Matthieu 26, 3

Alors les grands prêtres et les anciens du peuple se réunirent dans le palais du grand prêtre, qui s’appelait Caïphe ;

Alors les grands prêtres et les anciens du peuple se réunirent dans le palais du grand prêtre, qui s’appelait Caïphe ;
Saint Thomas d'Aquin
2610. Dans cette partie, est d’abord présenté le dessein pervers des Pharisiens : d’abord on expose leur dessein concernant la passion du Christ ; en second lieu, concernant le report [de celle-ci], à cet endroit : ILS DISAIENT EN EFFET : «NON PAS LE JOUR DE LA FETE» [26, 5].

À propos du premier point, nous pouvons noter que le péché des Juifs est aggravé par le moment. ALORS, la fête de Pâque étant imminente. Is 58, 13 : Si tu retiens ton pied pendant le sabbat, pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour… Mais, à mon avis, [Matthieu] ne se réfère pas au jour lui-même, mais aux environs de ce moment. Car on lit en Jn 11, 13 : Ils réunirent un conseil, et à partir de ce moment-là ils résolurent de le faire mourir. On dit que Jésus se retira alors dans une région proche du désert. Aussi cela ne se passa-t-il pas immédiatement. Ou bien, on peut dire que cela eut lieu deux fois.

2611. [Leur péché] est aussi aggravé par leur grand nombre. C’est pourquoi on dit : LES GRANDS PRETRES ET LES ANCIENS DU PEUPLE SE REUNIRENT. Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes ; [elles me sont à charge ; je suis las de les supporter. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas :] vos mains sont pleines de sang, Is 1, 14-15. [Leur péché est aussi aggravé] par la condition des pécheurs, car ils faisaient partie des notables. C’est pourquoi on dit : LES GRANDS PRETRES. Jr 5, 5 : J’irai vers les grands et je leur parlerai, et ensuite : Et voici que ceux-ci ont d’un coup secoué le joug et arraché leurs liens. Et Ps 2, 2 : Les rois de la terre se sont réunis et les dirigeants se sont rassemblés contre le Seigneur et contre son Christ.

2612. [Leur péché est encore aggravé] par le lieu, car [il s’est produit] dans la cour du chef des prêtres. Ceux-ci devaient donc empêcher la malice des autres, mais eux-mêmes la commirent. Dn 13, 5 : L’iniquité est venue des anciens.

Mais les grands prêtres étaient-ils nombreux ? En effet, le Seigneur avait ordonné qu’il n’y ait qu’un seul grand prêtre, mais cela ne leur suffisait pas. Ils avaient donc divisé le sacerdoce par cupidité. De même, ils l’avaient déjà perdu et avaient acheté le sacerdoce aux Romains. Ou bien, il appelle dirigeants ceux qui avaient été chefs avant [le grand prêtre] et celui qui avait été chef cette année-là.
Louis-Claude Fillion
Alors se rapporte aux deux premiers versets de ce chapitre et désigne encore la soirée du mardi. Au moment même où Jésus tenait aux Apôtres le langage que nous venons d'entendre, les membres du Sanhédrin se réunissaient donc pour comploter contre lui. Souvenons-nous qu'en ce jour-là, quelques heures auparavant, il les avait profondément humiliés, ouvertement accusés devant le peuple ; cf. 21, 23 et ss., 46 ; 22 ; 23. Le Sauveur annonce sa mort : ses ennemis la décident. Lui, il en connaît l'heure précise : pour eux l'époque est incertaine. Il y a là un rapprochement et un contraste frappants. - Les princes des prêtres et les anciens... La « Recepta » grecque mentionne également les Scribes, d'où il suit que nous allons assister à une réunion complète et officielle du Sanhédrin. Voir sur la composition de ce corps célèbre 2, 4 et le commentaire. - Dans la cour du grand-prêtre... L'assemblée n'a pas lieu dans le Gazzith, ou salle « des pierres taillées », qui était située dans les dépendances du temple (voir Ancessi, Atlas archéologique, pl. 9 et 10), et où devaient régulièrement se tenir les séances de ce genre : mais elle est convoquée chez le prince des prêtres, son président. Nous essaierons d'indiquer plus bas les motifs de cette anomalie. L'expression latine « atrium » désigne tantôt une grande pièce rectangulaire communiquant immédiatement avec le vestibule et pouvant servir de lieu de réunion (cf. A. Rich, Dictionn. des antiq. rom. et grecq. s. v. Atrium) , tantôt une cour intérieure entouré de galeries et de portiques, cf. vv. 58-69, etc., tantôt enfin par synecdoque la maison même dont l'atrium faisait partie. Nous nous arrêtons ici à ce dernier sens avec plusieurs exégètes (Fritzsche, de Wette, Schegg. cf. Bretschneider, Lexic. man. t. 1, p. 144). L'évangéliste note comme une circonstance extraordinaire que le grand Conseil s'assembla dans le palais du grand-prêtre. - Appelé Caïphe. L'expression « appelé » est d'une exactitude parfaite ; le vrai nom du prince des prêtres était Joseph ; cf. Fl. Joseph, Ant. 18, 2, 2 et 4, 3. Le surnom de Caïphe était devenu sa dénomination usuelle et populaire. Cet homme sinistre avait été élevé au souverain Pontificat par le procureur Valérius Gratus : il en exerça les fonctions pendant 17 ou 18 ans, jusqu'à ce qu'il fut déposé par le Proconsul Vitellius, a. D. 36. La suite du récit évangélique nous dévoilera son caractère et la part qu'il prit à la condamnation de Jésus. La toute-puissance ecclésiastique et la toute-puissance judiciaire qu'il réunissait entre ses mains en faisaient alors plus haut personnage du Judaïsme.
Fulcran Vigouroux
Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. ― Les anciens du peuple, les membres du sanhédrin. ― Du grand prêtre appelé Caïphe. Caïphe, qu’on appelait aussi Joseph, fut nommé grand prêtre par le procurateur romain Valérius Gratus vers l’an 27 ou 28 de notre ère, à la place de Simon, fils de Camith. Il conserva ses fonctions pendant toute l’administration de Pilate, mais il fut déposé en l’an 36 ou 37 par le proconsul Vitellius et remplacé par Jonathan, fils du pontife Ananus ou Anne.