Matthieu 26, 67

Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ; d’autres le rouèrent de coups

Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ; d’autres le rouèrent de coups
Saint Thomas d'Aquin
2773. ALORS, ILS LUI CRACHÈRENT AU VISAGE, etc. Après la condamnation du Christ, il est question de la dérision. Et cela convient assez, car le Christ a porté nos péchés, comme [le dit] Is 53. Or, l’homme a été livré à la mort par le péché lorsqu’il lui a été dit, Gn 2, 17 : Dès que vous en aurez mangé, vous serez condamnés à la mort. Aussi a-t-il perdu son propre honneur, car l’homme, alors qu’il possédait l’honneur, n’a pas compris ; il est devenu semblable aux animaux sans raison, Ps 48[49], 13. C’est pourquoi le Christ rédempteur a d’abord supporté la mort et l’opprobre par des gestes ; en second lieu, par la parole, en cet endroit : FAIS-LE PROPHÈTE POUR NOUS, CHRIST ! [26, 68].

2774. En premier lieu, on crache sur lui et on le gifle ; en second lieu, on le frappe au visage. À propos du premier point, on dit : ILS LUI CRACHÈRENT ET LE FRAPPÈRENT AU VISAGE. Comme on le voit par les paroles, cela eut lieu pour montrer le mépris du commandement de Dieu. On lit ainsi en Dt 25, 5s, que si quelqu’un ne voulait pas prendre la femme de son frère, on lui crachait au visage. [C’était aussi pour montrer] le mépris du commandement paternel. Tel fut le cas de Marie, la sœur de Moïse : on lui cracha au visage parce qu’on estimait qu’elle blasphémait. Is 1, 6 : Je n’ai pas détourné le visage de ceux qui m’insultaient et crachaient sur moi. De même, ILS LE GIFLÈRENT, comme un homme ivre ou insensé. Is 53, 3 : Nous l’avons considéré comme le dernier des hommes, c’est-à-dire qu’il semblait méprisé comme s’il était le dernier de tous les hommes. D’AUTRES LE GIFLÈRENT par irrespect. Lm 3, 30 : Il offrait sa joue à celui qui le frappait.

2775. Au sens mystique, selon Augustin, certains font encore cela, car cracher au visage n’est rien d’autre que mépriser la présence de la grâce du Christ. He 10, 29 : D’un châtiment combien plus grave sera jugé digne, ne pensez-vous pas, celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, aura profané le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié, et outragé l’Esprit de la grâce ! Mais, au sens propre, celui-là soufflette qui soumet la tête à la main : tels sont ceux qui recherchant davantage leur propre dignité que l’honneur du Christ. Il est dit de ceux-là : Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière. Or, ceux qui soufflettent sont ceux qui s’efforcent d’une certaine façon d’anéantir sa présence, comme c’est le cas des Juifs. Is 30, 11 [dit] à leur sujet : Que le Saint d’Israël disparaisse de notre vue !
Louis-Claude Fillion
Lorsque la sentence du Sauveur eut été prononcée, une scène affreuse, presque inouïe dans les annales des peuples civilisés, commença. Le divin condamné fut abandonné par le Sanhédrin aux valets et aux sergents d'armes qui lui firent subir les derniers outrages. Sans doute, ce ne furent pas directement les membres du Grand Conseil qui se rendirent coupables des infamies racontées par les synoptiques : S. Luc, 22, 63-65, rejette très-clairement la faute sur les officiers subalternes qui gardaient Jésus. Ils n'en demeurent pas moins responsables de ces brutalités sans nom qu'ils pouvaient à coup sûr empêcher. - Ils lui crachèrent au visage. En un instant, la sainte face du Sauveur fut couverte d'immondes crachats. Cet affront n'était pas moins sanglant dans l'antiquité que de nos jours ; cf. Rom. 12, 14 ; Deut. 14, 9. - A coups de poing : ils l'accablèrent de coups de poing. - Des gifles... des soufflets appliqués avec la main étendue. Les bourreaux du Sauveur accomplissaient sans le savoir ces paroles typiques de Job : « Ils n'ont pas rougi de me cracher au visage. Ils m'ont fait mille outrages ; ils ont infligé des soufflets à mes joues. Ils se sont rassasiés de mon opprobre ». 16, 11 ; 30, 10.