Matthieu 26, 30

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Saint Thomas d'Aquin
2688. Une fois présentée l’institution du sacrement nouveau, [le Seigneur] annonce ici à l’avance le scandale des disciples. Premièrement, le lieu est indiqué à l’avance ; deuxièmement, son annonce à l’avance, en cet endroit : ET IL LEUR DIT. Et cela convient à ce qui a été dit auparavant et à ce qui suit, de sorte qu’on peut le mettre en rapport avec les deux.

2689. [Matthieu] dit donc : APRÈS LE CHANT DE L’HYMNE. Par là, il nous donne un double exemple. La cène a d’abord eu lieu ainsi que le repas matériel, après lequel nous devons rendre grâce à Dieu et le louer. Ps 21, 27 : Les pauvres mangeront et seront rassasiés, et ceux qui le cherchent loueront le Seigneur. De même, après ce repas, il y eut une cène sacramentelle, après laquelle nous devons aussi rendre grâce. Aussi [le Seigneur] a-t-il récité un hymne après ce [repas]. C’est ainsi que ce qui est dit à la messe après la communion représente cet hymne. Les fidèles doivent donc attendre jusqu’à la fin de la messe afin d’entendre cet hymne. C’est ce qui est dit en Jn 17, 1 : Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie.

2690. Cela dit, ILS PARTIRENT POUR LE MONT DES OLIVIERS. Le mont des Oliviers signifie l’abondance, car les olives sont riches. Il signifie donc l’abondance spirituelle. Gn 49, 20 : Son pain est abondant. Il indique par conséquent l’abondance de la grâce et de la gloire vers laquelle il est élevé. Ps 47[48], 16 : La montagne du Seigneur est une montagne généreuse. L’huile repose les membres fatigués, apaise la douleur, alimente le feu et lui donne son éclat. Ainsi en sera-t-il dans cette gloire, car tout labeur et toute peine auront disparu, et tout sera éclatant. De même, le fait que [Matthieu] dise : VERS LE MONT DES OLIVIERS, convient à l’annonce anticipée. La miséricorde est désignée par l’huile : en effet, de même que [celle-ci] flotte sur les autres liquides, de même en est-il de la miséricorde. Ps 144[145], 9 : Sa compassion s’étend à toutes ses œuvres. De même, le scandale est montré par le mont, comme la miséricorde est indiquée par ce qui précède. Lorsque le juste tombera, il ne se brisera pas, car le Seigneur le soutient de sa main, Ps 36[37], 24.
Louis-Claude Fillion
Après avoir dit l'hymne. S. Matthieu désigne ainsi la seconde partie de l'Hallel (cf explication du v. 21) ou, suivant l'opinion que nous avons adoptée, le grand Hallel (Ps. 119-136 ; hebr. 120-137) qu'on devait réciter quand on avait pris la cinquième coupe. On a prétendu, il est vrai, que Notre-Seigneur avait composé un hymne tout exprès pour la circonstance : mais c'est là une hypothèse légendaire basée sur des récits apocryphes. Cf. August. Ep. 237, ad Ceretium Episc. ; Grotius et Calmet in h. l. - Ils allèrent ; ils quittèrent le cénacle, puis la ville, pour se rendre au-delà du torrent de Cédron. - A la montagne des Oliviers : plus exactement (cf. v. 36) au jardin de Gethsémani, situé au pied du mont des Oliviers.
Fulcran Vigouroux
Et l’hymne dit ; c’est-à-dire, selon les uns, après le chant des Psaumes 112 à 117, consacrés dans les rituels des Juifs, pour la cène pascale ; ou, selon d’autres, après le chant du cantique composé par le Sauveur lui-même pour la circonstance. ― Comme Jésus-Christ et les Apôtres suivaient ordinairement les coutumes juives, l’opinion des premiers est la plus probable. « La nuit pascale, les Juifs avaient coutume de chanter deux hymnes eucharistiques, appelés Hallel, l’un qui commence par Halleluia et qui se compose des Psaumes 112 à 117 ; l’autre qu’on appelle grand, parce qu’on y dit vingt-six fois : Car sa miséricorde est à jamais (voir, Psaumes, 136, 1 en hébreu ; 135, 1 dans la Vulgate) qui se compose du Psaume 136. On divise le Hallel en deux parties : les Psaumes 112 et 113 avant de se mettre à table, le reste à la fin de la Cène pascale. » (H.-J. MICHON.)
Pape Saint Jean-Paul II
Dans les Évangiles synoptiques, le récit se poursuit avec l'ordre que donne Jésus à ses disciples de préparer minutieusement la « grande salle » nécessaire pour prendre le repas pascal (cf. Mc 14, 15; Lc 22, 12) et avec le récit de l'institution de l'Eucharistie. Faisant entrevoir au moins en partie le cadre des rites juifs qui structurent le repas pascal jusqu'au chant du Hallel (cf. Mt 26, 30; Mc 14, 26), le récit propose de façon aussi concise que solennelle, même dans les variantes des différentes traditions, les paroles prononcées par le Christ sur le pain et sur le vin, qu'il assume comme expressions concrètes de son corps livré et de son sang versé. Tous ces détails sont rappelés par les Évangélistes à la lumière d'une pratique de la « fraction du pain » désormais affermie dans l'Église primitive. Mais assurément, à partir de l'histoire vécue par Jésus, l'événement du Jeudi saint porte de manière visible les traits d'une « sensibilité » liturgique modelée sur la tradition vétéro-testamentaire et prête à se remodeler dans la célébration chrétienne en harmonie avec le nouveau contenu de la Pâque.