Matthieu 26, 73

Peu après, ceux qui se tenaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : « Sûrement, toi aussi, tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs, ta façon de parler te trahit. »

Peu après, ceux qui se tenaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : « Sûrement, toi aussi, tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs, ta façon de parler te trahit. »
Saint Thomas d'Aquin
2784. Vient ensuite le troisième reniement : premièrement, le moment est décrit ; deuxièmement, l’incitation ; troisièmement, le reniement.

[Matthieu] dit donc : PEU APRÈS. Luc dit qu’il se passa un intervalle d’environ une heure. Le Diable faisait en sorte que [Pierre] ne puisse pas souffler. Ils lui disent donc : TOI AUSSI, TU EN ES ! Et ils le prouvent : D’AILLEURS TON LANGAGE TE TRAHIT. Or, il est clair que tous étaient juifs. Comment donc dit-on : D’AILLEURS TON LANGAGE TE TRAHIT ? Jérôme répond en disant que, dans une même langue, il y a souvent des manières différentes de parler, comme on le voit clairement en France, en Picardie et en Bourgogne, et cependant il s’agit d’une seule langue. Ainsi les Galiléens différaient-ils des gens de Jérusalem. On peut donc dire à chacun : D’AILLEURS TON LANGAGE TE TRAHIT. En effet, comme il est dit en Lc 6, 45 : La bouche parle de l’abondance du cœur, car lorsqu’un homme est charnel, il s’adonne aussitôt à des discours charnels, mais lorsqu’il est spirituel, à des discours spirituels.
Louis-Claude Fillion
Il s'écoula, d'après S. Luc, 22, 58, environ une heure entre la seconde et la troisième négation de S. Pierre. - Ceux qui étaient là... Le bruit qu'un des disciples de Jésus était dans l'atrium s'était répandu peu à peu : les serviteurs du grand-prêtre et les valets du Sanhédrin se mirent à la recherche de cet étranger audacieux qui n'avait pas craint de se glisser parmi eux. Ils n'eurent pas de peine à le reconnaître. - Certainement tu es aussi... Les servantes ont communiqué leurs soupçons, et comme elles avaient entendu quelques phrases de S. Pierre, elles ont sans doute fait part aux gens du Sanhédrin du trait particulier qui inspire à ceux-ci une entière certitude : Vous êtes Galiléen, c'est évident, votre langage le prouve ; vous êtes donc un de ses disciples. On savait en effet que la plupart des adhérents de Jésus avaient été recrutés en Galilée. « L'un d'eux » est méprisant. - Ton accent te fait reconnaître... La présomption n'était nullement hasardée. Il n'était pas plus difficile à un Jérusalemite de reconnaître un Galiléen au seul parler, qu'à un Parisien de distinguer à la prononciation un habitant de Marseille ou de l'Auvergne. Les Galiléens avaient un dialecte à part qui différait notablement, surtout par ses incorrections et sa dureté, de l’idiome plus doux et plus pur usité en Judée. Idiotismes, négligences grammaticales, accent spécial, tout cela les trahissait en un instant. Ils confondaient plusieurs sons (f et b, k et ch aspiré) ; ou bien, ils omettaient des syllabes entières, ce qui donnait parfois lieu à des quiproquos burlesques ou à de malicieuses plaisanteries dont le Talmud a conservé plusieurs exemples. On comprend donc que S. Pierre ait pu difficilement cacher son origine galiléenne.
Fulcran Vigouroux
Ton langage te décèle. Les Galiléens n’avaient pas le même accent que les habitants de Jérusalem et de la Judée. Le Talmud dit que leur langage était corrompu et qu’ils brouillaient les lettres les unes avec les autres : le b avec le f, etc.