Matthieu 26, 66
Quel est votre avis ? » Ils répondirent : « Il mérite la mort. »
Quel est votre avis ? » Ils répondirent : « Il mérite la mort. »
2772. Ensuite, il s’enquiert de la sentence : QUE VOUS EN SEMBLE ? ILS RÉPONDIRENT : «IL MÉRITE LA MORT !», au jugement de la loi. Et cela serait vrai s’il était un blasphémateur. Mais il ne l’était pas. Ils ont donc porté un mauvais jugement, car ils condamnent à mort l’auteur de la vie. 1 Co 15, 22 : En effet, comme la mort est venue à tous les hommes par Adam, de même la vie par Jésus.
Qu'en pensez-
vous ? C'est-à-dire, quelle est votre opinion sur la culpabilité de l'accusé et par conséquent, sur le châtiment
qu'il mérite ? C'est un vote en masse et par acclamation que le grand-prêtre demande, toujours malgré la loi,
d'après laquelle les juges devaient absoudre ou condamner chacun à leur tour. Cf. Sanhed. 15, 5. Et puis,
« après avoir qualifié d'horrible blasphème la réponse de Jésus-Christ, après avoir déclaré qu'il n'est plus
besoin de nouvelles preuves ni de nouveaux témoignages pour porter contre lui une peine capitale, demander
à ses collègues ce qu'il leur en semble, n'est-ce pas la plus amère des dérisions ? » Lémann, Valeur de
l'assemblée, etc. p. 86. - Mais les Sanhédristes ne s'en inquiètent guère, leur jugement est depuis longtemps
arrêté. Ils répondent conformément au désir du grand-prêtre : Il mérite la mort. C'était d'ailleurs la sentence
prononcée par Dieu lui-même contre le crime attribué à Jésus : « Celui qui blasphémera le nom de l'Éternel
sera puni de mort », Lévitique, 24, 16. Après ce cri déicide, la séance fut levée : le Grand Conseil avait
atteint son but, car Jésus était condamné à mort. - S. Luc et S. Jean nous fourniront de nouveaux
renseignements sur la conduite du tribunal suprême des Juifs dans la partie du procès de Notre-Seigneur qui
fut de son ressort ; mais ceux que nous avons lus dans le premier Évangile suffisent largement pour nous
permettre de conclure qu'il y eut dans cette circonstance un abus affreux de la justice. Nous avons relevé
quelques-unes des illégalité du procès : MM. Les abbés Lémann qui l'ont révisé « en fils d'Israël », c'est-à-
dire au point de vue de la Loi juive, dans l'ouvrage intéressant que nous avons déjà cité plusieurs fois (Valeur
de l'Assemblée qui prononça la peine de mort contre Jésus-Christ, Lyon 1876), y ont découvert jusqu'à
vingt-sept irrégularités manifestes, dont les moins graves entraînaient la nullité de la sentence. Si plusieurs de
ces irrégularités n'atteignent que les formes légales de la procédure judaïque, la plupart d'entre elles sont des
injustices révoltantes que réprouve le droit général, indépendamment des circonstances de temps et de pays :
M. Dupin l'a montré dans un opuscule célèbre intitulé : Jésus devant Caïphe et Pilate, Paris, 1829 (cf. Baum
garten-Crusius, De causa J. Ch. coram Judaeis acta et coram Pilato Opusc. Théol. Jena, 1836). On s'assemble
pour condamner ; c'est d'après ce plan arrêté que les débats sont conduits. On écarte les témoins à décharge :
les témoins à charge seront seuls entendus. La voix de l'accusé est bruyamment étouffée par la voix du
président. Pour tout dire en un mot avec S. Jean Chrysostôme, Hom. 84 : « ils étaient eux-mêmes les
accusateurs, les témoins, les examinateurs et les juges: eux seuls tenaient lieu de tout ». Et pourtant, il s'est
trouvé de nos jours des écrivains qui ont entrepris de légitimer au point de vue juridique la condamnation de
Jésus ! Cf. Salvador, Hist. des institutions de Moïse et du peuple hébreu. 4, p. 163 et ss., Paris, 1828 ; du
même, Jésus-Christ et sa doctrine, Paris, 1836 ; Saalschülz, Mosaisches Recht, t. 2, p. 623, Berlin 1853.
Selon la loi (voir Lévitique, 24, 16), les blasphémateurs devaient être punis de mort.
Les autorités religieuses de Jérusalem n’ont pas été unanimes dans la conduite à tenir vis-à-vis de Jésus (cf. Jn 9, 16 ; 10, 19). Les pharisiens ont menacé d’excommunication ceux qui le suivraient (cf. Jn 9, 22). A ceux qui craignaient que " tous croient en Jésus et que les Romains viennent détruire notre Lieu Saint et notre nation " (Jn 11, 48), le grand prêtre Caïphe proposa en prophétisant : " Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière " (Jn 11, 49-50). Le Sanhédrin, ayant déclaré Jésus " passible de mort " (Mt 26, 66) en tant que blasphémateur, mais ayant perdu le droit de mise à mort (cf. Jn 18, 31), livre Jésus aux Romains en l’accusant de révolte politique (cf. Lc 23, 2) ce qui mettra celui-ci en parallèle avec Barrabas accusé de " sédition " (Lc 23, 19). Ce sont aussi des menaces politiques que les grands prêtres exercent sur Pilate pour qu’il condamne Jésus à mort (cf. Jn 19, 12. 15. 21).