Matthieu 25, 34
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
2583. ALORS LE ROI DIRA À CEUX QUI SONT À DROITE, etc. Ici, il est question du jugement : premièrement, la sentence touchant les bons est prononcée ; deuxièmement, [la sentence touchant] les mauvais ; troisièmement, il propose un complément.
À propos du premier point, [le roi] fait trois choses : premièrement, la sentence est présentée ; deuxièmement, l’admiration de ceux qui doivent être sauvés ; troisièmement, la satisfaction. Le second point [se trouve] en cet endroit : ALORS LES JUSTES LUI RÉPONDRONT [25, 37] ; le troisième, en cet endroit : ET LE ROI LEUR RÉPONDRA [25, 40].
À propos du premier point, il fait deux choses : premièrement, il invite à la récompense ; deuxièmement, il [la] compare au mérite.
2584. [Le Seigneur] dit donc : ALORS LE ROI DIRA. [Le Seigneur] l’appelle ROI, car il appartient au roi de juger. Pr 20, 8 : Le roi qui siège sur son trône dissipe tout mal par son regard. Mais une question se pose : cela se fera-t-il par une sentence orale ? Certains disent que cela se fera oralement et que le jugement prendra beaucoup de temps. C’est ce que disait Lactance, qu’il durerait mille ans. Mais cela n’est pas vrai. Cela doit être mis en rapport avec une parole intérieure qui conduit à la connaissance des hommes, car les bons sont dignes de gloire et les mauvais, de peine. Ce qu’ils diront ne se fera donc pas par voie orale, mais selon une inspiration intérieure. C’est ce que dit Augustin : «Par la puissance divine, ce que chacun a fait lui apparaîtra.» Cela est clair par ce que dit l’Apôtre, Rm 2, 15 : Leur conscience leur rendra témoignage et leurs pensées les accuseront ou les défendront, le jour où le Seigneur jugera les secrets des hommes, etc. Il faut donc mettre ceci en rapport avec une parole intérieure.
2585. Et [le Seigneur] semble toucher trois choses, car l’invitation est présentée, la raison de la sentence et la récompense. L’invitation : VENEZ, LES BÉNIS DE MON PÈRE. Mais pourquoi dit-il : LES BÉNIS DE MON PÈRE ? Parce qu’il n’en adviendra pas selon notre mérite, mais selon que cela sera confirmé par le mérite du Christ. Ainsi, Ap 3, 21 : Celui qui aura vaincu, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi-même j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. Lc 22, 29 : Voici que je dispose pour vous du royaume comme mon Père en a disposé pour moi. Moi, en tant qu’homme, en tant que je jouis du Verbe. Aussi, en ce qui concerne le corps. Ph 3, 21 : Il transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire. VENEZ, c’est-à-dire devenez conformes. 1 Jn 3, 2 : Lorsqu’il paraîtra, nous lui seront semblables. Mais est-ce que les bons ne sont pas maintenant unis à Dieu ? Je dis qu’il en est ainsi en vertu d’une charité qui n’est pas totale, et aussi par une foi énigmatique ; mais alors, ils seront rassemblés dans une charité totale et dans une foi sans énigme, car le corps qui se corrompt alourdit l’âme et notre demeure terrestre écrase l’esprit qu’habitent de nombreuses pensées, Sg 9, 15.
2586. La cause de cette récompense est double : la cause de la damnation vient de l’homme ; la cause du salut vient de Dieu. Os 13, 9 : De toi vient ta perte, Israël ; en moi seul est ton secours. Nous trouvons donc une cause temporelle et une cause éternelle du salut : [la cause] temporelle est l’ajout de la gloire, et cela est touché : VENEZ, LES BÉNIS DE MON PÈRE. Pour lui, dire, c’est faire. Ainsi, Ps 32[33], 9 : Il parla, et cela fut. De sorte que pour lui, bénir, c’est infuser la grâce. Aussi dit-il : [DE MON] PÈRE, car cela ne vient pas de nous, mais de Dieu. Jc 1, 17 : Tout don excellent, tout don parfait vient d’en haut et descend du Père des lumières. De même, une autre cause est la prédestination de Dieu, et cela est signalé lorsqu’il dit : UN ROYAUME VOUS A ÉTÉ PRÉPARÉ. Aussi l’Apôtre [dit-il] en Rm 8, 30 : Ceux qu’il a prédestinés, il les a appelés. Is 64, 4 : L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. Et il dit : DEPUIS LE COMMENCEMENT DU MONDE.
