Matthieu 26, 65

Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème !

Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème !
Saint Thomas d'Aquin
2769. ALORS LE GRAND PRÊTRE DÉCHIRA SES VÊTEMENTS. Ici est présentée la condamnation. Premièrement, on présente comment [Jésus] a été condamné ; deuxièmement, comment il a été renié par un disciple.

En premier lieu, il est question de la condamnation ; en second lieu, de la dérision.

À propos du premier point, [Matthieu] fait deux choses : premièrement, le grand prêtre le condamne ; deuxièmement, il s’enquiert de la sentence.

2770. Celui qui [le] condamne montre sa faute par le geste et par la parole : par le geste, car il déchire ses vêtements. Il a déchiré ses vêtements avec la même fureur qui le fit plus tôt se lever de son trône : c’était en effet la coutume que ceux qui entendaient un blasphème déchirent leurs vêtements pour montrer qu’ils ne voulaient pas écouter. Il est vrai qu’en faisant ces deux choses il signifiait quelque chose : par le fait de se lever de son trône, il montrait qu’il abandonnait le sacerdoce ; et par le fait de déchirer ses vêtements, il signifiait que [le sacerdoce] devait être transféré. He 7, 12 : Une fois transféré le sacerdoce, il est nécessaire que la loi soit transférée. Le vêtement du Christ ne fut pas déchiré. Jn 19, 24 : Ne le séparons pas, mais tirons-le au sort pour savoir à qui il appartiendra. Cela signifie donc l’abolition [du sacerdoce et de la loi]. Et cela est indiqué en 1 R [1 Sm] 15, 28 : Aujourd’hui, le Seigneur a séparé de toi le royaume d’Israël. Ainsi [le sacerdoce] a-t-il été séparé des Juifs et donné aux membres du Christ.

2771. Ensuite, [le grand prêtre] l’inculpe : IL A BLASPHÉMÉ ! Parce que [Jésus] avait dit cela, il estimait qu’il était un blasphémateur. Ainsi, Jn 10, 33 : Nous ne te lapidons pas à cause de ta bonne action, mais à cause de ton blasphème, car, d’homme que tu es, tu t’es fait Fils de Dieu. Or, un tel [coupable] méritait la mort.

Ensuite, le grand prêtre met la faute en évidence : QU’AVONS-NOUS ENCORE BESOIN DE TÉMOINS ?
Louis-Claude Fillion
Un juge ami de la justice et de la vérité aurait dû instituer une enquête pour examiner l'assertion de l'accusé. Jésus en effet n'était pas le premier venu. Sa vie, sa prédication et ses miracles, rapprochés du témoignage qu'il venait de se rendre solennellement à lui-même, ne contenaient-ils pas la preuve la plus authentique et la plus irréfragable ? Mais il s'agissait bien d'enquête et de justice ! On voulait la mort du Sauveur, et, depuis le commencement jusqu'à la fin, c'est dans le sens d'une condamnation à la peine capitale que les débats sont dirigés. Caïphe, oubliant son rôle de président, continue de jouer celui de premier accusateur. - Il déchira ses vêtements. L’Orient a toujours été par excellence le pays des manifestations extérieures : la douleur, l'effroi, l'indignation, et en général toutes les vives émotions, y étaient représentés par des actes qui, naturels dans le début, étaient devenus purement conventionnels. Tel était, chez les Juifs, le signe usité et même prescrit, lorsqu'on entendait un blasphème ou qu'on était témoin d'une action sacrilège. Il consistait à déchirer aussitôt avec les marques d'une sainte colère les vêtements dont on était couvert. Cf. 4 Reg. 18, 17 ; Act. 19, 13 ; etc. Les rabbins, qui se complaisaient dans cette sorte de détails, avaient déterminé minutieusement la manière dont devait s'opérer cette lacération. « La déchirure des vêtements se fait debout. Elle part du cou d’en avant, non d’en arrière. Elle ne se fait pas sur les côtés ou sur les franges du vêtement. La longueur de la déchirure est d’une palme. On ne déchire ni la chemise ni le manteau d’extérieur, mais tous les autres vêtements que l’on porte, même au nombre de dix », Maimonides, cité par Buxtorf, Lexic. Talm. p. 2146 ; cf. Otho, Lexic. Rabb. s. v. Blasphemus, Laceratio ; Schoettgen, Hor. Hebr. in h.l. - Caïphe saisit donc violemment le haut de sa robe, et il la déchira à partir du col jusque vers la poitrine. En même temps il s'écriait : Il a blasphémé. Cet homme est coupable de blasphème, puisqu'il ose se dire le Christ, le Fils de Dieu. Mais n'était -ce-pas le grand-prêtre lui-même qui blasphémait en ce moment, puisqu'il refusait à Jésus les titres auxquels il avait droit d'une manière si manifeste, et qu'il le traitait comme le dernier des malfaiteurs ? - Qu'avons-nous encore besoin... Caïphe était heureux de pouvoir se passer de témoins : un long et minutieux interrogatoire, conduit avec partialité, ne lui avait que trop bien démontré l'inutilité de ce moyen pour condamner Notre-Seigneur. Il ose donc prétendre, afin d'enlever tout scrupule à ses collègues, et pour prévenir les accusations de l'opinion publique, que désormais cette formalité n'est plus nécessaire, tandis que la loi l'enjoignait aux Juges avec une grande rigueur. - Vous venez d'entendre... Vous êtes vous-mêmes des témoins suffisants !
Fulcran Vigouroux
En signe d’une grande douleur ou d’indignation, les Juifs déchiraient leurs vêtements.