Matthieu 26, 57

Ceux qui avaient arrêté Jésus l’amenèrent devant Caïphe, le grand prêtre, chez qui s’étaient réunis les scribes et les anciens.

Ceux qui avaient arrêté Jésus l’amenèrent devant Caïphe, le grand prêtre, chez qui s’étaient réunis les scribes et les anciens.
Saint Thomas d'Aquin
2752. Il a été question plus haut de la capture du Christ. Maintenant, il est question de l’endroit où il a été conduit. L’endroit ainsi que l’entourage de ceux qui rassemblèrent en ce lieu sont décrits.

2753. [Matthieu] dit donc : MAIS EUX, c’est-à-dire ceux qui l’avaient capturé, LE MENÈRENT À CAÏPHE. Ce Caïphe était grand prêtre cette année-là, d’après Jérôme, selon ce qui est dit en Jn 11, 49 : Alors qu’il était grand prêtre pour cette année-là. En effet, déjà, le sacerdoce n’était plus exercé selon le précepte de la loi. Le Seigneur avait ordonné qu’Aaron et ses fils soient prêtres par droit d’héritage, de sorte que, lorsqu’un prêtre mourait, un autre demeurait prêtre. Mais par la suite, en raison d’une ambition croissante, ils ne purent pas le supporter, mais, après la soumission de la Judée aux Romains, ce Caïphe avait acheté des Juifs le sacerdoce : il l’avait acheté de Pilate. C’était donc un grand [prêtre] injuste. Et il n’est pas étonnant qu’un juge injuste ou un grand [prêtre injuste] porte un jugement injuste. Cela s’accorde au mystère, car, de même que la passion du Christ était l’offrande du sacrifice véritable, de même le lieu devait convenir, de sorte que le Christ, qui est prêtre pour l’éternité, fût offert dans la maison du grand prêtre. Caïphe veut dire «chercheur», et cela peut être mis en rapport avec la méchanceté par laquelle il a condamné le Christ.

2754. Mais ici se pose une question, car il est dit en Jn 18, 13 que [le Christ] fut d’abord conduit chez Anne. Et on doit comprendre que cela est vrai : ils s’étaient rendus chez Anne et s’y étaient réunis. Par cela se manifeste leur méchanceté, car, alors qu’ils devaient assister à la célébration [de la Pâque], ils s’adonnaient à leur malice, de sorte que s’appliquait à eux ce qui est dit en Is 1, 14 : Mon âme a haï vos célébrations. Ainsi s’accomplit ce qui est dit en Ps 2, 2 : Ils se sont ligués contre Dieu et contre son Christ.
Louis-Claude Fillion
Cependant, la troupe qui avait arrêté Notre-Seigneur se mit en marche pour le conduire devant ses Juges, si l'on peut donner ce nom à des hommes qui longtemps auparavant avaient décrété sa mort. S. Matthieu et les deux autres synoptiques ne disent rien d'une première audience, tout à fait privée, il est vrai, qui eut lieu chez Anne, ainsi que le raconte S. Jean, 18, 12-14, 24, et ils passent immédiatement à l'interrogatoire officiel auquel le Sanhédrin assistait au grand complet. - Les scribes et les anciens s'étaient rassemblés: la chambre sacerdotale est mentionnée un peu plus bas, v. 59. Ils sont à leur poste attendant leur victime que le traître est allé chercher à Gethsémani, accompagné, nous l'avons vu, de quelques-uns d'entre eux. Cette fois encore, cf. v. 3, c'est dans le palais de Caïphe que se tient l'Assemblée, et non dans le local ordinaire du Gazzith. Et pourtant, il était enjoint sous peine de nullité « ipso facto » que les arrêts de mort fussent prononcés dans cette salle. Le Talmud et ses commentateurs le disent expressément : « Lorsqu'on quitte le Gazzith, on ne peut porter contre qui que ce soit une sentence de mort », Abod. Zar. c. 1, f. 8, 1. « Il ne pouvait y avoir de sentence capitale qu'autant que le Sanhédrin siégeait en son lieu », Maimonid. tr. Sanh. c. 14. Pourquoi donc cette anomalie dans la circonstance présente ? Les interprètes l'expliquent différemment. Plusieurs l'ont regardée comme l'une de ces injustices criantes qui abondent dans le procès de Jésus. D'autres disent que la séance de nuit ne fut pas précisément officielle, et que la sentence ne fut proclamée d'une manière valable et définitive que le lendemain matin, dans la réunion mentionnée par S. Luc, 22, 66 ; alors on se serait assemblé dans le Gazzith (« in concilium suum »). Il est plus probable qu'il faut rattacher ce fait à la privation du « droit du glaive » infligée au Sanhédrin par les Romains. Le Talmud est formel là-dessus. Quatre années environ avant la mort de Jésus, racontent les Rabbins, Rome ayant enlevé aux Sanhédristes le droit d'exécuter les sentences capitales, ils cessèrent de tenir leurs séances dans la salle des Pierres taillées et vinrent siéger dans la ville. Cf. Sanhédr. f. 24, 2 ; Avod. Zar. f. 8, 2. C'est donc pour cela qu'on se serait réuni chez le Grand-Prêtre.
Fulcran Vigouroux
Selon le récit plus ample de saint Jean (voir Jean, 18, verset 13 et suivants), ils le menèrent d’abord chez Anne, beau-père de Caïphe, et ensuite chez Caïphe. ― D’après la tradition, la maison de Caïphe, soit que ce fût sa propre maison, soit que ce fût celle des grands prêtres, était sur le mont Sion, dans la ville haute, à l’endroit où est aujourd’hui un petit couvent qui appartient aux Arméniens. Ce couvent occupe un emplacement triangulaire, en dehors de la porte actuelle qui porte le nom de Bab-es-Sioun ou Porte de Sion. On remarque au milieu une petite cour. C’est là, croit-on, que saint Pierre se trouvait pendant qu’on jugeait son maître et qu’il le renia trois fois. Nicéphore nous apprend que sainte Hélène avait bâti en ce lieu une église dédiée au Prince des Apôtres.