Matthieu 26, 7
une femme s’approcha, portant un flacon d’albâtre contenant un parfum de grand prix. Elle le versa sur la tête de Jésus, qui était à table.
une femme s’approcha, portant un flacon d’albâtre contenant un parfum de grand prix. Elle le versa sur la tête de Jésus, qui était à table.
2617. UNE FEMME S’APPROCHA DE LUI. Voici la personne. Matthieu et Marc disent que cela est arrivé dans le même endroit, mais non pas Jean et Luc. En effet, Luc parle de celle-ci en 7, 37s, et Jean en 12, 3s. Certains sont donc d’avis, comme ce fut le cas d’Origène, qu’il y a eu plusieurs femmes. Parlons des deux premières. Jérôme dit expressément que celle dont parle Luc n’était pas la sœur de Lazare, car on dit de celle-là qu’elle oignit les pieds [de Jésus], mais de celle-ci [qu’elle lui oignit] les pieds et la tête. Ambroise, dans son commentaire de Luc, affirme qu’on peut dire les deux choses : qu’elle était la même et qu’elles étaient différentes. Si nous disons qu’elle était la même, nous pouvons dire que, bien qu’elle ait été la même, elle n’avait pas le même mérite, car, alors qu’elle était pécheresse, elle n’osa pas oindre la tête [de Jésus], mais, par la suite, ayant pris confiance, elle lui oignit la tête. Augustin démontre que c’était la même, car, en Jn 11, 5, avant d’en venir à ce geste, on dit : Marie était la sœur de Lazare, qui oignit le Seigneur d’une huile parfumée et lui essuya les pieds de ses cheveux. Il semble donc que celle dont Luc parle soit la même que celle qui était la sœur de Lazare. Origène dit qu’elle n’est pas la même que celle dont parle Luc et celle dont parle Jean. Et on peut le démontrer à cause du moment, car on lit qu’elle a posé ce geste avant que [Jésus] ne se rende à Jérusalem. Cela est arrivé lorsqu’il dit : VOUS SAVEZ QUE LA PÂQUE TOMBE DANS DEUX JOURS. [On peut le démontrer aussi] par l’endroit, car celle dont parle Jean [posa son geste] dans la maison de Marthe, mais celle-ci, dans la maison de Simon. [On peut le démontrer encore] par le fait que, là, elle oignit ses pieds, et ici, sa tête. Quatrièmement, là, Judas dit : POURQUOI UN TEL GASPILLAGE ? Mais ici, ce sont tous les disciples [qui le dirent] [26, 8].
Augustin dit que c’était la même femme, et il répond aux arguments d’Origène. Au premier, il répond que Matthieu ne respecte pas l’ordre historique, mais raconte, car Judas trouva dans cette circonstance une occasion de pécher. Augustin n’apporte pas de solution à ce qu’[Origène] objecte au sujet du lieu, mais on peut apporter la solution suivante : cet homme possédait une grande autorité et [un grand] pouvoir, et leur maison n’en faisait qu’une, car il était parent [avec elle]. Autrement, comment serait vrai ce qui est dit : Ils firent un grand repas… et Lazare était l’un des convives ? [Jn 12, 2].
2618. UNE FEMMES S’APPROCHA DE LUI AVEC UN FLACON D’ALBÂTRE CONTENANT DU PARFUM. L’albâtre est une sorte de marbre qui est translucide et dont on fait des fenêtres. Avec cette pierre, on faisait certains vases dans lesquels étaient conservés des parfums, comme on le fait maintenant avec de la terre broyée, car ils étaient aptes à la conservation par leur fraîcheur. Ainsi, UN FLACON [D’ALBÂTRE], c’est-à-dire [un vase] d’albâtre rempli de parfum. Et on dit ici [D’UN PARFUM] PRÉCIEUX, et ailleurs de nard pur. Pistis en grec veut dire «fidèle» en latin. Ainsi, pur, c’est-à-dire non frelaté.
