Matthieu 27, 24
Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je suis innocent du sang de cet homme : cela vous regarde ! »
Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je suis innocent du sang de cet homme : cela vous regarde ! »
2829. PILATE, VOYANT ALORS QU’IL N’ABOUTISSAIT À RIEN. Ici, [Pilate] recherche la libération [de Jésus] par un geste : premièrement, le geste est présenté ; deuxièmement, l’obligation faite par le peuple de condamner [Jésus].
[Matthieu] dit : PILATE, VOYANT ALORS QU’IL N’ABOUTISSAIT À RIEN. Par cela, il laisse entendre qu’il a dit beaucoup d’autres choses, mais que cela n’avait servi à rien. PILATE PRIT DE L’EAU ET SE LAVA LES MAINS. C’était la coutume que, lorsque quelqu’un voulait montrer qu’il était innocent, il se lavait les mains. C’est ce que [Pilate] fait. Il dit donc : JE SUIS INNOCENT DU SANG DE CE JUSTE, etc. De la même façon, on lit en Ps 25, 6 : Je me laverai les mains au milieu des innocents. Et vraiment, [Pilate] aurait été innocent s’il avait persisté dans la sentence par laquelle il déclarait que [Jésus] était juste. À VOUS DE VOIR !, à savoir, ce qui doit vous arriver. Ainsi, il est dit en Jn 18, 31 : Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi !
[Matthieu] dit : PILATE, VOYANT ALORS QU’IL N’ABOUTISSAIT À RIEN. Par cela, il laisse entendre qu’il a dit beaucoup d’autres choses, mais que cela n’avait servi à rien. PILATE PRIT DE L’EAU ET SE LAVA LES MAINS. C’était la coutume que, lorsque quelqu’un voulait montrer qu’il était innocent, il se lavait les mains. C’est ce que [Pilate] fait. Il dit donc : JE SUIS INNOCENT DU SANG DE CE JUSTE, etc. De la même façon, on lit en Ps 25, 6 : Je me laverai les mains au milieu des innocents. Et vraiment, [Pilate] aurait été innocent s’il avait persisté dans la sentence par laquelle il déclarait que [Jésus] était juste. À VOUS DE VOIR !, à savoir, ce qui doit vous arriver. Ainsi, il est dit en Jn 18, 31 : Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi !
Pilate s'aperçoit trop tard qu'il est débordé. Ce sera toujours le sort de ces politiques,
prétendus sages, qui s'imaginent pouvoir endormir les passions populaires par des concessions dangereuses,
sans penser que les masses, devenant de plus en plus exigeantes, renverseront bientôt les faibles digues par
lesquelles on avait cru pouvoir arrêter leurs violences. Non seulement Pilate n'a rien obtenu en échange de
ses fâcheuses avances ; mais il voit que ses efforts pour calmer la foule n'aboutissent qu'à la surexciter
davantage. Une émeute réelle est à craindre. Que fera-t-il ? Il comprendra peut-être enfin qu'un acte de
vigueur est seul capable d'arracher un innocent à la mort, et de se soustraire lui-même à une infamie ? Non !
Il se fait apporter de l'eau, se lave les mains devant le peuple en attestant qu'il n'est pour rien dans le supplice
de Jésus ; puis, croyant avoir ainsi tranquillisé sa conscience, éloigné toute injustice de son cœur, il
abandonne la victime aux bourreaux qui l'attendent ! - Il se lava les mains. Quand un meurtre dont l'auteur
était demeuré inconnu avait été commis sur le territoire d'une ville juive, les principaux habitants devaient,
d'après la loi, Deut. 21, 1-9 ; cf. tr. Sota 8, 6, se laver les mains auprès du cadavre en protestant de leur
innocence. De là on a conclu que l'acte de Pilate était une imitation de cette coutume juive (Rosenmüller, de
Wette, Friedlieb, etc.). Mais il existait chez les Grecs et chez les Romains, pour les homicides involontaires,
des purifications expiatoires que le procurateur connaissait. Il n'avait donc rien à emprunter aux Juifs. Au
surplus les actions symboliques de ce genre sont très naturelles et peuvent se rencontrer chez tous les
peuples. - Devant le peuple. Toute l'assemblée put le voir, car il était toujours sur son estrade élevée ; cf. v.
