Matthieu 26, 48

Celui qui le livrait leur avait donné un signe : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le. »

Celui qui le livrait leur avait donné un signe : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le. »
Saint Thomas d'Aquin
2736. Il est ensuite question du signe de la trahison : OR, CELUI QUI LE TRAHISSAIT LEUR AVAIT DONNÉ CE SIGNE, EN DISANT, etc. Mais ici se pose une question. Comme [Jésus] était connu en Judée, pourquoi demandaient-ils un signe ? Il peut y avoir deux raisons. L’une, que Judas avait entendu dire que le Christ avait été transfiguré sur la montagne, et il croyait que cela s’était produit par l’art de la magie. Il voulut donc prévenir cela par le signe du baiser, avant qu’il ne puisse être transfiguré. Jérôme donne cette interprétation. Mais Origène dit ce qui suit : «De même que chacun goûtait la manne au désert selon l’opinion qu’il en avait, de même le Christ apparaissait à chacun selon l’opinion qu’on avait de lui.» Il était donc nécessaire que [Judas] donne un signe. Il donna un signe étonnant : CELUI À QUI JE DONNERAI UN BAISER, C’EST LUI ; ARRÊTEZ-LE ! Le signe de l’amitié devint le signe de la trahison. Pr 27, 6 : Les blessures données par l’ami sont meilleures que les baisers trompeurs de l’ennemi.
Louis-Claude Fillion
Un signe. Le traître pense à tout. Jésus ne sera pas seul dans le jardin ; du reste, c'est la nuit, bien que la lune ait pu luire alors dans son plein ; enfin la plupart de ceux qui forment l'escorte de Judas ne connaissaient peut-être pas personnellement Notre-Seigneur. Il fallait par conséquent un signe pour qu'on le distinguât sans peine au milieu de son entourage. - Celui que j'embrasserai. En Orient, le baiser a toujours été un des modes de salutation les plus fréquents. Chez les Juifs en particulier les disciples avaient coutume de saluer leur Maître en le baisant. Le signe de Judas est donc choisi aussi bien que possible pour sauvegarder les apparences et dissimuler sa trahison aux yeux des autres apôtres. C'est ce qui fait dire à S. Jérôme : « Il a à ce point honte devant les disciples, qu'il ne livre pas ouvertement le Seigneur à ses persécuteurs, mais par le signe du baiser ». Mais d'un autre côté, quelle noirceur n'y a-t-il pas à transformer le signe de l'amitié, de la tendresse, en celui de la trahison la plus perfide ? - C'est lui : lui, par antonomase. Celui que nous cherchons. - Saisissez-le. S. Marc ajoute « et emmenez-le sous bonne garde ». Le traître craignait que Jésus, dont il connaissait la puissance miraculeuse, n'en fît usage pour s'échapper des mains de ses geôliers.