Matthieu 26, 2
« Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours, et que le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié. »
« Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours, et que le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié. »
L'Évangéliste ne dit pas simplement: Tous les discours, mais: «Tous ces discours», car le Sauveur devait encore en prononcer d'autres avant d'être livré à ses ennemis.
Notre-Seigneur ne dit pas: La Pâque sera ou viendra, mais «se fera», pour montrer qu'il ne voulait point parler de la pâque qui se célébrait conformément à la loi ( Ex 12 ), mais d'une pâque nouvelle, telle qu'on ne l'avait point faite jusqu'alors.
Le Sauveur prédit à ses disciples qu'il sera livré, en ajoutant: «Et le Fils de l'homme sera livré pour être crucifié». Il les avertit d'avance, dans la crainte qu'ils ne soient stupéfaits et interdits en voyant leur maître attaché à la croix sans avoir été préparés. Il se sert de cette expression impersonnelle: «Il sera livré», parce que Dieu l'a livré par miséricorde pour le genre humain; Judas par avarice; le démon par la crainte de voir les enseignements du Sauveur arracher les hommes à. sa puissance, et il ne voyait pas que le genre humain serait bien plus efficacement délivré par la mort de Jésus-Christ qu'il ne l'avait été par sa doctrine et par ses miracles.
Après avoir prédit que son second avènement aurait lieu dans tout l'éclat de sa gloire, Notre-Seigneur annonce que sa passion approche, pour faire comprendre à ses disciples l'union étroite qui existe entre le mystère de la croix et la gloire de l'éternité: «Et Jésus ayant achevé tous ses discours».
Le mot Pâque (en hébreu pha sach ) ou passage ne vient pas du mot grec gáóåßí (souffrir), et ne signifie point passion, mais passage, parce qu'en effet l'ange exterminateur, en voyant le seuil des portes des Israélites marqué du sang de l'agneau, passa sans les frapper ( Ex 12,13 ), ou bien, parce que le Seigneur passa lui-même au-dessus d'eux pour venir au secours de son peuple.
Ou bien encore, ce nom vient de ce que le peuple d'Israël, délivré par la puissance du Seigneur, a passé de la servitude d'Egypte à la vraie liberté.
Le mot pâque a un sens mystérieux, parce que c'est en ce jour que Jésus-Christ a passé du monde à son Père, de la Corruption à l'incorruptibilité, de la mort à la vie; ou bien, parce qu'il a délivré le monde de l'esclavage du démon par son passage plein de grâce. Après les deux jours de la brillante lumière que répan dent l'Ancien et le Nouveau Testament, la véritable pâque est célébrée ( 1Co 5,7 ); nous célébrons aussi notre Pâque ou notre passage, si nous laissons les choses de la terre pour nous hâter de nous diriger vers les choses du ciel.
C'est-à-dire touchant la fin du monde et le jour du jugement, ou bien pour signifier qu'il avait achevé toutes les oeuvres et toutes les prédications qui étaient l'objet de sa mission, depuis le commencement de l'Évangile jusqu'à sa passion.
Comme nous le voyons également dans saint Jean, Jésus vint à Béthanie six jours avant la Pâque, et, de là, se rendit à Jérusalem, où il fit son entrée monté sur un ânon, et c'est alors qu'il faut placer tous les événements qui eurent lieu à Jérusalem, d'après le récit des Évangélistes. Quatre jours s'étaient donc écoulés depuis l'arrivée de Jésus à Béthanie, puisque deux jours seulement le séparait de la Pâque. Il y a cette différence entre la Pâque et le jour des azymes, que le nom de Pâque était spécialement réservé au jour où on immolait, sur le soir, l'agneau pascal, c'est-à-dire au quatorzième jour de la lune du premier mois; et le quinzième jour qui correspond à la sortie du peuple juif de l'Egypte, avait lieu la fête des azymes. Cependant, les Évangélistes prennent indifféremment un jour pour l'autre.
