Matthieu 27, 2
Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur.
Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur.
2795. Mais comment [l’assignèrent-ils] ? ILS L’AMENÈRENT LIGOTÉ. Telle était la coutume que les gens ainsi ligotés étaient amenés et signalés comme condamnés à mort. [Le Seigneur] a indiqué que, de même qu’il a détruit notre mort, de même il a défait les liens du péché par ses liens.
ILS LE LIVRÈRENT À PILATE LE GOUVERNEUR. Et pourquoi ? Il y a trois raisons. L’une tient à la lettre, car il était le vicaire de l’empereur et les Juifs n’avaient pas le droit de condamner à mort. C’est pourquoi ils disent en Jn 18, 31 : Il ne nous est pas permis de mettre à mort. Cela relevait aussi de leur intention : en effet, ils ne voulaient pas [le] mettre à mort de manière cachée, mais ouvertement, afin que le bruit s’en répandît, selon ce qu’on lit en Sg 2, 20 : Condamnons-le à la mort la plus honteuse ! La troisième raison est qu’il a voulu mourir pour tous. Il a donc voulu que tous se réunissent, Juifs comme Gentils, afin que s’accomplît cette [parole] du Ps 2, 2 : Les rois de la terre se sont levés et les dirigeants se sont rassemblés.
ILS LE LIVRÈRENT À PILATE LE GOUVERNEUR. Et pourquoi ? Il y a trois raisons. L’une tient à la lettre, car il était le vicaire de l’empereur et les Juifs n’avaient pas le droit de condamner à mort. C’est pourquoi ils disent en Jn 18, 31 : Il ne nous est pas permis de mettre à mort. Cela relevait aussi de leur intention : en effet, ils ne voulaient pas [le] mettre à mort de manière cachée, mais ouvertement, afin que le bruit s’en répandît, selon ce qu’on lit en Sg 2, 20 : Condamnons-le à la mort la plus honteuse ! La troisième raison est qu’il a voulu mourir pour tous. Il a donc voulu que tous se réunissent, Juifs comme Gentils, afin que s’accomplît cette [parole] du Ps 2, 2 : Les rois de la terre se sont levés et les dirigeants se sont rassemblés.
Et l'ayant lié. Notre-Seigneur avait été enchaîné dès le premier instant de son arrestation, cf.
Joan. 18, 12 ; mais on lui avait probablement enlevé ses chaînes ou ses liens pendant ses divers
interrogatoires. On l'en recharge pour plus de sûreté quand on le conduit du palais de Caïphe au prétoire. - Ils
le livrèrent à Ponce-Pilate. Ponce-Pilate, ce lâche magistrat qui eut une si grande influence sur la fatale issue
du procès de Jésus, gouvernait depuis l'an 26 la Judée et Jérusalem au nom de l'empereur Tibère et sous la
dépendance du proconsul de la province de Syrie. Le titre que lui attribuent nos deux textes latin et grec n'est
point parfaitement exact : la vraie nature de ses fonctions était exprimée dans le langage officiel par le mot
« procurateur ». Cf. Tac. Annal. 15, 44 : « Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice
par le procurateur Pontius Pilatus ». Il était le sixième des procurateurs de la Judée ; cf. Winer, Bibl.
Realwoerterb. s.v. Procuratoren. Son administration dura dix années entière (26-36) au grand ennui des Juifs
qu'il ne cessa de malmener pendant cette longue période. Hostile à leurs institutions et à leur religion, il
outrepassa souvent contre eux ses pouvoirs, au point de violer ouvertement les libertés que Rome leur avait
laissées après la conquête. C'est ainsi qu'il ne craignit pas d'introduire dans Jérusalem et de suspendre aux murs de son palais des boucliers qui portaient le nom de plusieurs divinités païennes ; Philo, ad Caium, § 38.
