Matthieu 27, 19
Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »
Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »
2821. ALORS QU’IL SIÉGEAIT AU TRIBUNAL, SA FEMME LUI FIT DIRE. Plus haut, l’évangéliste a présenté une raison pour laquelle Pilate s’efforçait de renvoyer [Jésus] ; mais ici, il présente une autre raison, à savoir, l’avertissement de sa femme.
Premièrement, l’avertissement est présenté ; deuxièmement, la raison de l’avertissement, en cet endroit : CAR AUJOURD’HUI J’AI ÉTÉ TRÈS AFFECTÉE PAR UN SONGE À CAUSE DE LUI.
2822. ALORS QU’IL SIÉGEAIT AU TRIBUNAL. Comme le dit une glose, «le tribunal est le siège des juges». Pr 20, 8 : Le roi qui siège sur son trône dissipe tout mal par son regard. La chaire appartient en propre aux docteurs, plus haut, 23, 2 : Les scribes et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Et on parle [de tribunal] en rapport avec les tribuns, car les tribuns ont d’abord été élus à Rome pour rendre la justice. [Matthieu] dit : AU TRIBUNAL. C’est là une façon grecque de parler, car [le mot utilisé], pro, signifie parfois devant, comme lorsqu’on dit que l’armée est devant [pro] le retranchement, et parfois dans [le retranchement]. Ainsi, AU TRIBUNAL, c’est-à-dire dans le tribunal.
2823. SA FEMME LUI FIT DIRE. Cette femme était une païenne, et elle indique l’Église des Gentils qui a accueilli le Christ, comme en 1 Co 1. NE T’OCCUPE PAS DE CE JUSTE, c’est-à-dire qu’«il ne t’appartient pas de juger ; c’est plutôt lui qui doit être ton juge.» Ac 10, 42 : Lui qui a été établi comme juge pour les vivants et pour les morts.
CAR AUJOURD’HUI J’AI ÉTÉ TRÈS AFFECTÉE PAR UN SONGE À CAUSE DE LUI. Ici est présentée la raison. C’est une manière de parler : en effet, lorsque quelqu’un est soustrait à ses sens, certaines choses lui apparaissent en imagination, et on a l’habitude de mettre la vision en rapport avec ce qui apparaît alors qu’on est étranger à ses sens. Cela se produit parfois à l’état de veille, et parfois pendant le sommeil. Lorsque cela arrive à l’état de veille, on dit que c’est une vision. Ainsi, il est dit en Nb 12, 6 : S’il y a un prophète du Seigneur parmi vous, je lui apparaîtrai dans une vision ou je lui parlerai pendant son sommeil. Ici, on parle de prophète dans les deux cas. Il faut remarquer que, parfois, la cause de ceci est [une cause] corporelle intrinsèque, comme lorsque le sang est trop abondant, survient une apparition d’[objets] rouges, et ainsi de suite pour les autres [conditions]. Mais parfois, cela vient d’une [cause] extrinsèque, comme lorsque, à cause du froid, quelqu’un rêve qu’il se trouve dans la neige. Mais parfois, cela vient d’une cause spirituelle, soit de Dieu par l’intermédiaire d’un ange bon (à ce propos, Jb 33, 15 [dit] : Il ouvre les oreilles des vivants par un songe au cours d’une vision nocturne), et cela est bon et comporte une vérité. Toutefois, on ne doit pas y accorder trop confiance. Si 34, 7 : Ne livre pas ton cœur à ces choses, car les songes en ont induit beaucoup en erreur. Mais parfois, cela vient des démons, qui peuvent faire pression sur l’imagination, puisqu’elle est une puissance corporelle. C’est pourquoi les divinations et les choses de ce genre sont interdites dans la loi. Dt 18, 10 : Qu’on n’en trouve pas chez toi qui examine les songes et les augures, etc.
2824. On peut dire de la présente vision qu’elle venait de Dieu par l’intermédiaire des anges bons ou du Diable, car son but était de faire obstacle à la passion : en effet, c’est un péché de meurtre qui se commettait dans la passion. Et ainsi, [le songe] se faisait par l’intermédiaire d’anges bons. Mais la passion produit un fruit. C’est ainsi que le Diable, voyant que [Jésus] était Dieu et craignant d’être dépouillé de son pouvoir par la passion, de même qu’il avait mis dans l’esprit de Judas de livrer [le Christ], de même voulait-il maintenant empêcher [qu’il soit tué], non pas parce qu’il voulait empêcher un péché, mais plutôt pour [empêcher] le fruit de la passion.