2606. VOUS SAVEZ QUE LA PAQUE AURA LIEU DANS DEUX JOURS. Par cette annonce à l’avance, [le Seigneur] ne fait pas qu’annoncer d’avance, mais il dit : LA PÂQUE AURA LIEU DANS DEUX JOURS. Et ceci est arrivé pour signifier que la passion du Christ n’est pas n’importe quelle passion, mais celle qui est désignée par le sacrifice pascal. Et il dit : DANS DEUX JOURS. D’après cette indication, on doit considérer que ces paroles ont été prononcées la treizième lune, c’est-à-dire le mardi, car c’est à la quinzième lune que l’on célébrait la Pâque.
2607. Mais on lit, en Jn 12, 1, que le Seigneur vint à Béthanie, et cela, le samedi ; et un autre jour, il vint à Jérusalem, et là il chassa [du temple] les marchands et les acheteurs, et le jour de la lune, il revint et vit que le figuier qu’il avait maudit était desséché. Et selon Marc, il revint le mardi, et alors, en ce jour, il formula toutes ses paraboles. Et ce jour-là, ayant achevé ces paroles, il dit : Vous savez que dans deux jours aura lieu la Pâque.
2608. Ce nom de Pâque, selon Jérôme, vient de pascere, mais signifie à proprement parler «phase», c’est-à-dire «passage». En effet, il y a quatre passages, selon les quatre sens du mot «passage». Au sens historique, la Pâque a été célébrée quand l’[ange] exterminateur a frappé les premiers-nés d’Égypte ; alors le Seigneur ordonna [aux fils d’Israël] de manger la [Pâque], la «phase». Ensuite, au sens allégorique, il s’agit du passage du Christ par la mort, et c’est de [ce passage] qu’il s’agit en Jn 13, 1 : Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, etc. En troisième lieu, [il y a un passage] moral ou typique, pour autant qu’on passe d’une conduite charnelle à une conduite spirituelle : Passez vers moi, vous tous qui me désirez, Si 24, 26. Enfin, il y a un passage général, pour autant qu’on dit : Le ciel et la terre passeront, etc.
2609. DEUX JOURS APRES, à savoir, après l’enseignement de la loi ancienne et de la loi nouvelle. Selon le grec, [le mot «Pâque»] vient de pasci, qui veut dire «paître». Aussi est-ce à juste titre que le Christ, sachant qu’il passait de ce monde à son Père, dit : ET LE FILS DE L’HOMME SERA LIVRÉ POUR ÊTRE CRUCIFIÉ. Il ne dit pas par qui il a été livré, car il a été livré par le Père. Rm 8, 32 : Lui qui n’a pas épargné son Fils, mais qui l’a livré pour nous tous. Il s’est aussi livré lui-même : Il nous a aimés, et il s’est livré pour nous, Ep 5, 2. De même, [a-t-il été livré] par Judas : Que voulez-vous me donner pour que je vous le livre ? Et aussi par les Juifs à Pilate : Ta nation et tes prêtres t’ont livré à moi, Jn 18, 35, et par Pilate aux païens. Aussi est-il dit en Jn 19, 16 : Il le leur livra pour être crucifié. Alors les chefs des prêtres se réunirent, etc.
2607. Mais on lit, en Jn 12, 1, que le Seigneur vint à Béthanie, et cela, le samedi ; et un autre jour, il vint à Jérusalem, et là il chassa [du temple] les marchands et les acheteurs, et le jour de la lune, il revint et vit que le figuier qu’il avait maudit était desséché. Et selon Marc, il revint le mardi, et alors, en ce jour, il formula toutes ses paraboles. Et ce jour-là, ayant achevé ces paroles, il dit : Vous savez que dans deux jours aura lieu la Pâque.
2608. Ce nom de Pâque, selon Jérôme, vient de pascere, mais signifie à proprement parler «phase», c’est-à-dire «passage». En effet, il y a quatre passages, selon les quatre sens du mot «passage». Au sens historique, la Pâque a été célébrée quand l’[ange] exterminateur a frappé les premiers-nés d’Égypte ; alors le Seigneur ordonna [aux fils d’Israël] de manger la [Pâque], la «phase». Ensuite, au sens allégorique, il s’agit du passage du Christ par la mort, et c’est de [ce passage] qu’il s’agit en Jn 13, 1 : Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, etc. En troisième lieu, [il y a un passage] moral ou typique, pour autant qu’on passe d’une conduite charnelle à une conduite spirituelle : Passez vers moi, vous tous qui me désirez, Si 24, 26. Enfin, il y a un passage général, pour autant qu’on dit : Le ciel et la terre passeront, etc.
