Matthieu 27, 1

Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mettre à mort.

Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mettre à mort.
Saint Thomas d'Aquin
2792. Plus haut, l’évangéliste a raconté ce que le Christ a souffert de la part des Juifs ; ici, il raconte ce qu’il a souffert de la part des Gentils, et il fait quatre choses : premièrement, il aborde la façon dont il a été livré aux païens ; deuxièmement, dont il a été interrogé ; troisièmement, dont il a été condamné ; quatrièmement, dont il a souffert. Le deuxième point [se trouve] en cet endroit : JÉSUS FUT AMENÉ EN PRÉSENCE DU GOUVERNEUR, etc. [27, 11] ; le troisième, en cet endroit : À CHAQUE JOUR DE FÊTE, LE GOUVERNEUR AVAIT COUTUME, etc. [27, 15] ; le quatrième, en cet endroit : ALORS LES SOLDATS DU GOUVERNEUR AMENÈRENT JÉSUS AVEC EUX DANS LE PRÉTOIRE, etc. [27, 27].

2793. À propos du premier point, [Matthieu] fait deux choses : premièrement, il raconte l’assignation en vertu de laquelle [Jésus] fut livré aux mains des Gentils ; deuxièmement, la mort et la faute de celui qui l’avait livré, en cet endroit : ALORS JUDAS, QUI L’AVAIT LIVRÉ, VOYANT QU’IL AVAIT ÉTÉ CONDAMNÉ [27, 5].

À propos du premier point, [Matthieu] fait trois choses : premièrement, il donne la raison ; deuxièmement, la façon ; troisièmement, [il raconte] le fait.

2794. La cause [de l’assignation de Jésus devant les Gentils] fut la décision prise au sujet de sa mort et, en fonction de cela, [Matthieu] aborde trois choses qui aggravaient le péché [des Juifs]. Premièrement, en raison de leur zèle. Il aborde ceci lorsqu’il dit : LE MATIN ÉTANT ARRIVÉ, ILS SE RÉUNIRENT, car, alors qu’ils s’étaient appliqués durant toute la nuit à ridiculiser [Jésus], ils se réunirent cependant au matin. Ils étaient donc bien zélés. Jb 24, 14 : Le meurtrier se lève au petit matin. [Leur péché] est aussi aggravé par leur entourage, car TOUS LES GRANDS PRÊTRES [SE RÉUNIRENT]. S’il y en avait eu un ou deux, cela aurait été excusable, mais tous se réunirent. Is 1, 6 : De la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, on ne trouve en lui rien de sain. [Matthieu] dit donc : TOUS LES GRANDS PRÊTRES. Ez 11, 2 : Fils d’homme, ce sont des gens qui ruminent l’injustice et tiennent le pire conseil. [Leur péché] fut aussi aggravé en raison de leur cruauté, car ils auraient pu penser à bien d’autres choses, mais ils pensaient COMMENT ILS LE LIVRERAIENT À LA MORT. Pr 1, 16 : Leurs pieds courent et se pressent vers le mal afin de verser le sang.
Louis-Claude Fillion
Le matin étant venu. Le récit avait été interrompu par l'intercalation du reniement de S. Pierre : le récit renoue le fil momentanément brisé. Le matin donc, de grand matin, dit S. Marc, les Sanhédristes se réunissent de nouveau « contre Jésus ». Leur séance de la nuit s'est prolongée très tard, et pourtant, dès les premières lueurs du jour, ils sont déjà debout pour achever leur œuvre de vengeance ! - Ils tinrent conseil. Ces mots indiquent une nouvelle assemblée officielle, ainsi que l'admettent la plupart des commentateurs. S. Luc seul en a conservé les détails, 22, 66-71. Du reste, elle fut rapide et n'eut guère lieu que pour la forme. Mais on la crut nécessaire pour sauvegarder les apparences. En effet, il était contraire à la loi juive de traiter les affaires capitales durant la nuit, Sanhedr. c. 4, 1, c'est-à-dire entre le sacrifice du soir et celui du matin. Or, les débats du procès et la condamnation de Jésus s'étaient passés en entier pendant cet intervalle. Il fallait réparer cette irrégularité, de crainte de s'exposer à des protestations gênantes. - Pour le faire mourir ; cf. 26, 4-59. « Qu'on y prenne garde ? Il ne s'agit point de réviser la sentence prononcée la veille. Jésus est condamné, irrévocablement condamné. Il s'agit uniquement de le livrer à la mort avec des formes et un appareil juridiques capables d'en imposer » ; Lémann, Valeur de l'Assemblée, etc., p. 91. Avant tout, dans cette seconde séance, on veut aviser aux moyens de mettre à exécution la sentence qui a été portée précédemment. On cherche les griefs que l'on pourra présenter à Pilate, on se demande quelle est la meilleure manière de formuler l'accusation pour forcer le gouverneur romain de condamner Jésus à son tour.