Premièrement, l’avertissement est présenté ; deuxièmement, la raison de l’avertissement, en cet endroit : CAR AUJOURD’HUI J’AI ÉTÉ TRÈS AFFECTÉE PAR UN SONGE À CAUSE DE LUI.
2822. ALORS QU’IL SIÉGEAIT AU TRIBUNAL. Comme le dit une glose, «le tribunal est le siège des juges». Pr 20, 8 : Le roi qui siège sur son trône dissipe tout mal par son regard. La chaire appartient en propre aux docteurs, plus haut, 23, 2 : Les scribes et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Et on parle [de tribunal] en rapport avec les tribuns, car les tribuns ont d’abord été élus à Rome pour rendre la justice. [Matthieu] dit : AU TRIBUNAL. C’est là une façon grecque de parler, car [le mot utilisé], pro, signifie parfois devant, comme lorsqu’on dit que l’armée est devant [pro] le retranchement, et parfois dans [le retranchement]. Ainsi, AU TRIBUNAL, c’est-à-dire dans le tribunal.
2823. SA FEMME LUI FIT DIRE. Cette femme était une païenne, et elle indique l’Église des Gentils qui a accueilli le Christ, comme en 1 Co 1. NE T’OCCUPE PAS DE CE JUSTE, c’est-à-dire qu’«il ne t’appartient pas de juger ; c’est plutôt lui qui doit être ton juge.» Ac 10, 42 : Lui qui a été établi comme juge pour les vivants et pour les morts.
CAR AUJOURD’HUI J’AI ÉTÉ TRÈS AFFECTÉE PAR UN SONGE À CAUSE DE LUI. Ici est présentée la raison. C’est une manière de parler : en effet, lorsque quelqu’un est soustrait à ses sens, certaines choses lui apparaissent en imagination, et on a l’habitude de mettre la vision en rapport avec ce qui apparaît alors qu’on est étranger à ses sens. Cela se produit parfois à l’état de veille, et parfois pendant le sommeil. Lorsque cela arrive à l’état de veille, on dit que c’est une vision. Ainsi, il est dit en Nb 12, 6 : S’il y a un prophète du Seigneur parmi vous, je lui apparaîtrai dans une vision ou je lui parlerai pendant son sommeil. Ici, on parle de prophète dans les deux cas. Il faut remarquer que, parfois, la cause de ceci est [une cause] corporelle intrinsèque, comme lorsque le sang est trop abondant, survient une apparition d’[objets] rouges, et ainsi de suite pour les autres [conditions]. Mais parfois, cela vient d’une [cause] extrinsèque, comme lorsque, à cause du froid, quelqu’un rêve qu’il se trouve dans la neige. Mais parfois, cela vient d’une cause spirituelle, soit de Dieu par l’intermédiaire d’un ange bon (à ce propos, Jb 33, 15 [dit] : Il ouvre les oreilles des vivants par un songe au cours d’une vision nocturne), et cela est bon et comporte une vérité. Toutefois, on ne doit pas y accorder trop confiance. Si 34, 7 : Ne livre pas ton cœur à ces choses, car les songes en ont induit beaucoup en erreur. Mais parfois, cela vient des démons, qui peuvent faire pression sur l’imagination, puisqu’elle est une puissance corporelle. C’est pourquoi les divinations et les choses de ce genre sont interdites dans la loi. Dt 18, 10 : Qu’on n’en trouve pas chez toi qui examine les songes et les augures, etc.
2824. On peut dire de la présente vision qu’elle venait de Dieu par l’intermédiaire des anges bons ou du Diable, car son but était de faire obstacle à la passion : en effet, c’est un péché de meurtre qui se commettait dans la passion. Et ainsi, [le songe] se faisait par l’intermédiaire d’anges bons. Mais la passion produit un fruit. C’est ainsi que le Diable, voyant que [Jésus] était Dieu et craignant d’être dépouillé de son pouvoir par la passion, de même qu’il avait mis dans l’esprit de Judas de livrer [le Christ], de même voulait-il maintenant empêcher [qu’il soit tué], non pas parce qu’il voulait empêcher un péché, mais plutôt pour [empêcher] le fruit de la passion.