2587. Mais comment cela peut-il se faire ? Ne les a-t-il pas choisis depuis l’éternité ? Il nous a choisis avant l’établissement du monde, Ep 1, 4. Il faut dire qu’il a choisi depuis l’éternité, mais qu’il l’a manifesté depuis l’établissement du monde. Mais quelle est cette récompense qu’il indique : PRENEZ POSSESSION DU ROYAUME QUI VOUS A ÉTÉ PRÉPARÉ ? Et quel est ce royaume ? Ce royaume est le royaume des cieux. Ps 144[145], 13 : Ton royaume, Seigneur, est un royaume pour tous les siècles. Celui qui possède Dieu possède le royaume. Ap 5, 10 : Tu as fait de nous pour notre Dieu un royaume et des prêtres. Mais quelqu’un pourrait dire : «Je ne veux pas régner ; il me suffit de ne pas être damné.» Cela ne peut se faire. Ou bien tu seras roi et tu posséderas le royaume ; ou bien tu seras damné.
2588. Et il dit : PRENEZ POSSESSION, c’est-à-dire entrez en possession. Entrer en possession convient à celui qui avait un droit. Nous avions ce droit en vertu d’une disposition divine ; aussi, en vertu de l’acquisition par le Christ, et aussi, de sa grâce. Ep 1, 14 : Ce sont les arrhes de notre héritage. On appelle encore possession le fait de détenir paisiblement ; la pleine maîtrise est donc indiquée. Maintenant, nous possédons Dieu, mais non pas d’une manière paisible, car l’homme est troublé de bien des façons ; mais alors, la possession sera paisible. 1 P 3, 9 : Vous avez été appelés à posséder en héritage la bénédiction. Plus haut, 18, 29 : Il possédera la vie éternelle.
À propos du premier point, [le roi] fait trois choses : premièrement, la sentence est présentée ; deuxièmement, l’admiration de ceux qui doivent être sauvés ; troisièmement, la satisfaction. Le second point [se trouve] en cet endroit : ALORS LES JUSTES LUI RÉPONDRONT [25, 37] ; le troisième, en cet endroit : ET LE ROI LEUR RÉPONDRA [25, 40].
À propos du premier point, il fait deux choses : premièrement, il invite à la récompense ; deuxièmement, il [la] compare au mérite.
2584. [Le Seigneur] dit donc : ALORS LE ROI DIRA. [Le Seigneur] l’appelle ROI, car il appartient au roi de juger. Pr 20, 8 : Le roi qui siège sur son trône dissipe tout mal par son regard. Mais une question se pose : cela se fera-t-il par une sentence orale ? Certains disent que cela se fera oralement et que le jugement prendra beaucoup de temps. C’est ce que disait Lactance, qu’il durerait mille ans. Mais cela n’est pas vrai. Cela doit être mis en rapport avec une parole intérieure qui conduit à la connaissance des hommes, car les bons sont dignes de gloire et les mauvais, de peine. Ce qu’ils diront ne se fera donc pas par voie orale, mais selon une inspiration intérieure. C’est ce que dit Augustin : «Par la puissance divine, ce que chacun a fait lui apparaîtra.» Cela est clair par ce que dit l’Apôtre, Rm 2, 15 : Leur conscience leur rendra témoignage et leurs pensées les accuseront ou les défendront, le jour où le Seigneur jugera les secrets des hommes, etc. Il faut donc mettre ceci en rapport avec une parole intérieure.
2585. Et [le Seigneur] semble toucher trois choses, car l’invitation est présentée, la raison de la sentence et la récompense. L’invitation : VENEZ, LES BÉNIS DE MON PÈRE. Mais pourquoi dit-il : LES BÉNIS DE MON PÈRE ? Parce qu’il n’en adviendra pas selon notre mérite, mais selon que cela sera confirmé par le mérite du Christ. Ainsi, Ap 3, 21 : Celui qui aura vaincu, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi-même j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. Lc 22, 29 : Voici que je dispose pour vous du royaume comme mon Père en a disposé pour moi. Moi, en tant qu’homme, en tant que je jouis du Verbe. Aussi, en ce qui concerne le corps. Ph 3, 21 : Il transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire. VENEZ, c’est-à-dire devenez conformes. 1 Jn 3, 2 : Lorsqu’il paraîtra, nous lui seront semblables. Mais est-ce que les bons ne sont pas maintenant unis à Dieu ? Je dis qu’il en est ainsi en vertu d’une charité qui n’est pas totale, et aussi par une foi énigmatique ; mais alors, ils seront rassemblés dans une charité totale et dans une foi sans énigme, car le corps qui se corrompt alourdit l’âme et notre demeure terrestre écrase l’esprit qu’habitent de nombreuses pensées, Sg 9, 15.
