Matthieu 27, 29

Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient devant lui en disant : « Salut, roi des Juifs ! »

Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient devant lui en disant : « Salut, roi des Juifs ! »
Saint Thomas d'Aquin
2837. PUIS, AYANT TRESSÉ UNE COURONNE D’ÉPINES, ILS LA PLACÈRENT SUR SA TÊTE. Ainsi, à la place de la couronne de gloire, ils lui mirent une couronne injurieuse. Is 22, 18 : Couronnez-le d’une couronne de tribulations. Par ces épines, sont signifiés les aiguillons des péchés par lesquels la conscience est blessée. Le Christ les a acceptés à notre place, car il est mort pour nos péchés. Ou bien, on peut mettre cela en rapport avec la malédiction d’Adam, lorsqu’il est dit : Il te donnera des épines et des chardons. Il a ainsi été indiqué que cette malédiction était écartée.

2838. Et, pour remplacer le sceptre, ILS PLACÈRENT UN ROSEAU DANS SA MAIN DROITE. Selon Origène, le pouvoir du Diable, que le Christ a arraché de leurs mains, est ainsi indiqué. 4 R [2 R] 18, 21 : Ne mets pas ta confiance dans une tige de roseau ! En effet, la futilité des païens, que le Christ a cependant assumée, peut être signalée. Ps 2, 8 : Demande-le-moi, et je te donnerai les nations en héritage. La comparaison avec un roseau est bonne, car, de même que le roseau est emporté à tous les vents, de même les païens le sont-ils par toutes les erreurs. Aussi, on utilisait le roseau pour écrire. De plus, [on l’utilisait] pour tuer ce qui était empoisonné. Ainsi le Christ attire-t-il à lui et s’attribue-t-il les fidèles, mais [il conduit] les persécuteurs à la mort.

2839. Puis, il est question de l’honneur dérisoire [rendu au Christ], et [les soldats] l’exprimaient par un geste. Il est donc dit : ET S’AGENOUILLANT, ILS SE MOQUAIENT DE LUI. Bien qu’ils aient fait cela pour se moquer, cela indiquait toutefois que tout genou devait fléchir devant lui. Ph 2, 10 : Que tout genou fléchisse au nom de Jésus ! Ils se moquaient encore de lui en paroles, en disant : SALUT, ROI DES JUIFS ! Par ceux-ci, sont indiqués ceux qui confessent en paroles qu’ils connaissent Dieu, mais le nient par leurs actes, Tt 1, 16.
Louis-Claude Fillion
Nous comprenons maintenant le but que se proposaient les soldats. « Ils avaient entendu dire que Jésus prenait la qualité de roi et, pour se jouer de cette royauté, prétendue selon leur sens, le dessein qu'ils forment est de lui en déférer avec une espèce de cérémonie et d'appareil tous les honneurs, et d'observer à son égard tout ce que l'on a coutume de pratiquer envers les rois », Bourdaloue, l.c. Ils avaient déjà revêtu le Sauveur du manteau royal ; ils lui ceignent à présent le front d'une couronne. Mais ce fut un rude diadème que Jésus dût porter. Munis de gantelets, les soldats le tressent à la hâte, avec quelques branches flexibles cueillies sur l'un de ces arbustes épineux qui abondent en Palestine. On aimerait à savoir au juste quelle sorte d'épines fut employée pour ce cruel usage : mais on est réduit sur ce point à des conjectures. Le naturaliste suédois Hasselquist, Travels, p. 260, s'est, justement peut-être, prononcé en faveur du Nabk ou Nabek, dont les rameaux pleins de souplesse et couverts d'épines très aiguës convenaient d'autant mieux au but que se proposaient les soldats, que ses feuilles d'un vert foncé ressemblent beaucoup à celles du lierre : le lierre servant à former des couronnes triomphales, l'ironie eût été ainsi sanglante de toutes manières. Avec le « Rhamnus paliurus », communément appelé « Spina Christi », on n'aurait réussi qu'avec peine à former un diadème proprement dit, parce que ses branches sont peu flexibles. Mais on put fort bien, comme l'explique M. Rohault de Fleury (L.C., p. 202 et ss.), d'après les reliques authentiques de la sainte couronne, s'en servir pour former une sorte de bonnet épineux qui aurait couvert et déchiré toute la tête de Jésus. - Sur sa tête. Grotius, contemplant en esprit le divin chef du Sauveur ainsi couronné d'épines, a fait un beau rapprochement : « La malédiction a commencé dans les épines, Gen. 3, 18, et a pris fin dans les épines. Le lys au milieu des épines, Cant. 2, 2 ». – Un roseau dans sa main droite. A côté du manteau et de la couronne, il fallait bien un simulacre de sceptre, pour compléter les insignes royaux. Un roseau à tige épaisse et solide, probablement un roseau de Chypre, semblable à ceux que nous appelons joncs d'Espagne, en fit l'office. - Fléchissant le genou. Quand le roi eût été revêtu de tous ses ornements, on procéda à la cérémonie de l'hommage-lige, qui fut une caricature horrible des usages prescrits en pareil cas. 1° Les soldats font ironiquement la génuflexion devant Jésus ; 2° Ils le saluent en disant d'un ton moqueur : Salut, roi des Juifs. Il était bien roi pourtant, malgré leurs railleries amères !
Fulcran Vigouroux
Une couronne d’épines. La couronne qu’on mit sur la tête de Notre-Seigneur était de joncs, entrelacés d’épines de zizyphus. La couronne proprement dite est conservée à Notre-Dame de Paris ; Pise possède dans sa jolie église de la Spina une branche de zizyphus. La couronne de joncs de Paris, « cette relique insigne, peut-être la plus remarquable de celles que possèdent les chrétiens, à cause de son intégrité relative ; vient sans conteste de saint Louis. Elle se compose d’un anneau de petits joncs réunis en faisceaux. Le diamètre intérieur de l’anneau est de 210 millimètres, la section a 15 millimètres de diamètre. Les joncs sont reliés par quinze ou seize attaches de joncs semblables. Quelques joncs sont pliés et font voir que la plante est creuse ; leur surface, examinée à la loupe, est sillonnée de petites côtes. Le jardin des Plantes de Paris cultive un jonc appelé juncus balticus, originaire des pays chauds et qui paraît exactement semblable à la relique de Notre-Dame. Quant aux épines, nul doute que ce ne soit du rhamnus, nom générique de trois plantes qui se rapprochent tout-à-fait de l’épine de Pise. [Ce rhamnus était le zizyphus spina Christi ou jujubier. Dans la couronne de Notre-Seigneur, ses] branches brisées ou courbées vers le milieu pour prendre la forme d’un bonnet, étaient fixées par chacune de leurs extrémités, soit en dedans, soit au dehors du cercle de joncs. Il fallait que le cercle fût plus grand que le tour de la tête, afin de l’y pouvoir faire entrer, malgré le rétrécissement causé par l’introduction des branches, et l’on trouve en effet que la couronne de Notre-Dame placée seule sur la tête tomberait sur les épaules. On n’avait même pas besoin de nouveaux liens pour les fixer au cercle de joncs ; et les rameaux passaient alternativement dessus et dessous devaient suffire pour les maintenir. C’est cette opération que les [évangélistes] ont pu appeler le tressage. Les soldats sans doute, évitèrent de toucher à ces horribles épines, dont chacune, plus tranchante que la griffe du lion, fait jaillir le sang en abondance. [La branche de zizyphus de Pise] a 80 millimètres de hauteur. L’épine principale a plus de 20 millimètres de longueur. » (ROHAULT DE FLEURY.)