Matthieu 27, 51
Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent.
Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent.
2878. VOILÀ QUE LE VOILE DU TEMPLE SE DÉCHIRA, etc. Dans cette section, il s’agit de l’effet. Premièrement, il est question de ce qui est arrivé au temple ; deuxièmement, de ce qui [est arrivé] aux éléments ; troisièmement, de ce qui [est arrivé] aux hommes.
2879. Il faut voir que Matthieu raconte dans un ordre différent de celui de Luc. Augustin dit que Matthieu raconte selon le déroulement historique, et cela est clair, car il dit : VOILÀ QUE LE VOILE DU TEMPLE SE DÉCHIRA. Chez Luc, on ne trouve rien de tel. Il faut noter qu’il y avait un double voile dans le temple, comme dans un tabernacle, car il y avait un voile à l’intérieur du saint des saints, et il y avait un autre voile qui n’était pas dans le saint des saints. Ces deux [voiles] indiquaient une double dissimulation, car le voile qui était à l’intérieur signifiait la dissimulation des mystères célestes qui nous seront révélés : Alors, nous [lui] serons semblables, lorsqu’il apparaîtra dans sa gloire [1 Jn 3, 2]. L’autre [dissimulation], celle qui était à l’extérieur, signifiait la dissimulation des mystères qui concernent l’Église. Ainsi donc, [ce voile] fut déchiré, mais pas l’autre, pour indiquer que les mystères qui concernaient l’Église étaient manifestés ; mais l’autre [voile] ne fut pas déchiré parce que les secrets célestes demeurent encore voilés. L’Apôtre [dit] ainsi en 2 Co 3, 16 : Lorsque Israël sera converti à Dieu, le voile sera enlevé. Ainsi, par la passion, tous les mystères qui avaient été écrits dans la loi et les prophètes ont été dévoilés, comme on le lit en Lc 24, 27 : En partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur montrait ce qui se rapportait à lui dans toutes les Écritures. Ou bien, [la déchirure du voile] signifie la dispersion du peuple des Juifs, et parce qu’ils mettaient leur gloire dans le voile, qui fut déchiré lors de la passion du Christ, il était ainsi signifié que toute gloire leur était enlevée.
2880. LA TERRE TREMBLA ET LES ROCHERS SE FENDIRENT, etc. On a présenté plus haut le miracle survenu dans [l’enceinte] sacrée du temple ; ici est présenté le miracle survenu dans les éléments. Cela est approprié premièrement pour ce qui est de la puissance de la passion ; deuxièmement, pour ce qui est de l’effet du salut ; troisièmement, pour ce qui est du pouvoir judiciaire que le Christ a mérité par sa passion.
Il était approprié que LA TERRE TREMBLE, etc., car elle ne pouvait soutenir la présence d’une si grande majesté sans tremblement. Ainsi, en Ps 103[104], 32 : Lui qui regarde la terre et la fait trembler. ET LES ROCHERS SE FENDIRENT, par quoi est indiqué qu’aucune puissance ne peut lui résister, 3 R [1 R] 19, 11 : Le Seigneur passe en renversant les montagnes et en broyant les pierres.
2879. Il faut voir que Matthieu raconte dans un ordre différent de celui de Luc. Augustin dit que Matthieu raconte selon le déroulement historique, et cela est clair, car il dit : VOILÀ QUE LE VOILE DU TEMPLE SE DÉCHIRA. Chez Luc, on ne trouve rien de tel. Il faut noter qu’il y avait un double voile dans le temple, comme dans un tabernacle, car il y avait un voile à l’intérieur du saint des saints, et il y avait un autre voile qui n’était pas dans le saint des saints. Ces deux [voiles] indiquaient une double dissimulation, car le voile qui était à l’intérieur signifiait la dissimulation des mystères célestes qui nous seront révélés : Alors, nous [lui] serons semblables, lorsqu’il apparaîtra dans sa gloire [1 Jn 3, 2]. L’autre [dissimulation], celle qui était à l’extérieur, signifiait la dissimulation des mystères qui concernent l’Église. Ainsi donc, [ce voile] fut déchiré, mais pas l’autre, pour indiquer que les mystères qui concernaient l’Église étaient manifestés ; mais l’autre [voile] ne fut pas déchiré parce que les secrets célestes demeurent encore voilés. L’Apôtre [dit] ainsi en 2 Co 3, 16 : Lorsque Israël sera converti à Dieu, le voile sera enlevé. Ainsi, par la passion, tous les mystères qui avaient été écrits dans la loi et les prophètes ont été dévoilés, comme on le lit en Lc 24, 27 : En partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur montrait ce qui se rapportait à lui dans toutes les Écritures. Ou bien, [la déchirure du voile] signifie la dispersion du peuple des Juifs, et parce qu’ils mettaient leur gloire dans le voile, qui fut déchiré lors de la passion du Christ, il était ainsi signifié que toute gloire leur était enlevée.
2880. LA TERRE TREMBLA ET LES ROCHERS SE FENDIRENT, etc. On a présenté plus haut le miracle survenu dans [l’enceinte] sacrée du temple ; ici est présenté le miracle survenu dans les éléments. Cela est approprié premièrement pour ce qui est de la puissance de la passion ; deuxièmement, pour ce qui est de l’effet du salut ; troisièmement, pour ce qui est du pouvoir judiciaire que le Christ a mérité par sa passion.
Il était approprié que LA TERRE TREMBLE, etc., car elle ne pouvait soutenir la présence d’une si grande majesté sans tremblement. Ainsi, en Ps 103[104], 32 : Lui qui regarde la terre et la fait trembler. ET LES ROCHERS SE FENDIRENT, par quoi est indiqué qu’aucune puissance ne peut lui résister, 3 R [1 R] 19, 11 : Le Seigneur passe en renversant les montagnes et en broyant les pierres.
