Matthieu 26, 63

Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. »

Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. »
Saint Thomas d'Aquin
2763. MAIS JÉSUS SE TAISAIT. Mais pourquoi se taisait-il ? Pour trois raisons. Afin de nous enseigner la prudence : en effet, il savait que quoi qu’il dise, cela serait transformé en calomnie, et, dans une telle situation, il faut se taire devant ceux qui tendent des pièges. Ps 38[39], 2 : J’ai gardé ma bouche, lorsque le pécheur m’assiégeait. Une autre raison était que ce n’était pas le temps d’enseigner, mais d’avoir de la patience. Ainsi s’accomplit ce qui est dit en Is 53, 7 : Comme un agneau devant celui qui le tond, il se tait et n’ouvre pas la bouche. La troisième raison, c’était pour nous enseigner la constance, lorsque nous sommes injustement accusés. Is 51, 7 : Ne craignez pas l’outrage des hommes.

2764. Vient ensuite la question sur le point principal : LE GRAND PRÊTRE LUI DIT : «JE T’ADJURE PAR LE DIEU VIVANT DE ME DIRE SI TU ES LE CHRIST, LE FILS DE DIEU.» Premièrement, l’enquête est présentée ; deuxièmement, la réponse du Seigneur.

Le grand prêtre, voyant qu’il ne pouvait pas le piéger, l’adjura, et cela, afin de le piéger par la parole. On lit cela en Jn 10, 24 : Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en haleine ? Si tu es le Christ, dis-le-nous maintenant. Chez les Juifs, on accorde beaucoup d’importance à l’adjuration, car, adjurer, c’est imposer un serment. En effet, comme les chrétiens ne doivent pas jurer sans nécessité, de même ne doivent-ils pas recourir à l’adjuration, mais, plutôt qu’à l’adjuration, ils doivent recourir à la prière.
Louis-Claude Fillion
Mais Jésus se taisait. Le Sauveur accomplissait, par ce silence d'une ultime dignité, l'oracle du Roi Prophète, Ps. 37, 13-15 : « Ceux qui cherchaient un prétexte pour m'ôter la vie, et qui voulaient me perdre, disaient des choses vaines et fausses ; ils ne pensaient qu'à me tendre des pièges. Mais j'ai été à leur égard comme un sourd qui n'entend pas, et comme un muet qui n'ouvre pas la bouche. » Au reste, à quoi lui eût-il servi de se défendre ? « Il était inutile de répondre, puisqu’il n’y avait personne qui voulut écouter. Il n’y avait qu’un simulacre de jugement. Et ce concile n’était en effet qu’une assemblée d’homicides et de voleurs. », S. Jean Chrysost. Hom. 84 in Matth. Aux calomnies de ces accusateurs Jésus n'oppose qu'un noble silence, bien qu'il lui eût été facile de les réduire à néant, comme il avait fait tant de fois. Son heure est venue ! Il laisse agir ses bourreaux. - Alors le grand prêtre... Caïphe, blessé par le silence du Sauveur, affecte de recourir aux grands moyens. Toujours debout, il adresse à l'accusé ces paroles solennelles : Je vous adjure par le Dieu vivant de nous dire si vous êtes le Christ, Fils de Dieu. - Je t'adjure, « faire jurer, obliger à prêter serment ». Par cette formule, Caïphe forçait donc Notre-Seigneur Jésus-Christ de répondre, en même temps qu'il plaçait sa réponse sous le sceau du serment. Comparez Gen. 24, 3 ; 50, 5. - Par le Dieu vivant, au nom du Dieu vivant. On rappelait ainsi à l'accusé que Jéhovah allait être témoin des paroles qu'il prononcerait, et que Dieu saurait au besoin venger le parjure. - Si tu es le Christ. Jésus devra dire clairement au Sanhédrin s'il est, oui ou non, le Messie promis. Il faut que sa confession soit entière et ne laisse subsister aucun doute. - Les commentateurs sont partagés sur le sens des mots Fils de Dieu, qui terminent la question de Caïphe. Plusieurs les regardent comme un simple prédicat d'honneur, synonyme de « Messie » ; d'autres pensent que le grand-prêtre les employa pour désigner une vraie filiation divine (Olshausen et Stier parmi les protestants, Bisping parmi les catholiques). Il ne nous semble pas douteux que cette seconde interprétation ne soit la véritable. Caïphe, qui veut en finir, qui veut obtenir de Jésus une réponse dont il se servira pour le condamner sûrement, demande par là-même le plus possible. Le Sauveur avait souvent affirmé devant les Juifs, pendant la dernière période de sa vie, qu'il avait Dieu pour père : le Nasi ne l'ignore point, de là cette forme précise donnée à la question. Il faut qu'il soit impossible à l'accusé d'éluder cette fois une réponse.