Matthieu 26, 53

Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges.

Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges.
Saint Thomas d'Aquin
2745. PENSES-TU QUE JE NE POURRAIS PAS DEMANDER À MON PÈRE, etc. ? Ici, il donne la raison de radoucir l’âme de Pierre, en laissant entendre qu’il souffrait volontairement et qu’il aurait pu s’enfuir. Et parce qu’il voyait que [Pierre] prenait les devants, il dit donc : [PENSES-TU QUE] JE NE POURRAIS PAS DEMANDER À MON PÈRE ? Il ne dit pas : «Je peux faire appel ou faire venir», mais «demander» : en effet, il utilise des paroles d’homme, car il appartient à l’homme de prier. ET IL ME FOURNIRAIT IMMÉDIATEMENT PLUS DE DOUZE LÉGIONS D’ANGES. Cela a été dit à cause de la faiblesse de l’esprit de Pierre. Pierre se trouvait dans une telle situation qu’il devait le défendre et avait besoin de l’aide des hommes. C’est pourquoi [le Seigneur] veut dire que s’il avait besoin d’être défendu par l’aide des hommes, à combien plus forte raison par celle des anges ! Mais cela n’était pas nécessaire, car les anges sont plutôt maintenus dans l’existence par lui.

2746. Mais que veut dire : DOUZE LÉGIONS D’ANGES ? Il faut dire que «société», chez les Grecs, se dit «phalange», et, chez les Romains, «légion», et celle-ci comportait six mille hommes. De sorte que douze légions donnent soixante-douze mille [hommes], et tel est le nombre de langues chez les hommes, comme on le lit en Gn 11. Il veut donc dire : «Si tous les hommes se soulevaient contre moi, le Seigneur pourrait envoyer mille anges contre n’importe quelle langue » ; et si un seul ange en détruisait tant de milliers, comme il est clair en Is 37, à bien plus forte raison mille [anges] pourraient-ils détruire une seule langue ! Jb 25, 3 : Quel est le nombre de ses soldats ? Dn 7, 10 : Des milliers de milliers le servaient, et des dizaines de milliers de centaines de milliers l’aidaient. Rémi dit ce qui suit : «Tous ceux qui font la volonté de Dieu peuvent être appelés des anges, c’est-à-dire des messagers.» Is 18, 2 : Allez, anges rapides, vers une nation perturbée et déchirée. En effet, tous ceux qui servent Dieu sont appelés des anges. Ps 103[104], 4 : Lui qui a fait des esprits ses anges et de ses serviteurs un feu ardent.

2747. On peut encore entendre par «légion» la légion des Romains. Le Seigneur pourrait ainsi faire venir et appeler les légions des Romains afin de détruire les Juifs, comme cela est arrivé par la suite sous Titus et Vespasien. Par ce texte, certains ont démoli l’opinion de ceux qui disaient que le Seigneur ne pouvait faire que ce qu’il fait, car, s’il pouvait faire appel à des légions, auxquelles il n’avait pas fait appel, il est clair qu’il peut faire beaucoup de choses qu’il ne fait pas.
Louis-Claude Fillion
Jésus signale à l'Apôtre trop ardent un second motif pour lequel il aurait dû se tenir sur la réserve. - Penses-tu. L'Apôtre semblait prouver par sa conduite qu'il ignorait la puissance de son Maître : celui-ci lui rappelle l'influence personnelle dont il jouit auprès de Dieu. Il lui suffirait d'adresser une simple prière à son Père céleste pour en obtenir un prompt et puissant secours, qui réduirait à néant les efforts de ses ennemis. Il peut donc se passer de toute intervention humaine. - Qui m'enverrait ; il me fournira, il placera à mes côtés. - A l'instant, sur l'heure. - Douze légions d'anges. La légion, ainsi nommée parce qu'on choisissait primitivement parmi les citoyens romains les hommes qui la composaient, n'eut pas toujours le même nombre de soldats. Néanmoins, depuis l'époque de Marius, elle en comprenait habituellement six mille, sans compter un corps d'auxiliaires assez considérable et une aile de cavalerie forte de trois cents hommes. Cf. A. Rich. Dictionn. des antiquités rom. et grecq. au mot « Legio ». A prendre ce chiffre rond de 6000 hommes, l'armée angélique formée de douze légions -autant de légions que Jésus avait d'Apôtres- aurait compris 72000 combattants. On comprend qu'avec une telle troupe le Sauveur eût pu défier tous ses adversaires. Mais il se gardera bien d'adresser à Dieu une prière qui lui procurerait cette armée : n'a-t-il pas accepté le rôle de Rédempteur ? Il saura le remplir jusqu'au bout.
Fulcran Vigouroux
Dans la milice romaine, la légion était composée de six mille hommes.
Catéchisme de l'Église catholique
En épousant dans son cœur humain l’amour du Père pour les hommes, Jésus " les a aimés jusqu’à la fin " (Jn 13, 1) " car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime " (Jn 15, 13). Ainsi dans la souffrance et dans la mort, son humanité est devenue l’instrument libre et parfait de son amour divin qui veut le salut des hommes (cf. He 2, 10. 17-18 ; 4, 15 ; 5, 7-9). En effet, il a librement accepté sa passion et sa mort par amour de son Père et des hommes que Celui-ci veut sauver : " Personne ne m’enlève la vie, mais je la donne de moi-même " (Jn 10, 18). D’où la souveraine liberté du Fils de Dieu quand il va lui-même vers la mort (cf. Jn 18, 4-6 ; Mt 26, 53).