Matthieu 26, 8

Voyant cela, les disciples s’indignèrent en disant : « À quoi bon ce gaspillage ?

Voyant cela, les disciples s’indignèrent en disant : « À quoi bon ce gaspillage ?
Louis-Claude Fillion
Les disciples voyant cela… S. Marc : « quelques-uns s’indignaient ». S. Jean : « Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors... ». S. Matthieu généralise selon son habitude, pour abréger. On comprend fort bien du reste que, Judas ayant exprimé à ses voisins de table le mécontentement que lui causait l'acte ou plutôt la dépense de Marie, plusieurs autres disciples aient partagé ses idées et s'en soient fait l'écho. Mais tandis que le traître ne pensait en réalité qu'à son profit personnel, les autres étaient vraiment guidés par leur souci des pauvres. - Cette perte : la perte du parfum. C'était pour eux une prodigalité inutile. Quelques gouttes de nard précieux n'auraient-elles pas suffi à la rigueur ?
Pape Saint Jean-Paul II
Celui qui lit le récit de l'institution de l'Eucharistie dans les Évangiles synoptiques est frappé tout à la fois par la simplicité et par la « gravité » avec lesquelles Jésus, le soir de la dernière Cène, institue ce grand Sacrement. Il y a un épisode qui, en un sens, lui sert de prélude: c'est l'onction à Béthanie. Une femme, que Jean identifie à Marie, sœur de Lazare, verse sur la tête de Jésus un flacon de parfum précieux, provoquant chez les disciples – en particulier chez Judas (cf. Mt 26, 8; Mc 14, 4; Jn 12, 4) – une réaction de protestation, comme si un tel geste constituait un « gaspillage » intolérable en regard des besoins des pauvres. Le jugement de Jésus est cependant bien différent. Sans rien ôter au devoir de charité envers les indigents, auprès desquels les disciples devront toujours se dévouer – « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous » (Mt 26, 11; Mc 14, 7; cf. Jn 12, 8) –, Jésus pense à l'événement imminent de sa mort et de sa sépulture, et il voit dans l'onction qui vient de lui être donnée une anticipation de l'honneur dont son corps continuera à être digne même après sa mort, car il est indissolublement lié au mystère de sa personne.