Matthieu 27, 48

Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire.

Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire.
Saint Thomas d'Aquin
2873. Puis, on montre l’effet sur l’un d’entre eux : premièrement, on dit ce que celui-ci a fait ; deuxièmement, ce que les autres [ont fait].

[Matthieu] dit donc : ET AUSSITÔT L’UN D’EUX COURUT PRENDRE UNE ÉPONGE QU’IL IMBIBA DE VINAIGRE. Pourquoi il fit cela, on ne le dit pas ici, mais en Jn 19, 28, car Jésus, voyant que tout était consommé, dit : J’ai soif ! Voulant donc le soulager, celui-ci lui donna le breuvage des condamnés. Ainsi s’accomplit ce qui est dit en Ps 68[69], 22 : Ils m’ont donné du fiel comme nourriture, et alors que j’avais soif, ils m’ont donné du vinaigre. Il faut noter que c’était du vinaigre assaisonné de myrrhe, mais qu’on parle de fiel et de vinaigre parce que c’était amer.

Au sens mystique, par le vin assaisonné de myrrhe, sont signifiés ceux qui n’ont aucune foi. Ou bien, par le vinaigre, qui provient de la corruption du vin, est indiquée la corruption de la nature humaine, car le Christ a pris ce breuvage amer. Ou bien, par le vinaigre est indiquée la méchanceté des Juifs. Le vinaigre s’introduit dans l’éponge parce que celle-ci est trouée, et elle indique les ruses et les fourberies des Juifs.

Mais IL MIT [L’ÉPONGE] AU BOUT D’UN ROSEAU. Par le roseau, la Sainte Écriture est indiquée. Ils veulent donc confirmer leur méchanceté par l’Écriture.
Louis-Claude Fillion
Jésus s'était écrié presque en même temps : J'ai soif. Cf. Joan, 19, 28 et ss. L'un des assistants, saisi de pitié, prend aussitôt les moyens de calmer cette soif brûlante qui était un des plus grands tourments des crucifiés ; cf. Bisping, p. 563, note ; Smith, Diction. of the Bible, s.v. Crucifixion. - Prit une éponge. Il y avait là une éponge dont les bourreaux s'étaient probablement servis pour essuyer le sang qui les couvrait : piquée à l'extrémité d'un bâton, elle pouvait servir du moins à humecter les lèvres du patient. C'était le meilleur moyen de le désaltérer un peu dans les circonstances où il se trouvait. - La remplit de vinaigre. Le breuvage des soldats romains se nommait « posca » : c'était tantôt un mélange d'eau et de vinaigre, tantôt du mauvais vin. L'homme compatissant qui s'était ému au cri de Jésus trempa l'éponge dans la provision de « posca » qui était auprès de la croix pour les soldats de garde. - L'ayant attachée à un roseau : c'était, dit S. Jean, 19, 29, un rameau d'hysope.
Catéchisme de l'Église catholique
Les Évangiles sont écrits par des hommes qui ont été parmi les premiers à avoir la foi (cf. Mc 1, 1 ; Jn 21, 24) et qui veulent la faire partager à d’autres. Ayant connu dans la foi qui est Jésus, ils ont pu voir et faire voir les traces de son mystère dans toute sa vie terrestre. Des langes de sa nativité (cf. Lc 2, 7) jusqu’au vinaigre de sa passion (cf. Mt 27, 48) et au suaire de sa Résurrection (cf. Jn 20, 7), tout dans la vie de Jésus est signe de son mystère. A travers ses gestes, ses miracles, ses paroles, il a été révélé qu’" en Lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité " (Col 2, 9). Son humanité apparaît ainsi comme le " sacrement ", c’est-à-dire le signe et l’instrument de sa divinité et du salut qu’il apporte : ce qu’il y avait de visible dans sa vie terrestre conduisit au mystère invisible de sa filiation divine et de sa mission rédemptrice.