2619. L’effet est ensuite présenté : ET ELLE LE VERSA SUR SA TÊTE PENDANT QU’IL ÉTAIT À TABLE. Mais ici se pose une double question. Comment le Christ a-t-il supporté cela, car cela semble avoir un rapport avec la débauche ? Augustin répond à cela dans Sur la doctrine chrétienne. «On juge d’une manière différente lorsqu’il s’agit d’une personne ordinaire et lorsqu’il s’agit d’une personne prophétique, car, pour une personne ordinaire, [on juge] selon le geste, et pour une personne prophétique, selon la signification de celui-ci. Pour une personne ordinaire, cela indiquerait la débauche ; pour une personne prophétique, [cela aurait] une signification.»
2620. L’interprétation allégorique [est la suivante] : cela signifie la sépulture du Christ, car, anciennement, on avait coutume d’oindre les corps. En Mc 14, [8], on lit qu’elle oignit le corps [du Christ] en prévision de sa sépulture. De même, au sens mystique, le parfum signifie toute bonne action. Cette [bonne action] peut être faite de deux manières : elle peut être faite, non pas pour Dieu, mais en vue de la justice naturelle, comme une œuvre païenne, et cela est un parfum, mais qui n’est pas précieux. Si [elle est faite] pour Dieu, alors elle est précieuse. Ainsi, on oint les pieds lorsqu’on fait une bonne action pour l’utilité du prochain ; mais lorsqu’elle est faite pour la gloire de Dieu, on oint alors la tête.
Mais pourquoi Jean dit [qu’elle oignit] les pieds, et Matthieu, la tête ? Augustin dit qu’elle [oignit] les deux. Mais pourquoi Marc dit-il qu’elle brisa [le vase] d’albâtre ? Augustin dit que, «de même qu’il arrive parfois que quelqu’un verse de manière à ce qu’il ne reste rien, puis brise [le vase], celle-ci a-t-elle agi de même : elle versa, puis brisa [le vase]». Ou bien, si quelqu’un veut [la] calomnier, on peut dire qu’elle oignit d’abord les pieds, puis la tête.
Augustin dit que c’était la même femme, et il répond aux arguments d’Origène. Au premier, il répond que Matthieu ne respecte pas l’ordre historique, mais raconte, car Judas trouva dans cette circonstance une occasion de pécher. Augustin n’apporte pas de solution à ce qu’[Origène] objecte au sujet du lieu, mais on peut apporter la solution suivante : cet homme possédait une grande autorité et [un grand] pouvoir, et leur maison n’en faisait qu’une, car il était parent [avec elle]. Autrement, comment serait vrai ce qui est dit : Ils firent un grand repas… et Lazare était l’un des convives ? [Jn 12, 2].
2618. UNE FEMMES S’APPROCHA DE LUI AVEC UN FLACON D’ALBÂTRE CONTENANT DU PARFUM. L’albâtre est une sorte de marbre qui est translucide et dont on fait des fenêtres. Avec cette pierre, on faisait certains vases dans lesquels étaient conservés des parfums, comme on le fait maintenant avec de la terre broyée, car ils étaient aptes à la conservation par leur fraîcheur. Ainsi, UN FLACON [D’ALBÂTRE], c’est-à-dire [un vase] d’albâtre rempli de parfum. Et on dit ici [D’UN PARFUM] PRÉCIEUX, et ailleurs de nard pur. Pistis en grec veut dire «fidèle» en latin. Ainsi, pur, c’est-à-dire non frelaté.
2619. L’effet est ensuite présenté : ET ELLE LE VERSA SUR SA TÊTE PENDANT QU’IL ÉTAIT À TABLE. Mais ici se pose une double question. Comment le Christ a-t-il supporté cela, car cela semble avoir un rapport avec la débauche ? Augustin répond à cela dans Sur la doctrine chrétienne. «On juge d’une manière différente lorsqu’il s’agit d’une personne ordinaire et lorsqu’il s’agit d’une personne prophétique, car, pour une personne ordinaire, [on juge] selon le geste, et pour une personne prophétique, selon la signification de celui-ci. Pour une personne ordinaire, cela indiquerait la débauche ; pour une personne prophétique, [cela aurait] une signification.»
