Matthieu 25, 29

À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.

À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.
Saint Thomas d'Aquin
2565. Ensuite est présentée la sentence générale : CAR À TOUT HOMME QUI A, L’ON DONNERA, ET IL AURA DU SURPLUS.

Cela peut être interprété de quatre manières. Première [interprétation] : selon Grégoire, on ne peut enlever à quelqu’un ce qu’il n’a pas. Mais il arrive que quelqu’un possède des dons gratuits et n’ait pas la charité. Ainsi, tout lui sera enlevé, car il ne possède pas pour son bien. 1 Co 13, 1 : Quand je posséderais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je deviens comme l’airain qui sonne et la cymbale qui retentit. Ainsi, si l’homme possède la charité, beaucoup de dons lui sont donnés, car il recevra le bien d’un autre, puisqu’il se réjouira du bien de l’autre comme du sien propre.

2566. Chrysostome interprète cela de l’enseignement : celui qui possède la grâce de l’enseignement et ne s’y exerce pas, la perd. Un autre qui ne la possède pas mais s’y exerce, l’acquiert, au point de devenir docteur.

Jérôme donne l’interprétation suivante : quelqu’un qui a du talent et se livre à l’oisiveté devient inculte et engourdi ; quelqu’un qui n’a pas de talent mais s’y exerce acquiert le talent. Et ainsi, la science et le talent sont donnés à celui qui étudie ; et même ce qu’il possède, à savoir, le talent, sera enlevé à celui qui ne l’a pas. De même, selon Jérôme, on interprète cela de la foi, car, à celui qui a la foi, la grâce est donnée. Ep 2, 8 : Vous êtes sauvés par la grâce en vertu de la foi. De sorte que celui qui n’aurait pas la foi, même s’il possédait d’autres choses, celles-ci ne vaudraient rien sans la foi.

Mais Hilaire l’interprète du peuple des Juifs et de Gentils, car les Juifs paraissaient posséder la loi de Dieu et n’ont pas voulu obéir ; ils sont donc devenus des étrangers. Mais le peuple des Gentils a reçu ce qu’il n’avait pas et a partagé la bénédiction de l’olivier.
Louis-Claude Fillion
Voir l'explication du proverbe au chap. 13, v. 12, où nous avons déjà rencontré cet adage dans une autre instruction de Jésus. - Cicéron exprime une pensée semblable lorsqu'il dit : « Les mêmes lois de la nature, qui, par le motif de l'intérêt général, interdisent la moindre entreprise sur le bien d'autrui, justifient, par le même motif, le citoyen sage, laborieux, bien méritant, dont la perte serait un dommage public, d'enlever ce qui lui est absolument nécessaire pour ne pas mourir au citoyen oiseux qui jouit du superflu », Offic. 3. Plusieurs commentateurs, après avoir rappelé l'analogie qui existe entre les faits du monde naturel et ceux du monde moral, mentionnent fort à propos la loi bien connue d'après laquelle un membre du corps humain devient plus vigoureux et plus souple par l'exercice, tandis qu'il perd graduellement sa force et jusqu'à la puissance d'agir si on le laisse constamment immobile. Il en est de même, ajoutent-ils, des dons que le Seigneur répand sur nous : utilisés, ils se multiplient ; négligés, ils dépérissent. Voir Abbot, Comment. h. l. ; Trench, Notes on the Parables, 13ème édit., p. 283.