux autres le don de l’Esprit Saint et établissent des évêques, etc. Tt 1, 5 : Je t’ai envoyé en Crète afin que tu établisses des anciens dans les villes, etc.

2562. ET, À MON RETOUR, J’AURAIS RETROUVÉ MON BIEN ET PLUS. Ce bien en aurait donc découlé. Et quel est ce bien ? Il est triple. Comme le Seigneur te donne l’intelligence et que tu t’efforces d’agir, tu multiplies. Jc 1, 22 : Mettez la parole en pratique et ne vous limitez pas à l’écouter. De même, comme le Seigneur [te] donne une capacité et que tu t’efforces de bien l’utiliser. 1 P 2, 2 : Comme des enfants nouveau-nés, désirez le lait non frelaté de la parole, afin que, par lui, vous croissiez en vue du salut. De même, ce que tu as en toi-même, efforce-toi de le communiquer aux autres.
Louis-Claude Fillion
Tu devais tirer la conséquence, d'ailleurs si évidente, qui ressortait de ton raisonnement. - Remettre mon argent... Dans le grec, on a une expression pittoresque qui signifie « jeter une somme d'argent sur la table d'un banquier » ; cf. Luc. 198, 23. - Aux banquiers. Les « numularii » remplissaient chez les anciens le rôle de nos changeurs modernes : ils y associaient celui de banquiers, car ils tenaient une banque ouverte, recevant et prêtant à intérêt. - J'aurais retiré avec intérêt. Le bénéfice eût pu être considérable, car les taux étaient très élevés dans l'antiquité. Bien entendu, il serait tout à fait arbitraire de prétendre prouver par ce trait de notre parabole la légitimité de l'usure. Quand Notre-Seigneur appuie quelques instructions sur les usages de la vie commune, il n'entend nullement se prononcer par là-même sur leur valeur morale. - Le sens de la réflexion adressée ici au mauvais serviteur est bien clair : si tu n'avais pas assez d'énergie pour te livrer à un négoce pénible qui t'eût permis de doubler mon talent, du moins pouvais-tu le grossir sans beaucoup de peine. Pour cela il n'était pas même nécessaire de creuser un trou en terre, comme tu l'as fait : il suffisait de jeter l'argent sur la table d'un changeur. Au moral : « Il entend par là que s’il n’a pas osé se servir du don de Dieu dans des actions remplies de péril, il doit quand même s’en servir dans des actions qui sont profitables sans être périlleuses », Cajetan, in h.l. Il est tant de manières d'utiliser les grâces de Dieu, les talents qu'ils nous a confiés : Malheur à qui les laisserait dormir sans fruit, puisque tous sont capables d'en tirer quelque avantage !
Fulcran Vigouroux
Il fallait donc, etc. Par cette comparaison, Jésus-Christ veut nous montrer que nous ne devons rien négliger pour faire valoir les grâces que nous avons reçues de Dieu, soit pour notre perfection, soit pour le salut de nos frères.