2620. L’interprétation allégorique [est la suivante] : cela signifie la sépulture du Christ, car, anciennement, on avait coutume d’oindre les corps. En Mc 14, [8], on lit qu’elle oignit le corps [du Christ] en prévision de sa sépulture. De même, au sens mystique, le parfum signifie toute bonne action. Cette [bonne action] peut être faite de deux manières : elle peut être faite, non pas pour Dieu, mais en vue de la justice naturelle, comme une œuvre païenne, et cela est un parfum, mais qui n’est pas précieux. Si [elle est faite] pour Dieu, alors elle est précieuse. Ainsi, on oint les pieds lorsqu’on fait une bonne action pour l’utilité du prochain ; mais lorsqu’elle est faite pour la gloire de Dieu, on oint alors la tête.
Mais pourquoi Jean dit [qu’elle oignit] les pieds, et Matthieu, la tête ? Augustin dit qu’elle [oignit] les deux. Mais pourquoi Marc dit-il qu’elle brisa [le vase] d’albâtre ? Augustin dit que, «de même qu’il arrive parfois que quelqu’un verse de manière à ce qu’il ne reste rien, puis brise [le vase], celle-ci a-t-elle agi de même : elle versa, puis brisa [le vase]». Ou bien, si quelqu’un veut [la] calomnier, on peut dire qu’elle oignit d’abord les pieds, puis la tête.
S'approcha de lui : pendant un
repas solennel qui fut donné en l'honneur de Jésus dans la maison de Simon. - Une femme. S. Jean a conservé
son nom : c'était Marie, sœur de Marthe et de Lazare, l'amie si dévouée du Sauveur. Cf. Luc. 10, 39 et ss. ;
Joan. 11, 1 et ss. - Avec un vase d'albâtre. On nommait ainsi chez les grecs de petits vases ordinairement à
long col où l'on conservait les parfums de prix. Pline l'Ancien, Hist. Nat. 3, 20, dans la définition qu'il en
donne, montre d'où leur venait ce nom : « Le vase des onguents qui était creusé dans la pierre d’albâtre
servait, selon la coutume, à préserver de la corruption ». Leur matière était donc ordinairement l'albâtre,
substance calcaire de couleur blanchâtre qui se polit comme le marbre, mais qui se taille très facilement.
Souvent aussi ils étaient d'onyx, ou d'autres substances précieuses. Cf. Smith, Diction. of the Bible, s. v.
Alabaster : plusieurs gravures sont jointes à l'article ; A. Rich, Dictionn. des Ant. rom. et grecq. p. 19. - Un
parfum de grand prix. Le parfum renfermé dans le vase était du nard, d'après S. Marc et S. Jean. Judas en fixa la valeur à trois cent deniers, Joan. 12, 5. - Sur sa tête : de même S. Marc. S. Jean dit au contraire : « elle
oignit les pieds de Jésus ». La conciliation est aisée : pour la faire il suffit de dire que Marie parfuma et la
tête et les pieds du Sauveur. En agissant de la sorte, la sœur de Lazare ne se livrait pas à une démonstration
extraordinaire, car c'était la coutume chez les Juifs, cf. Ps. 22, 5 ; Luc 7, 46, de répandre pendant les repas
des huiles précieuses et des eaux de senteur sur la tête des invités de distinction qu'on voulait honorer d'une
manière particulière. Elle avait toutefois dans le cas actuel une raison spéciale qui sera révélée plus bas (v.
12) par Jésus. - Il était à table : couché à table, à la façon des anciens.