Le gouverneur venait de remettre à la foule le soin d'absoudre Jésus ; c'est en ce sens qu'il l'avait
ostensiblement éclairée pour diriger son choix. Il avait même pris place sur son tribunal et s'était assis sur la
chaise curule qui dominait l'estrade (Gabbatha, cf. Joan. 19, 13) pour confirmer le vote du peuple, et
prononcer selon toutes les formalités romaines une sentence d'acquittement en faveur de Jésus, lorsqu'il se
produisit un incident remarquable, qui ne fit que fortifier son dessein de mettre Notre-Seigneur en liberté. - Sa femme lui envoya dire. Primitivement, il était interdit d'une manière très sévère aux magistrats romains
envoyés dans les provinces d'emmener leurs femmes avec eux. Cette loi fut rapportée par Tibère : mais il fut
établi que les gouverneurs et autres officiers seraient responsables de la conduite de leurs femmes et
spécialement des intrigues qu'elles pourraient nouer ; cf. Tac. Annal. 3, 33-34. Il n'est donc pas surprenant de
rencontrer Claudia Procula, ou simplement Procla, comme l'appelle la tradition (cf. Nicephor, Hist. Eccl. 1,
30), auprès de Pilate, son mari, en Judée et même à Jérusalem. Cette femme intervient tout à coup d'une
manière touchante dans le procès de Jésus, comme le prouve le message pressant qu'elle envoie au
procurateur. Son langage est clair : Ne condamne pas ce juste ! Fait-elle dire par un serviteur. « Ce juste » :
c'est un beau nom qu'elle donne à Jésus. Elle connaissait peut-être le Sauveur par ouï-dire, car sa réputation
était toujours allée en grossissant depuis les débuts de sa Vie publique. Ou bien, c'est en songe qu'elle avait
été merveilleusement éclairée sur le caractère du Sauveur. En effet, bien que plusieurs auteurs modernes
aient regardé le songe de la femme de Pilate comme un fait purement naturel, produit par les événements de
la dernière nuit qu'elle aurait appris avant de s'endormir, il nous semble impossible de n'y pas voir, à la suite
des Pères et de la généralité des interprètes, un vrai prodige surnaturel. Toutefois les écrivains ecclésiastiques
n'apprécient pas de la même manière la nature de cet incident. Il en est (S. Ignace, ad Philipp. c. 5, Le
Vénérable Bède, S. Bernard, l'auteur du poème Heliand) qui l'attribuent au démon. Satan aurait voulu,
disent-ils, en suscitant à Jésus de vives et puissantes sympathies, empêcher l’œuvre de la Rédemption d'être
complète. La plupart cependant, en particulier Origène, S. Jean Chrysost, S. Augustin, etc., supposent, et bien
justement, une origine toute céleste au songe de la femme du gouverneur. M. Reisch, Comm. in h.l., fait à ce
sujet de sages réflexions : « En face des faux témoignages des hommes, nous voyons le ciel incessamment
occupé à procurer au Sauveur tout l'assistance qui était compatible avec les divins décrets, et surtout à
attester son innocence et sa sainteté. En ce moment, le Judaïsme n'était ni capable, ni digne de recevoir une
révélation supérieure. A la fin, comme autrefois au commencement de la vie du Christ, les avertissements
divins s'adressent à des étrangers ». Cf. S. Hilaire, Comm. in h.l. - J'ai beaucoup souffert. Ces mots indiquent
que les détails du songe avaient revêtu un caractère effrayant et terrible : mais de crainte de tomber dans
l'arbitraire, nous préférons nous dispenser de toute conjecture à ce sujet. Les païens attachaient une très
grande importance aux songes, qu'ils croyaient directement venus de Zeus, selon l'expression du vieil
Homère. - Aujourd'hui, par conséquent dans la seconde partie de la nuit. Il n'était guère alors que 7 ou 8
heures du matin. Tel fut le langage qui fut porté à Pilate de la part de sa femme. Il annonce, dans celle qui
l'avait transmis, non seulement un intérêt passager pour Notre-Seigneur, mais encore une âme profondément
religieuse, bien élevée au-dessus des préjugés étroits du paganisme. L'historien Josèphe nous apprend, Bell.
Jud. 20, 2, qu'un grand nombre de femmes romaines, gagnées par les beautés dogmatiques et morales de la
religion mosaïque, s'étaient fait recevoir prosélytes. La femme de Pilate, d'après l'Évangile apocryphe de
Nicodème (chap. 2) qui renferme souvent des détails dignes de foi, aurait fait construire de nombreuses
synagogues. Pourquoi, après la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ne serait-elle pas devenue chrétienne ?
Une tradition qui remonte au moins jusqu'à l'époque d'Origène, voir ses Hom. in Matth. 35, affirme
expressément sa conversion. Le ménologe grec va même jusqu'à la placer au rang des Saints ; Cf. Calmet,
Dictionn. de la Bible, au mot Procla. Nous pouvons en tout cas nous écrier avec Origène, à la fin de cet
épisode intéressant, dont S. Matthieu seul nous a gardé le souvenir : « Nous disons que l'épouse de Pilate est
bienheureuse, car en songe elle a beaucoup souffert à cause de Jésus ».