Matthieu 26, 51

L’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille.

L’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille.
Saint Thomas d'Aquin
2740. Puis, on présente comment un disciple s’en prit aux agresseurs : ET VOILÀ QU’UN DES COMPAGNONS DE JÉSUS, PORTANT LA MAIN À SON GLAIVE, LE SORTIT. Qui était celui-ci ? Il faut dire que c’était Pierre. Ainsi, comme il avait voulu auparavant, 16, 22, empêcher la passion du Christ, de même en est-il ici. Comment en eut-il l’occasion ? Du fait de ce qu’on lit en Lc 22, 36, où le Seigneur leur ordonna d’acheter des glaives, et qu’ils crurent comprendre que des glaives étaient nécessaires. Ils avaient ainsi des couteaux pour tuer l’agneau. C’est pourquoi Pierre en avait un.

2741. IL FRAPPA LE SERVITEUR DU GRAND PRÊTRE ET LUI AMPUTA L’OREILLE. Ne croyez pas qu’il ait eu le temps de décider qu’il lui amputerait l’oreille, mais il lui porta un coup et, alors qu’il voulait le frapper à mort, il arriva qu’il lui amputa l’oreille. Le nom de ce [serviteur] était Malchus, qui veut dire «roi». Il indique l’enlèvement du royaume au peuple juif, et cependant il est devenu le serviteur des grands prêtres, c’est-à-dire des Romains. C’est à lui que Pierre a coupé l’oreille. Par l’oreille, on entend l’ouïe, et celle-ci est double : celle de droite, par laquelle est indiquée la vie éternelle ; celle de gauche, par laquelle [est indiquée la vie] temporelle. IL LUI AMPUTA L’OREILLE, car il enleva au peuple des Juifs l’enseignement spirituel. Ce fut l’occasion par laquelle les Gentils reçurent l’ouïe de droite, car Pierre prêcha d’abord aux Gentils et leur amputa ainsi celle de droite, en amenant les Gentils à la foi.

[26, 52]

2742. ALORS JÉSUS LUI DIT : «REMETS TON GLAIVE À SA PLACE.» Ici est présenté le reproche : premièrement, il fait un reproche à Pierre ; deuxièmement, aux serviteurs : À CE MOMENT-LÀ, JÉSUS DIT AUX FOULES, etc. [26, 55].

En premier lieu, [le Seigneur] formule le reproche ; en second lieu, il donne la raison de l’avertissement : CAR TOUS CEUX QUI PRENNENT LE GLAIVE PÉRIRONT PAR LE GLAIVE.

Il est dit : ALORS JÉSUS LUI DIT : «REMETS TON GLAIVE À SA PLACE.» Il était venu pour souffrir volontairement ; il ne voulait donc pas être défendu. Par cela, il donnait aux martyrs souffrant pour le Christ l’exemple de ne pas se défendre eux-mêmes.

2743. Ensuite, il donne la raison : premièrement, à cause de la peine ; deuxièmement, en raison de la volonté du Christ ; troisièmement, à partir d’une autorité. Le second point [se trouve] en cet endroit : PENSES-TU QUE JE NE POURRAIS PAS FAIRE APPEL À MON PÈRE, etc. ? [26, 53] ; le troisième, en cet endroit : COMMENT ALORS S’ACCOMPLIRAIENT LES ÉCRITURES ? [26, 54].

2744. En premier lieu, [le Seigneur] radoucit [Pierre] en évoquant la crainte de la peine : TOUS CEUX QUI PRENNENT LE GLAIVE PÉRIRONT PAR LE GLAIVE. Mais Augustin soulève une question, car ce ne sont pas tous ceux qui portent le glaive qui périssent par le glaive, mais [ils périssent] parfois de la fièvre. On peut donc interpréter cela de trois façons, selon qu’il existe un triple glaive. [Un glaive] matériel, dont il est question en Ps 36, 14 : Les pécheurs ont sorti le glaive. Aussi, celui de la sentence divine, dont il est question en Jr 19, 7 : Je les renverserai par le glaive. Encore, celui de la parole divine : Ep 6, 17 : Prenez le glaive de l’esprit, qui est la parole de Dieu. Cela peut s’entendre de tous ces [glaives]. Du glaive matériel, car celui qui sort le glaive périra par le glaive, à savoir, le sien, et non celui d’un autre. Ainsi, Ps 36[37], 15 : Que leur glaive transperce leur cœur ! On peut aussi l’interpréter du glaive de la condamnation, dont il est dit, en Gn 3, 24, que le Seigneur plaça un glaive de feu à l’entrée du Paradis. Aussi, ceux qui condamnent les autres seront condamnés par le jugement divin. Ou bien, certains prennent de leur propre autorité ce qu’ils n’ont pas reçu d’une autre, et ceux-là périront par le glaive.
Louis-Claude Fillion
Il y eut cependant quelqu'un pour prendre la défense de Jésus au moment de son arrestation. Ce fut S. Pierre, dissimulé il est vrai sous la vague expression un de S. Matthieu, mais clairement désigné par le quatrième Évangéliste, Cf. Joan. 18, 10. Pourquoi S. Matthieu ne l'a-t-il pas nommé ? De crainte, a-t-on répondu souvent, d'attirer sur lui les vengeances des Juifs, puisqu'il vivait encore au moment où paraissait le premier Évangile. Ce motif n'est pas sans valeur quoiqu'il soit rejeté par la plupart des exégètes modernes. - Étendant la main : détail pittoresque. - Son épée. Voir dans S. Luc, 22, 38 et ss., la méprise singulière des disciples, par suite de laquelle S. Pierre s'était muni de ce glaive qui faillit compromettre gravement toute la troupe apostolique. - Frappa le serviteur... Le serviteur du grand-prêtre blessé par S. Pierre s'appelait Malchus. Cf. Joan. 18, 10. - Lui coupa l'oreille. Emporté par son ardeur inconsidérée, et se souvenant de ses récentes promesses, Simon-Pierre voulait fendre le crâne de l'un des sbires qui accompagnaient Judas ; mais sa précipitation lui fit manquer son coup et il n'atteignit que l'oreille droite de Malchus, Cf. Joan. l.c.