« Une femme ayant un vase d’albâtre. On croit que c’est Marie Madeleine. Le sentiment commun est qu’il n’y a point de distinction à faire entre la pécheresse de saint Luc, Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, Marie, sœur de Marthe, et Marie de Béthanie. Ce sentiment paraît bien fondé. En effet : 1° Tel est l’avis des docteurs et des Pères les plus anciens, celui que l’Eglise romaine a toujours suivi dans sa liturgie. S’il s’agissait, dans ces passages, de personnes différentes, serait-il possible que les Apôtres n’en eussent pas instruit les premiers fidèles ou qu’il se fût établi dès les premiers temps une tradition opposée à leur enseignement ? ― 2° Lorsqu’on lit simplement l’Evangile, l’idée de ces distinctions ne s’offre pas à l’esprit. ― Après avoir rapporté la conversion de la pécheresse chez Simon, saint Luc parle aussitôt de plusieurs femmes qui avaient été guéries ou délivrées du démon par le Sauveur, et qui l’assistaient de leurs biens : or, la première de toutes est Marie, surnommée Madeleine. ― Quand saint Jean parle de Marie, sœur de Lazare et de Marthe, il ajoute, pour la faire connaître, que c’est la personne qui a essuyé de ses cheveux les pieds du Sauveur. A qui peut-on penser, sinon à la pécheresse qu’on sait avoir fait à Naïm cet acte d’humilité et de religion ? ― On ne peut pas la méconnaître davantage chez Simon où cette action est renouvelée, ni aux pieds du Sauveur, à la maison de Marthe, ni au pied de la croix, ni au tombeau où elle paraît sous le nom de Marie-Madeleine. Si ce n’était pas là, en effet, Marie de Béthanie, comment s’expliquer son absence, l’absence de la sœur de Lazare, en pareille circonstance ? D’ailleurs, ce sont les mêmes habitudes qui se manifestent partout, et l’identité du caractère indique l’identité de la personne. Mais si Marie de Béthanie est Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, peut-on douter que ce ne soit la pécheresse de Naïm, celle qui a témoigné à Notre-Seigneur tant de repentir et tant d’amour ? ― 3° On ne peut opposer à ce sentiment aucune difficulté réelle. ― Une même personne ne peut-elle pas s’être trouvée en Galilée, chez Simon le pharisien, avoir possédé un bien à Magdala, et être venue chez sa sœur à Béthanie ? ― Il est des esprits qui répugnent à croire que le Sauveur ait témoigné tant de bonté à une pécheresse, même après sa conversion. Mais n’a-t-il pas dit lui-même à Simon ce qu’on doit penser d’un tel sentiment ? N’est-ce pas pour les pécheurs qu’il est venu sur la terre et ne voulait-il pas qu’on connût ses dispositions ? Ce qu’il a fait pour Madeleine, ne l’a-t-il pas fait pour la Samaritaine et pour une infinité d’autres ? N’était-ce pas un présage, une figure de la grâce qu’il destinait à toute la gentilité ? Ne l’a-t-il pas aussi convertie ? Ne l’a-t-il pas régénérée, honorée du nom d’épouse et mise à la place de la synagogue infidèle ? ― Enfin, si Marie, sœur de Marthe, n’était pas Marie-Madeleine, ne faudrait-il pas dire que l’Eglise est loin de remplir les intentions du Sauveur, qu’elle ne comprend même pas la prédiction qu’il a faite au repas de Béthanie, puisqu’elle attribue à sainte Madeleine et qu’elle honore particulièrement en sa personne l’acte de religion qu’il a signalé en Marie comme devant être pour elle la source de tant de gloire ? ― Le caractère de Madeleine contraste admirablement avec celui de Judas à Béthanie, comme il contraste avec celui de Simon à Naïm. » (L. BACUEZ.) ― Un vase d’albâtre. On a trouvé de nombreux échantillons de ces vases à parfums dans des tombeaux. Ceux qui ont été découverts dans les tombeaux des rois de Sidon, en Phénicie, et qui remontent à une époque un peu antérieure à Notre-Seigneur, sont tous en albâtre égyptien ; ils ont la forme d’une poire ; leur hauteur est de 25 centimètres ; l’orifice a 3 centimètres ; l’épaisseur n’est guère que d’un centimètre. Ces vases faits au tour, sont donc très fragiles.