2586. La cause de cette récompense est double : la cause de la damnation vient de l’homme ; la cause du salut vient de Dieu. Os 13, 9 : De toi vient ta perte, Israël ; en moi seul est ton secours. Nous trouvons donc une cause temporelle et une cause éternelle du salut : [la cause] temporelle est l’ajout de la gloire, et cela est touché : VENEZ, LES BÉNIS DE MON PÈRE. Pour lui, dire, c’est faire. Ainsi, Ps 32[33], 9 : Il parla, et cela fut. De sorte que pour lui, bénir, c’est infuser la grâce. Aussi dit-il : [DE MON] PÈRE, car cela ne vient pas de nous, mais de Dieu. Jc 1, 17 : Tout don excellent, tout don parfait vient d’en haut et descend du Père des lumières. De même, une autre cause est la prédestination de Dieu, et cela est signalé lorsqu’il dit : UN ROYAUME VOUS A ÉTÉ PRÉPARÉ. Aussi l’Apôtre [dit-il] en Rm 8, 30 : Ceux qu’il a prédestinés, il les a appelés. Is 64, 4 : L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. Et il dit : DEPUIS LE COMMENCEMENT DU MONDE.
2587. Mais comment cela peut-il se faire ? Ne les a-t-il pas choisis depuis l’éternité ? Il nous a choisis avant l’établissement du monde, Ep 1, 4. Il faut dire qu’il a choisi depuis l’éternité, mais qu’il l’a manifesté depuis l’établissement du monde. Mais quelle est cette récompense qu’il indique : PRENEZ POSSESSION DU ROYAUME QUI VOUS A ÉTÉ PRÉPARÉ ? Et quel est ce royaume ? Ce royaume est le royaume des cieux. Ps 144[145], 13 : Ton royaume, Seigneur, est un royaume pour tous les siècles. Celui qui possède Dieu possède le royaume. Ap 5, 10 : Tu as fait de nous pour notre Dieu un royaume et des prêtres. Mais quelqu’un pourrait dire : «Je ne veux pas régner ; il me suffit de ne pas être damné.» Cela ne peut se faire. Ou bien tu seras roi et tu posséderas le royaume ; ou bien tu seras damné.
2588. Et il dit : PRENEZ POSSESSION, c’est-à-dire entrez en possession. Entrer en possession convient à celui qui avait un droit. Nous avions ce droit en vertu d’une disposition divine ; aussi, en vertu de l’acquisition par le Christ, et aussi, de sa grâce. Ep 1, 14 : Ce sont les arrhes de notre héritage. On appelle encore possession le fait de détenir paisiblement ; la pleine maîtrise est donc indiquée. Maintenant, nous possédons Dieu, mais non pas d’une manière paisible, car l’homme est troublé de bien des façons ; mais alors, la possession sera paisible. 1 P 3, 9 : Vous avez été appelés à posséder en héritage la bénédiction. Plus haut, 18, 29 : Il possédera la vie éternelle.
La sentence est
maintenant promulguée, vv. 34-45, sous la forme d'un double dialogue qui est censé avoir lieu entre le Christ
et les deux catégories d'hommes dont il vient d'être question. - Premier dialogue et sentence des bons, vv. 34-
40. Alors : après la séparation mentionnée plus haut, quand chacun occupera la place que lui aura méritée sa
vie sur la terre. - Le roi dira. Cf. 16, 28. Le royaume éternel du Messie commence : aussi, celui qui tout à
l'heure encore, vv. 31, était nommé Fils de l'homme, prend-il un titre conforme à sa vraie dignité. - Ceux qui
seront à sa droite : se tournant vers eux avec un visage bienveillant, un air plein de bonté. - Venez. Tous les
mots portent, dans cette sentence de bonheur. Le premier renferme la plus douce invitation. La Vulgate l'a
parfaitement traduit quant au sens ; mais le texte grec, ici !, est autrement énergique. Il inspirait à Fr. Luc de
Bruges, Comm in h.l., cette belle réflexion : « Cette parole dénote une affection amicale toute spéciale, par
laquelle le Christ invite suavement les élus à venir au roi, au seigneur et premier possesseur du royaume où il
retournera bientôt, et où il les introduira avec lui ». - Bénis. Quel nom ! Et que de choses dans ce simple
nom ! Bénis de toute éternité, bénis dans les siècles des siècles, prédestinés, justifiés, glorifiés. Ou, pour
parler mieux encore avec S. Augustin : « Aimés de Dieu avant l'existence du monde, appelés du milieu du
monde, purifiés et sanctifiés dans le monde, destinés enfin à être exaltés après la fin du monde ». Soliloq. -
Possédez, recevez en héritage. Il n'y aura pas de possession plus magnifique, il n'y en aura pas non plus de
plus sûre, car « on ne possède bien, dit Bossuet, l.c., 93è jour, que ce qu'on a pour l'éternité : le reste échappe
et se perd ». - Le Royaume, le royaume messianique considéré dans sa consommation glorieuse, et dégagé de
tout élément infirme et terrestre (voir le commentaire de 3, 1). - Préparé... L'expression peut signifier « dès
l'origine du monde », ou bien « avant la création ». La plupart des exégètes sont favorables au second sens.
Dans les deux cas, Jésus fait ressortir ici l'admirable tendresse manifestée par Dieu à l'égard de ses élus.
Longtemps avant leur création, il pensait aux récompenses dont il devait les gratifier, il leur préparait des
jouissances et une gloire sans fin.