Une autre fois, il confisqua l'argent sacré qui provenait du rachat de certains vœux et l'employa à la
construction d'un aqueduc ; cf. Jos. Bell. Jud. 2, 9, 4. Ces actes arbitraires et d'autres semblables, Cf. Luc. 13,
1 ; Jos. Ant. 13, 3, 1, suscitèrent des mouvements insurrectionnels qu'il noya sans pitié dans le sang. Mais
nous verrons plus loin (note du v. 26) qu'il finit par être lui-même victime de ses rigueurs inconsidérées. -
Nous avons à rechercher en attendant le motif pour lequel les membres du Sanhédrin, après avoir condamné
Notre-Seigneur Jésus-Christ, le conduisent au gouverneur Romain. L'expression employée par l'Évangéliste
est significative ; « ils livrèrent », c'est précisément celle dont le Sauveur s'était autrefois servi en
prophétisant cette circonstance de sa Passion : Le Fils de l'homme, avait-il dit, sera livré aux princes des
prêtres et aux Scribes qui le condamneront à mort et qui le livreront aux gentils ; Matth. 20, 18-19 et parall.
On amène Jésus à Pilate pour le lui livrer, pour l'abandonner entre ses mains comme un criminel qui doit
mourir. Mais pourquoi n'exécutent-ils pas eux-mêmes leur sentence ? Il ne fallait rien moins qu'une dure
nécessité pour amener ces prêtres et ces docteurs superbes à implorer l'assistance d'un magistrat romain, et
surtout d'un Romain tel que Pilate. S'ils lui soumettent leur jugement, c'est parce qu'ils sont incapables de
l'accomplir sans l'intervention romaine. Ils l'avouent en propres termes dans le quatrième Évangile : « Il ne
nous est pas permis de mettre personne à mort » (Joan. 18, 31). Nous savons en effet par l'histoire que,
depuis de longues années, Rome avait enlevé aux Juifs le droit de vie et de mort, autrement dit « droit du
glaive ». Le Sanhédrin avait bien conservé la puissance dérisoire de prononcer des arrêts de mort ; mais les
Romains s'étaient réservé le droit de réviser la sentence et de l'exécuter. C'est pour cela que nous trouvons les
Conseillers au prétoire. Ils sont venus en masse à la suite de leur victime, espérant en imposer à Pilate par
leur grand nombre. L'heure matinale qu'ils ont choisie donnait en même temps à leur démarche l'aspect
d'une affaire pressante et de la dernière gravité. - Le procurateur résidait habituellement pendant la plus
grande partie de l'année à Césarée de Palestine, sur les bords de la mer. Mais, à l'époque des fêtes, il venait
ordinairement s'installer pour quelque temps à Jérusalem, avec des troupes surnuméraires, pour être à même
de réprimer plus facilement les émeutes qui ne manquaient guère d'éclater alors par suite du fanatisme des
Juifs. Le palais d'Hérode, situé à l'Ouest de la ville, lui servait d'habitation dans ces circonstances. Cf. Jos.
Bell. Jud. 2, 14, 8 ; Philon, ad Caium, 38. Néanmoins, cette année-là, il dut s'établir dans la citadelle Antonia,
au N.O. du temple, puisque c'est en cet endroit qu'une ancienne tradition place les scènes de la flagellation et
de l' « Ecce Homo ». C'est donc là que fut conduit Jésus. Pour y arriver, il eut à franchir au milieu des
insultes de la foule une partie considérable de la ville, la maison du grand-prêtre étant située, selon toute
vraisemblance, près du sommet du mont Sion. Cf. Schegg, Gedenkbuch einer Pilgerreise, t. 1, p. 275 ;
Ancessi, Atlas géograph. pl. 17 : Riess, Bibel Atlas, pl. 6.
« Ponce-Pilate fut le cinquième procurateur envoyé de Rome en Judée. Il gouverna cette province de l’an 26 à l’an 36 de l’ère chrétienne, sous les ordres du légat de Syrie. C’était une créature de Séjan, favori de Tibère. Par ménagement pour la susceptibilité des Juifs, il résidait à Césarée de Palestine, place forte sur la côte de la mer ; mais, comme Antipas, il venait à Jérusalem au temps des grandes fêtes, et alors il habitait le prétoire, demeure contigüe au palais d’Hérode et à la tour Antonia. » (L. BACUEZ.)