Matthieu 26, 41

Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »

Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
Saint Thomas d'Aquin
2719. VEILLEZ ET PRIEZ POUR NE PAS ENTRER EN TENTATION ! Dans cette section, un avertissement est ajouté : «Vous avez confiance en vous-mêmes ; mais vous devez chercher refuge dans les suffrages de la prière. Ainsi donc, PRIEZ POUR NE PAS ENTRER EN TENTATION !» C’est pourquoi auparavant, 6, 13, dans la prière commune, il enseigne à demander cela : Ne nous induis pas en tentation. Et il fait précéder la préparation par la vigilance. Si 18, 23 : Avant de prier, prépare ton âme, c’est-à-dire que la prudence est nécessaire, plus haut, 10, 16 : Soyez prudents comme des serpents. CAR L’ESPRIT EST ARDENT, MAIS LA CHAIR EST FAIBLE, comme s’il disait : «Ce que vous promettez vient de l’empressement de l’esprit ; toutefois, la prière n’est pas nécessaire à cause de l’esprit, mais à cause de la chair qui est faible. Il faut donc veiller.» 2720. Cela ressemble à ce que l’Apôtre dit, Rm 8, 10 : Le corps est mort à cause du péché, mais l’esprit vit à cause de la justification. Mais il faut remarquer que la chair de tous est faible, mais que l’esprit de tous n’est pas empressé. Chez les méchants, l’esprit est aussi faible que la chair ; chez les bons, c’est le contraire, car ils ont un esprit empressé, et ainsi, lors de la résurrection, l’esprit revient avec empressement vers le corps. Ou bien, il peut exister une double faiblesse : l’une, mauvaise, qui incline au péché, ce pourquoi l’Apôtre dit en Rm 7, 18 : Le bien n’habite pas dans ma chair ; l’autre est une bonne faiblesse, par laquelle [l’homme] charnel cède rapidement, selon ce qui est dit en Ct 5, 8 : Dites à mon bien-aimé que je me languis d’amour. Pour cette raison, l’homme doit veiller, selon Origène, comme celui qui possède un grand trésor veille attentivement afin de le garder.
Louis-Claude Fillion
A son reproche amical, Jésus ajoute un avis bien précieux, qu'il n'adressait pas seulement aux trois Apôtres qui étaient alors auprès de lui, mais qu'il étendait par la pensée à ses disciples à venir. - Veillez et priez. Veiller, prier : ce sont les deux grands actes du chrétien, en tout temps et plus spécialement au moment du danger. La vigilance avertit de la présence de l'ennemi ; la prière aide à le vaincre. - Pour que vous ne tombiez pas... « Entrer dans la tentation » ou, pour rendre l'hébraïsme plus complet, « entrer dans la main de la tentation », cf. Wittsius et Grotius in h. l ., est une expression pittoresque et énergique qui signifie : succomber complètement à la tentation, se laisser subjuguer par elle de manière à devenir son esclave. Pour Pierre, Jacques et Jean, le danger le plus immédiat était celui d'abandonner ou de renier le Messie : ce danger étant imminent, ainsi que Jésus le leur avait prédit, ils devaient veiller et prier pour s'y préparer ; mais voici qu'au contraire ils dormaient comme s'ils eussent été dans la plus parfaite sécurité ! - L'esprit est rapide. Par un aphorisme important, dont la vérité ne fut que trop bien démontrée pendant cette nuit douloureuse, le Sauveur motive l'avertissement qu'il vient de donner à ses disciples. Il connaît sans doute leur bonne volonté, mais il connaît aussi leur faiblesse, et c'est contre cette dernière qu'il veut les mettre en garde. - Rapide, ardent, généreux, plein d'entrain. Les Apôtres ont montré l'ardeur de leur esprit quand ils ont promis à leur Maître de mourir avec lui s'il le fallait. - Mais la chair est faible. Tandis que l'esprit immatériel a de nobles élans, de ferventes aspirations qui portent l'homme en haut, la chair mortelle et animale l'entraîne au contraire en bas, soit parce qu'elle est incapable de suivre l'esprit, soit parce qu'ayant ressenti plus que lui les atteintes du péché, elle est plus imbue de corruption et de malice. Entre ces deux parties qui composent la nature humaine, il existe un triste contraste, souvent décrit par l'apôtre S. Paul, et dont Jésus expérimentait alors personnellement les effets. Mais en lui la chair fut domptée par l'esprit ; tandis qu'en ses disciples l'esprit est souvent défait et outragé par la chair.
Catéchisme de l'Église catholique
Une autre tentation, à laquelle la présomption ouvre la porte, est l’acédie. Les Pères spirituels entendent par là une forme de dépression due au relâchement de l’ascèse, à la baisse de la vigilance, à la négligence du cœur. " L’esprit est ardent, mais la chair est faible " (Mt 26, 41). Plus on tombe de haut, plus on se fait mal. Le découragement, douloureux, est l’envers de la présomption. Qui est humble ne s’étonne pas de sa misère, elle le porte à plus de confiance, à tenir ferme dans la constance.

Cette demande atteint la racine de la précédente, car nos péchés sont les fruits du consentement à la tentation. Nous demandons à notre Père de ne pas nous y " soumettre ". Traduire en un seul mot le terme grec est difficile : il signifie " ne permets pas d’entrer dans " (cf. Mt 26, 41), " ne nous laisse pas succomber à la tentation ". " Dieu n’éprouve pas le mal, il n’éprouve non plus personne " (Jc 1, 13), il veut au contraire nous en libérer. Nous lui demandons de ne pas nous laisser prendre le chemin qui conduit au péché. Nous sommes engagés dans le combat " entre la chair et l’Esprit ". Cette demande implore l’Esprit de discernement et de force.
Pape Saint Jean-Paul II
L'heure de notre rédemption. Bien qu'il soit profondément éprouvé, Jésus ne se dérobe pas face à son « heure »: « Que puis-je dire? Dirai-je: Père, délivre-moi de cette heure? Mais non! C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci! » (Jn 12, 27). Il désire que les disciples lui tiennent compagnie, et il doit au contraire faire l'expérience de la solitude et de l'abandon: « Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26, 40-41). Seul Jean restera au pied de la Croix, à côté de Marie et des pieuses femmes. L'agonie à Gethsémani a été l'introduction de l'agonie sur la Croix le Vendredi saint. L'heure sainte, l'heure de la rédemption du monde. Quand on célèbre l'Eucharistie près de la tombe de Jésus, à Jérusalem, on revient d'une manière quasi tangible à son « heure », l'heure de la Croix et de la glorification. Tout prêtre qui célèbre la Messe revient en esprit, en même temps que la communauté chrétienne qui y participe, à ce lieu et à cette heure.

« Il a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts ».Aux paroles de la profession de foi font écho les paroles de la contemplation et de la proclamation: « Ecce lignum crucis in quo salus mundi pependit. Venite adoremus ». Telle est l'invitation que l'Église adresse à tous l'après-midi du Vendredi saint. Elle continuera à chanter ensuite durant le temps pascal en proclamant: « Surrexit Dominus de sepulcro qui pro nobis pependit in ligno. Alleluia ».