Matthieu 27, 11

On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus déclara : « C’est toi-même qui le dis. »

On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus déclara : « C’est toi-même qui le dis. »
Saint Thomas d'Aquin
2810. JÉSUS FUT AMENÉ EN PRÉSENCE DU GOUVERNEUR, ET LE GOUVERNEUR L’INTERROGEA. L’évangéliste a raconté plus haut comment le Seigneur a été livré aux mains des Gentils ; ici, il traite de l’enquête, et, à ce propos, il fait trois choses : premièrement, il raconte comment [le Seigneur] est mis en présence d’un juge terrestre ; deuxièmement, comment il est interrogé ; troisièmement, comment il est accusé.

[Matthieu] dit donc qu’on a déjà parlé de la manière dont Judas avait livré Jésus. JÉSUS FUT donc AMENÉ EN PRÉSENCE DU GOUVERNEUR, à savoir, comme un coupable et un accusé. Jb 36, 17 : Ta cause a été jugée comme celle d’un impie, et tu accepteras ta cause et ton jugement. Car, par cela, [Jésus] a mérité d’être le juge des vivants et des morts.

2811. Puis vient l’interrogation. Premièrement, l’interrogation est présentée ; deuxièmement, la réponse, en cet endroit : JÉSUS LUI DIT [27, 11].

Les grands prêtres l’accusaient de beaucoup de choses, à savoir, de renverser la loi et de se dire roi. Pilate ne se soucia pas de s’enquérir de la transgression de la loi, mais plutôt de ce qui semblait atteindre sa majesté, à savoir : TU ES LE ROI DES JUIFS ? Car on lit en Jn 19, 12 : Quiconque se dit roi va à l’encontre de César.

2812. Vient ensuite la réponse : JÉSUS LUI RÉPONDIT : «TU LE DIS.» Jérôme dit que le Christ adoucit à ce point son discours qu’il n’affirme pas ni ne nie, mais dit : TU LE DIS. Pr 17, 27 : Celui qui adoucit ses paroles est prudent. Remarque aussi, selon Hilaire, que plus haut, 27, 63, au roi des Juifs qui lui demandait : ES-TU LE CHRIST, LE FILS DE DIEU ?, Jésus répondit : TU L’AS DIT. Il répond par le passé, mais, lorsqu’il répond à un Gentil, il répond au présent. Cela signifie que la confession du Christ par la Judée est chose du passé, car elle a été faite par les prophètes. Jr 33, 5 : Le roi régnera et sera sage. Mais, en parlant à un Gentil, [Jésus] dit : TU LE DIS, parce que les Gentils [le] confessaient.
Louis-Claude Fillion
La particule « Or » sert de transition, de même qu'au verset 1. Elle ferme la longue parenthèse ouverte au verset 2, et nous ramène au prétoire à la suite de Jésus et du Sanhédrin. Voilà la douce et innocente victime debout devant un nouveau tribunal et devant un nouveau juge. Pilate ne sera pas moins inique que Caïphe. Du moins il est sans parti pris contre Jésus ; tout au contraire, il s'intéresse vivement à son sort, et dirige les débats dans un sens favorable à l'accusé. - Il l'interrogea... Puisque le procurateur devait confirmer ou annuler la sentence du sanhédrin, d'après les prescriptions romaines, il fallait bien qu'il fît subir à son tour un interrogatoire à Jésus. - Es-tu le roi des Juifs ? Cette question qu'il lui pose tout d'abord, d'après le récit de S. Matthieu, devient plus intelligible quand on a lu les rédactions de S. Luc et de S. Jean. Pilate avait demandé en premier lieu aux Sanhédristes les charges qu'ils portaient contre le Sauveur, et ceux-ci l'avaient accusé d'élever un trône contre celui de César et de se dire roi des Juifs. C'est alors seulement que le gouverneur interpella directement Jésus pour savoir s'il était en effet le roi des Juifs. - Tu le dis, c'est-à-dire : Oui, je le suis. Cf. 26, 64. Notre-Seigneur proclame sa royauté devant Pilate, de même qu'il avait proclamé sa dignité messianique en face du Sanhédrin. C'est sans doute à ce courageux témoignage que S. Paul fait allusion dans sa première Épître à Timothée, 6, 13. Jésus ne répondit ainsi qu'après avoir échangé plusieurs phrases avec Pilate et lui avoir fait connaître la nature toute spirituelle de son royaume. Cf. Joan. 18, 33-37.