Parmi les événements qui suivirent
immédiatement la mort du Sauveur, S. Matthieu en signale trois principaux : 1° Quelques phénomènes
miraculeux dans le domaine de la nature et dans le royaume des morts, v. 51-53 ; 2° l'appréciation du
centurion, v. 54 ; 3° la conduite des saintes femmes, v. 55-56. - Et voici. Ce début est solennel et annonce de
grandes choses. Du reste, on a depuis longtemps remarqué que la narration de S. Matthieu, qui est
habituellement si calme et d'une si austère simplicité, prend tout à coup en ce passage un ton plus élevé : elle
est poétique et rythmée comme un chant de triomphe ; les phrases s'y succèdent rapidement, en cadence,
précédées de la conjonction et. - Le voile du temple. Il y avait deux voiles principaux dans le temple de
Jérusalem. Le premier était situé devant le Saint, qu'il séparait du vestibule ; le second était à l'entrée du
Saint des Saints. Cf. Ex. 26, 31 et ss. ; Levit. 16, 23 ; Philo, Vita Moys. 3, 6. Ils étaient l'un et l'autre très
épais et richement ornés ; cf. Jos. Bell. Jud. 5, 5, 4 et 5. Tout porte à croire que c'est du second que
l'évangéliste a voulu parler. En effet, 1. c'était le voile par excellence, 2. S. Matthieu et S. Marc le désignent
par son appellation ordinaire ; 3. le symbole devient beaucoup plus significatif si c'est l'entrée du Saint des
Saints lui-même qui fut ainsi miraculeusement ouverte ; cf. Winer, Bibl. Realwoerterbuch, c. v. Tempel, note
7. Malgré la prépondérance de ces motifs, D. Calmet, Hug et d'autres se décident en faveur du premier voile.
Lightfoot, Descriptio templi hierosolym. c. 15, sect. 2, essaie de mettre tout le monde d'accord en
conjecturant que les deux voiles furent déchirés en même temps ; mais son hypothèse n'a pas le moindre
fondement. Ce phénomène ne fut pas le résultat du tremblement de terre, puisqu'il le précéda de quelques
instants : ce fut le premier des prodiges qui eurent lieu après la mort du Sauveur. L'idée qu'il exprime d'une
façon toute dramatique est facile à saisir. Le voile qui rendait le sanctuaire impénétrable à tout autre regard
qu'à celui du Grand-Prêtre signifiait, d'après le beau langage de S. Paul, Hebr. 9, 8, que la voie du véritable
sanctuaire restait fermée, tant que le premier tabernacle continuait d'exister. Aussi demeura-t-il à sa place tant
qu'il n'y eut, pour effacer les péchés des hommes, que le sang impuissant des boucs et des taureaux, ibid. 10,
4. Mais, dès que la divine victime, seule capable de satisfaire la justice infinie de Dieu, eut expiré sur le Calvaire, cet épais rideau, qui avait symbolisé pendant un si grand nombre d'années la séparation entre le
Créateur et la créature, se déchira mystérieusement, l'Esprit Saint montrant ainsi que désormais l'entrée du
Saint des Saints était ouverte. On peut dire encore que le temple marquait de cette manière la part qu'il
prenait à la douleur universelle causée par la mort de Jésus : comme on l'a vu, les Orientaux déchiraient leurs
vêtements en signe de deuil. - Depuis le haut jusqu'en bas, par conséquent dans toute sa longueur. D'après
une note de l'Évangile apocryphe « secundum Hebraeos » conservée par S. Jérôme, Comm. in Matth., 27, 51,
cf. Epist. 149, qu. 8, et reproduite quant à la substance dans le Talmud de Jérusalem, tr. Ioma 6, 4, le linteau
de pierre auquel était attaché ce voile aurait été tout d'abord brisé : « Dans cet évangile dit des Hébreux, nous
lisons non pas que le voile du temple s'est déchiré, mais que le linteau du temple, d'une immense grandeur,
s'est rompu et s'est divisé », S. Jérôme l.c. Ce trait expliquerait pourquoi la déchirure commença par le haut. -
La terre trembla. La terre, comme le firmament, exprimait ainsi sa sympathie à l'occasion de la mort du
Christ. Elle fut saisie de mouvement convulsifs, « C’est comme si elle avait été mue de son centre, et de son
lieu », Sylveira in h.l., quand son auteur rendit le dernier soupir, de même que le corps humain se met parfois
à trembler sous l'empire de la tristesse et du chagrin de l'âme. - Les pierres se fendirent. Ce phénomène, qui
fut une conséquence du tremblement de terre, se produisit au Golgotha et dans les environs de Jérusalem. De
nos jours encore, on voit dans la basilique du saint Sépulcre une fissure extraordinaire du rocher de
Golgotha, signalée déjà par S. Cyrille, Catech. 13, c. 33. Au lieu d'avoir été produite dans le sens des veines
de la pierre, ainsi qu'il arrive habituellement dans les circonstances analogues, elle partage le roc de manière
à croiser perpendiculairement les différentes couches qui le composent. Aussi des témoins dignes de foi
l'ont-ils regardée comme le résultat évident d'un miracle. Cf. Millar, Hist. of the propagation of Christianity,
cité par Mgr M'Evilly, Comm. in h. l.
Le voile du temple, en grec, naos. Il y avait dans le temple de Jérusalem deux voiles ou portières. Le premier voile séparait le portique du Saint ; le second séparait le Saint du Saint des Saints. C’est ce dernier qui fut déchiré en deux au moment de la mort de Notre-Seigneur.