Matthieu 27, 15

Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait.

Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait.
Saint Thomas d'Aquin
2816. Puis, il est question de la condamnation. Premièrement, les divers efforts de ceux qui voulaient l’épargner sont présentés ; deuxièmement, les efforts de ceux qui voulaient le voir condamner, en cet endroit : CEPENDANT, LES GRANDS PRÊTRES ET LES ANCIENS PERSUADÈRENT LES FOULES DE DEMANDER BARABBAS ; troisièmement, la condamnation, en cet endroit : ALORS IL LEUR RELÂCHA BARABBAS [27, 26].

À propos du premier point, [Matthieu] présente d’abord les efforts de Pilate pour libérer [Jésus] ; deuxièmement, l’effort des grands prêtres pour le faire condamner.

À propos du premier point, [Matthieu] présente certaines possibilités ; deuxièmement, il traite de sa libération ; troisièmement, il en donne la cause. Le second point [se trouve] en cet endroit : APRÈS LES AVOIR RASSEMBLÉS, PILATE DIT [27, 17] ; le troisième, en cet endroit : EN EFFET, IL SAVAIT QUE C’ÉTAIT PAR JALOUSIE QU’ILS L’AVAIENT LIVRÉ [27, 18].

2817. Dans la première partie, [Matthieu] présente deux possibilités. Il dit donc : À CHAQUE FÊTE, LE GOUVERNEUR AVAIT COUTUME DE RELÂCHER POUR LE PEUPLE UN PRISONNIER. Cette coutume ne venait pas de la loi impériale, mais de sa volonté, afin de s’attacher davantage le peuple, car, lors d’une fête, [celui-ci] devait être plus joyeux et il ne voulait pas qu’il y ait une raison d’être triste ce jour-là. Ainsi, à Rome, le jour où l’empereur faisait son entrée, personne n’était condamné à mort. Aussi, il venait d’être nommé préfet ; il voulait donc que le peuple s’attache à lui. On lit toutefois quelque chose de semblable dans l’Ancien Testament, à savoir, que Saül libéra Jonathan, qui avait été condamné à mort, 1 R [1 Sm] 14, 44s.
Louis-Claude Fillion
Pilate, en homme habile et rusé, prend une autre voie pour dégager de toutes manières sa responsabilité dans le procès de Jésus. Il lui répugne de condamner l'accusé ; il n'ose pas le relâcher de lui-même et lutter ainsi en face contre le tribunal suprême des Juifs. Il se souvient tout à coup d'une coutume qui le tirera, pense-t-il, complètement d'embarras. Le jour de la fête désigne évidemment la Pâque, d'après le contexte ; cf. Joan. 18, 39. C'était la fête par excellence du Judaïsme. Il avait coutume : d'après S. Luc, « il était obligé de » : Il ne s'agit donc pas seulement d'une ancienne coutume, mais d'un droit réel, dont les Juifs pouvaient réclamer l'exécution. Était-ce un privilège que les Romains leur avaient accordé après la conquête pour se donner un certain air de générosité ? Rosenmüller, Friedlieb, M. Fouard et d'autres exégètes l'ont pensé. Mais la plupart des commentateurs supposent avec plus de vraisemblance que c'était un usage établi très-anciennement par les Juifs eux-mêmes, en souvenir de la délivrance du joug Égyptien, et simplement maintenu par les Romains. Cela ressort des paroles adressées au peuple par Pilate, selon la rédaction de S. Jean, 18, 39 : « C'est la coutume qu'à la fête de Pâque je vous délivre quelqu'un » . Le gouverneur donne expressément à la coutume une origine judaïque. Il existait toutefois des usages analogues chez les païens ; à Rome, on enlevait aux esclaves leurs chaînes pour la fête des « Lectisternia », et en Grèce les prisonniers eux-mêmes pouvaient prendre part aux solennités célébrées en l'honneur de Bacchus. - Celui que le peuple demandait. C'était la foule qui choisissait. Mais, dans la circonstance présente, Pilate se promet de diriger le choix de telle sorte que Jésus puisse bénéficier du privilège à l'exclusion de tout autre captif.
Fulcran Vigouroux
A un des jours de la fête solennelle ; c’est-à-dire pendant la fête de pâque (Comparer à Jean, 18, 39). Comme c’était la plus grande de leurs solennités, les Juifs la désignaient assez ordinairement sous le nom de la fête.