19. - Je suis innocent du sang… Pilate explique par quelques paroles le sens de son action : il déclare qu'il ne
veut participer en rien à la mort de Jésus, et décline toute responsabilité dans cette odieuse affaire. Comme
Judas, v. 4, comme sa femme, v. 19, Pilate décerne à Jésus le titre de juste, mais sa déclaration a une
importance beaucoup plus grande, car c'est en tant que Juge qu'il la fait, du haut de son tribunal. Toutefois, en
protestant de l'innocence du Sauveur, il s'accuse ouvertement lui-même de l'injustice la plus révoltante. Il a
beau dire encore au peuple : cela vous regarde (cf. le v. 4 et son explication) il n'en a pas moins commis
devant Dieu et devant l'histoire un vrai meurtre judiciaire sur la personne adorable de Jésus. « Il lui est
permis de se laver les mains, mais cela n’effacera jamais ses mauvaises actions. Même s’il pense pouvoir
enlever de ses membres toute trace du sang du juste, son esprit demeurera quand même contaminé par ce sang. Car il tue le Christ celui qui le livre à la mort », S. Augustin Serm. 118 de temp. En effet, ajoute S.
Léon, Serm. 8 de Pass., « Des mains purifiées ne purifient pas une âme contaminée ; des doigts lavés avec de
l’eau n’expient pas le crime qu’ils ont commis, avec l’âme pour complice ». Qu'on nous permette de citer
encore une page admirable, que nous empruntons à un mandement célèbre publié par Mgr Pie le 22 février
1861 : « depuis dix-huit siècles, il est un formulaire en douze articles que toutes les lèvres chrétiennes
récitent chaque jour. Dans ce sommaire de notre foi, rédigé avec tant de concision par les apôtres, figurent,
en outre des trois noms adorables des personnes divines, le nom mille fois béni de la femme qui a donné la
naissance au Fils de Dieu, et le nom mille fois exécrable de l'homme qui lui a donné la mort. Or cet homme,
ainsi marqué du stigmate déicide, cet homme ainsi cloué au pilori de notre symbole, quel est-il donc ? Ce
n'est ni Hérode, ni Caïphe, ni Judas, ni aucun des bourreaux juifs ou romains ; cet homme, c'est Ponce Pilate.
Et cela est justice. Hérode, Caïphe, Judas et les autres ont eu leur part dans le crime ; mais enfin, rien n'eût
abouti sans Pilate. Pilate pouvait sauver le Christ, et sans Pilate on ne pouvait mettre le Christ à mort... Lave
tes mains, ô Pilate ! Déclare-toi innocent de la mort du Christ. Pour toute réponse, nous dirons chaque jour,
et la postérité la plus reculée dira encore : je crois en Jésus-Christ, le Fils unique du Père, qui a été conçu du
Saint-Esprit, qui est né de la Vierge Marie, et qui a enduré mort et passion sous Ponce-Pilate ». Voir, sur le
jugement de Pilate, Thomasius, De injusto Pontii Pilati judicio ; Dupin, Jésus devant Caïphe et Pilate, §9 et
10 ; J. Langen, die letzten Lebenstage Jesu, ch. 12 et 14. Et cependant, comme le fait observer M. Dupin, il
ne paraît pas que Pilate ait été un homme méchant : mais il était fonctionnaire public, il tenait à sa place, il
fut intimidé par des cris qui révoquaient en doute sa fidélité à l'empereur. Il craignit une destitution et il céda.
La Providence se vengea de lui en permettant que, peu d'années après la mort de Jésus (A.D. 36), il fût
destitué par le proconsul de Syrie Vitellius, à cause de sa conduite tyrannique à l'égard des Samaritains. Cf.
Joseph Ant. 18, 4. Déféré ensuite au tribunal de l'empereur, il fut, dit-on, banni à Vienne dans les Gaules.
Une autre tradition le relègue sur la montagne suisse, située auprès du lac de Lucerne, qui porte aujourd'hui
son nom : un jour pour mettre fin à ses remords, il se serait précipité dans les eaux du lac. Eusèbe raconte
aussi que Pilate mit lui-même fin à ses jours, comme Judas, cf. Hist. Eccl. 2, 7. De bonne heure il se forma
autour du nom de Pilate une littérature apocryphe que les Pères mentionnent et dont les païens se moquaient,
cf. Orig. c. Cels. ; Euseb. H. E. 9, 5. Il en existe encore de nombreux restes que Fabricius, Thilo et
Tischendorf ont recueillis dans leurs collections sous les titres de « acta Pilati, epistolae duae Pilati ad
Tiberium, Paradosis Pilati », etc. L'Évangile de Nicodème traite aussi des mêmes faits dans sa première
partie ; cf. Brunet, les Évangiles apocryphes, 2e édit., Paris, 1863, p. 215 et ss. La base de ces détails
légendaires serait un rapport officiel envoyé vraisemblablement par Pilate à l'empereur Tibère sur le procès
de Jésus, et signalé par S. Justin martyr, apol. 1, et par Tertullien, apol. c. 21.
Les païens aussi se lavaient les mains, soit dans les alliances, soit dans les sacrifices qu’ils offraient aux dieux supérieurs, soit enfin pour expier un meurtre ou se purifier du sang répandu même à la guerre ; mais on pense généralement que Pilate a voulu dans cette circonstance se conformer à l’usage des Juifs pour leur être agréable.