Matthieu 26, 34

Jésus lui répondit : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. »

Jésus lui répondit : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. »
Saint Thomas d'Aquin
2697. JÉSUS LUI DIT : «EN VÉRITÉ, JE TE LE DIS, EN CETTE NUIT MÊME, AVANT QUE LE COQ NE CHANTE, TU ME RENIERAS TROIS FOIS.» «Car tu aurais pu penser que je disais cela en menace. Je te dis donc : “EN VÉRITÉ, c’est-à-dire, je te dis avec [mon] cœur, EN CETTE NUIT MÊME, AVANT QUE LE COQ NE CHANTE, TU ME RENIERAS TROIS FOIS.”» Et sa faute est aggravée par l’approche du moment, car, EN CETTE NUIT. Elle est de même aggravée par le nombre, car TROIS FOIS : comme il s’était montré présomptueux trois fois, ainsi a-t-il nié par trois fois après sa présomption. Jb 31, 27 : Si mon cœur s’est réjoui en secret.

2698. Mais une question se pose à propos de : AVANT QUE LE COQ NE CHANTE, TU ME RENIERAS TROIS FOIS, car, en Mc 14, 30, on lit que, avant que le coq ne chante, il l’aura renié deux fois. Selon Augustin, cela peut être résolu par le fait que, selon l’histoire, ce que Marc dit est vrai. Et ce que Matthieu dit peut être ainsi résolu : on dit qu’un homme accomplit [quelque chose] lorsqu’il en a l’intention, comme plus haut, 5, 28 : Celui qui regarde une femme et la désire a déjà commis l’adultère dans son cœur. Ainsi, en intention, Pierre a renié trois fois ou même plusieurs fois, d’où lui vint la crainte qu’il suffisait de protester trois fois ou plus. [Matthieu] dit donc qu’il nia par trois fois parce qu’il avait conçu de renier trois fois ou plus. Ainsi, Matthieu a dit ce dont [Pierre] avait l’intention intérieurement, mais Marc, ce qu’il a accompli extérieurement. Ou bien, l’on peut dire que lorsque je dis : «Je ferai cela avant tel délai», il n’est pas nécessaire que cela soit fait à l’intérieur de ce délai, mais il suffit que cela soit commencé. Ainsi, lorsque [le Seigneur] dit que [Pierre] allait le renier trois fois, il n’était pas nécessaire que cela soit accompli avant le chant du coq.
Louis-Claude Fillion
Jésus répète d'un ton plus ferme et plus solennel sa précédente assertion, qu'il a soin pourtant de préciser davantage, pour en mieux montrer la parfaite certitude. En outre, il l'applique cette fois directement à son contradicteur. - Avant que le coq chante. Les Grecs nommaient « chant du coq » la troisième veille de la nuit, celle qui s'écoulait entre minuit et trois heures, parce que c'est alors que le coq fait entendre son chant matinal. Partant de là, divers auteurs ont pensé que Notre-Seigneur avait eu l'intention de désigner cette partie spéciale de la nuit, également connue des Latins sous le nom de « Gallicinium », cf. Pline, Hist. Nat. 10, 21 ; amm. Marcell. 22. Mais il vaut mieux laisser laisser à sa parole la signification plus générale qu'admettait déjà la version syriaque : « Avant que la nuit se soit écoulée », ou mieux encore, d'après S. Marc, 14, 30 : Avant que le coq ait cessé de chanter. - Tu me renieras trois fois. Le malheureux disciple, dans quelques heures, aura renié son Maître jusqu'à trois fois. Les autres abandonneront seulement Jésus ; mais lui, le chef du Collège apostolique, il ira jusqu'au reniement ! Cf. vv. 67-74 et parall.