Matthieu 25, 5

Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.

Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Saint Thomas d'Aquin
2500. Il est ensuite question du sommeil imprévu. La cause du sommeil est présentée, puis le sommeil.

La cause de l’assoupissement est le retard [de l’époux]. Lorsqu’on attend quelqu’un, surtout la nuit, on s’assoupit rapidement. Par cet intervalle est donc indiqué l’intervalle entre l’avènement du Christ dans la chair et son avènement pour le jugement. [Le Seigneur] dit donc : COMME L’ÉPOUX SE FAISAIT ATTENDRE, ELLES S’ASSOUPIRENT TOUTES ET S’ENDORMIRENT. Selon tous les interprètes, on interprète ceci de la mort.

Mais pourquoi la mort est-elle appelée un sommeil ? C’est en raison de l’espérance de la résurrection. De même que celui qui dort a l’intention de s’éveiller, de même celui qui dort [du sommeil de] la mort a-t-il l’intention de ressusciter. 1 Th 4, 12 : Nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas attristés comme les autres qui n’ont pas d’espérance.

2501. Mais quelle est la différence entre le sommeil et l’assoupissement ? Grégoire l’explique : «L’assoupissement est à proprement parler la route vers le sommeil.» Nous pouvons donc entendre par l’assoupissement une vie plus longue, et par le sommeil, la mort. Selon Origène, on entend le sommeil de la paresse. Pr 6, 9 : Jusqu’à quand dormiras-tu, paresseux, quand sortiras-tu de ton sommeil ? Ainsi, COMME L’ÉPOUX SE FAISAIT ATTENDRE, qu’il s’agisse du jugement ou de la mort, ELLES S’ASSOUPIRENT TOUTES ET S’ENDORMIRENT. En effet, peu nombreux sont ceux qui vivent longtemps sans tomber dans la torpeur. Ou bien, ceux qui ne se font aucun souci s’endorment ; mais ceux qui, d’une certaine manière, abandonnent leur ferveur première s’assoupissent.
Louis-Claude Fillion
Par ces paroles, comme l'ont remarqué plusieurs exégètes (Trench, Abbott, etc.), Notre-Seigneur insinue que son second avènement ne devait pas être immédiat, et qu'il pourrait même se faire attendre assez longtemps, cf. 24, 48, beaucoup plus longtemps que ne le conjecturaient les premiers disciples. Ce n'est toutefois qu'une insinuation, l'époque de la fin du monde devant toujours demeurer incertaine. Cf. 24, 36, 42, 44, 50. On connaît la belle réflexion de S. Augustin : « Le jour de notre mort nous est inconnu, afin que nous nous tenions sur nos gardes tous les jours de notre vie ». Cf. Tertull., De Anima, 33. - Elles s'assoupirent toutes ; toutes, les sages aussi bien que les insensées. Elles commencent par sommeiller puis elles tombent bientôt dans un sommeil proprement dit. La narration distingue d'une manière pittoresque ces deux états successifs. Trait du reste bien naturel : il est si facile de s'assoupir, puis de dormir complètement quand on attend, surtout pendant la nuit ! - Que signifient cet assoupissement et ce sommeil qui gagnent même les cinq vierges prudentes ? On ne saurait le déterminer avec certitude. S. Augustin pense que c'est l'image de la mort. Pour d'autres, c'est la figure des négligences véniellement coupables, qui échappent même aux âmes les plus pieuses. Maldonat, croyons-nous, est plus près de la la vérité lorsqu'il écrit : « J'interprète ce sommeil comme le fait de cesser de penser à la venue du Seigneur ». Nos dix vierges ont fait, ou s'imaginent avoir fait tous les préparatifs nécessaires pour aller au-devant du fiancé : elles l'attendent maintenant en pleine sécurité. Cette interprétation qui est probablement la véritable, nous est suggérée par S. Hilaire, in h.loc. : « L'attente des croyants est un sommeil tranquille ».