2609. DEUX JOURS APRES, à savoir, après l’enseignement de la loi ancienne et de la loi nouvelle. Selon le grec, [le mot «Pâque»] vient de pasci, qui veut dire «paître». Aussi est-ce à juste titre que le Christ, sachant qu’il passait de ce monde à son Père, dit : ET LE FILS DE L’HOMME SERA LIVRÉ POUR ÊTRE CRUCIFIÉ. Il ne dit pas par qui il a été livré, car il a été livré par le Père. Rm 8, 32 : Lui qui n’a pas épargné son Fils, mais qui l’a livré pour nous tous. Il s’est aussi livré lui-même : Il nous a aimés, et il s’est livré pour nous, Ep 5, 2. De même, [a-t-il été livré] par Judas : Que voulez-vous me donner pour que je vous le livre ? Et aussi par les Juifs à Pilate : Ta nation et tes prêtres t’ont livré à moi, Jn 18, 35, et par Pilate aux païens. Aussi est-il dit en Jn 19, 16 : Il le leur livra pour être crucifié. Alors les chefs des prêtres se réunirent, etc.
Vous savez ; il s'agissait d'un fait bien manifeste. - Dans deux jours, après
deux jours. Cette date est assez vague en elle-même, parce qu'elle autorise plusieurs manières de supputer les
jours. Il est cependant probable qu'elle équivaut à notre formule « après-demain ». La Pâque commençant cette année-là dans la soirée de jeudi, comme nous le dirons plus loin, cf. v. 17 et le commentaire, ce dût être
réellement le mardi que Jésus-Christ tint ce langage à ses Apôtres. - La Pâque se fera. La Pâque était la
première et la plus solennelle des trois grandes fêtes de l'année ecclésiastique chez les Juifs. Au livre de
l'Exode, chap. 12, où son origine est racontée, on voit qu'elle fut instituée en souvenir de la dixième plaie
d'Égypte. L'ange de Jéhovah, passant devant les maisons pendant la nuit qui suivit la première célébration du
festin pascal, immola tous les premiers-nés des Égyptiens ; ceux des Hébreux furent sauvés par le sang de
l'agneau dont ils avaient marqué leurs portes. De ce passage terrible ou miséricordieux dériva l'appellation de
la solennité, d'après les indications de Dieu lui-même, cf. Ex. 12, 27, 28. - La fête de Pâque commençait le
soir du 14 nisan et durait toute une octave à partir de ce moment, c'est-à-dire jusqu'au soir du 21. Le 15 et le
21 étaient les deux jours principaux : on les chômait d'obligation. Jésus fait évidemment allusion à la soirée
préliminaire du 14, aux premières vêpres, dirions-nous aujourd'hui, puisqu'il parle de la trahison de Judas,
qui eut lieu vers la fin de cette même soirée. - Sera livré... Rappelant aux Douze des révélations antérieures,
cf. 16, 21 ; 20, 18, le divin Maître ajoute que la Pâque prochaine amènera pour eux et pour lui de graves
événements. C'est alors en effet que le Fils de l'homme sera trahi, crucifié, ainsi qu'il l'a prédit. Cette
prophétie ajoute aux précédentes un élément nouveau : elle fixe d'une manière très précise l'époque de la
Passion du Christ. Jésus ne veut pas que les Apôtres soient pris au dépourvu par l'arrivée soudaine, imprévue
d'un pareil fait. - Dans le grec, on lit est livré au présent : ce temps marque mieux la proximité de la Passion
et surtout son caractère irrévocable. « Jésus était prêt à tout supporter, et déjà l’ennemi s’agitait », dit fort
bien Bengel.
La Pâque, la fête la plus solennelle des Juifs, se célébrait en mémoire de la délivrance du peuple juif de la servitude de l’Egypte, par la manducation de l’agneau pascal, figure de Notre-Seigneur, voir 1 Corinthiens, 5, 7. Elle se célébrait le 14 nisan (mars-avril) et durait sept jours.