Matthieu 27, 52

Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent,

Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent,
Saint Thomas d'Aquin
2881. LES TOMBEAUX S’OUVRIRENT. Les tombeaux sont des enclos pour les corps morts. Il est ainsi indiqué que [le Christ] a brisé les liens de la mort. Os 13, 14 : Ô mort, je serai ta mort ! Ô enfer, je t’égorgerai ! De même, 1 Co 15, 54 : La mort a été absorbée dans [sa] victoire.

2882. Cela est aussi approprié pour ce qui est de l’effet. La terre tremble lorsque tout ce qui est terrestre est rejeté. Ps 59[60], 4 : Tu as fait trembler la terre et l’as bouleversée. Guéris ses blessures, car elle a été bouleversée. De même, les pierres se fendent lorsque la dureté des cœurs est émue par la compassion. Jr 23, 29 : Mes paroles, à savoir, [celles de] la passion, sont comme le feu et comme un marteau qui broie les pierres. De plus, par le fait que LES TOMBEAUX S’OUVRIRENT, il indique que ceux qui sont morts à cause de leurs péchés doivent ressusciter Ep 5, 14 : Réveille-toi, toi qui dors, et lève-toi d’entre les morts ! Cela est aussi approprié pour celui qui vient juger, car, lorsqu’il viendra, la terre tremblera. Ag 2, 7 : Encore un peu de temps, et je déplacerai le ciel et la terre. De même, les pierres se fendent, car toute élévation des hommes sera abaissée. De même, les tombeaux s’ouvriront, car les morts se présenteront au jugement. Jn 5, 28 : L’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Fils de Dieu.

2883. Ensuite le miracle pour ce qui est des hommes est abordé. Premièrement, [Matthieu] aborde la résurrection ; deuxièmement, la manifestation.

Il dit donc : ET LES CORPS DES SAINTS QUI DORMAIENT RESSUSCITÈRENT. À leur sujet, on a coutume de se demander si ceux qui sont ressuscités mourront de nouveau ou ne mourront pas. Il est clair que certains sont ressuscités et sont morts par la suite, comme Lazare. Mais de ceux [dont il est question ici] on peut dire qu’ils sont ressuscités pour ne plus mourir, car ils sont ressuscités pour manifester la résurrection du Christ. Or, il est certain que le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus. De même, s’ils étaient ressuscités [et devaient mourir], cela ne serait pas leur apporter un bienfait, mais plutôt un préjudice. Ils sont donc ressuscités pour entrer au ciel avec le Christ.
Louis-Claude Fillion
S. Matthieu a seul mentionné ce dernier prodige, qui surpasse tous les autres en grandeur. Le tremblement de terre, en même temps qu'il fendait les rochers les plus durs, faisait rouler hors de leurs gonds les énormes pierres qui fermaient l'entrée des sépulcres juifs. Cf. v. 60 ; Joan. 11, 38, etc. Mais ce n'est pas tout : Plusieurs de ces monuments funèbres ainsi ouverts rendirent leurs morts qui, d'après la description du verset suivant, accoururent dans la ville et se manifestèrent à de nombreux témoins. - Beaucoup de corps de saints… De quelle manière et dans quel sens eurent lieu ces résurrections merveilleuses ? Les exégètes se sont de tout temps séparés sur ce point délicat. On peut cependant réduire à trois les opinions principales qu'ils ont émises. 1° Les morts dont parle S. Matthieu seraient ressuscités à la façon de Lazare, l'ami du Christ ; c'est-à-dire que leur âme aurait été de nouveau unie à leur corps, pour une seconde vie d'une durée plus ou moins longue. Tel est le sentiment de Théophylacte. Mais on lui oppose justement l'expression « apparurent » du v. 53, qui suppose de simples apparitions, par conséquent une résurrection momentanée. 2° Origène, S. Jérôme, S. Thomas d'Aquin, et à leur suite Maldonat, Arnoldi, Brown, Mgr Mac-Evilly, M. Fouard, etc., pensent que cette résurrection était définitive ; c'eût été une anticipation de celle de tous les hommes à la fin du monde. Sur les bienheureux qui en furent l'objet, la mort aurait donc à jamais perdu son empire : bien plus, ils auraient eux-même accompagné Jésus dans le ciel en corps et en âme au jour de son Ascension. Mais cette opinion n'est-elle pas réfutée dans l'Épître aux Hébreux, 11, 39, 40 ? N'a-t-elle pas contre elle la croyance générale d'après laquelle, à part le Sauveur et la glorieuse Vierge Marie, personne avant la fin du monde n'entrera dans le Ciel avec un corps transfiguré ? 3° Suivant le système adopté par MM. Schegg et Bisping, la merveille dont l'évangéliste fait ici mention ne consiste pas dans des résurrections proprement dites, mais dans de simples apparitions temporaires, semblables à celles des anges, ou mieux encore à celle de Moïse sur la montagne de la Transfiguration. Ce n'est donc pas sous l'enveloppe réelle de leurs corps, c'est sous des fantômes extérieurs qui leurs correspondaient, que les saints personnages choisis par Dieu se montrèrent à Jérusalem. - Quels furent les Saints de l'Ancien Testament qui eurent ainsi l'honneur de participer en un certain sens à la Résurrection du Sauveur ? On a souvent nommé Adam, Noé, Abraham, David, d'après les Acta Pilati, cf. Thilo, Cod. Apocr. N. T. p. 810, ou encore, S. Joseph, S. Jean-Baptiste, etc. On ne sait rien de précis à ce sujet : il semble plus vraisemblable, d'après le contexte, que la plupart d'entre eux avaient appartenu à la génération contemporaine, puisque nous les voyons se faire reconnaître d'un grand nombre. - Qui s'étaient endormis. Dès les premiers jours du Christianisme, le verbe « s'endormir » devint un gracieux euphémisme pour signifier mourir ; cf. 1 Tess. 4, 4. De là le nom de dortoir, en grec, (d'où cimetière) donné aux champs des morts.
Fulcran Vigouroux
Qui s’étaient endormis ; c’est-à-dire qui étaient morts. Souvent dans l’Ecriture le sommeil est mis pour la mort.
Catéchisme de l'Église catholique
Le séjour des morts où le Christ mort est descendu, l’Écriture l’appelle les enfers, le Shéol ou l’Hadès (cf. Ph 2, 10 ; Ac 2, 24 ; Ap 1, 18 ; Ep 4, 9) parce que ceux qui s’y trouvent sont privés de la vision de Dieu (cf. Ps 6, 6 ; 88, 11-13). Tel est en effet, en attendant le Rédempteur, le cas de tous les morts, méchants ou justes (cf. Ps 89, 49 ; 1 S 28, 19 ; Ez 32, 17-32) ce qui ne veut pas dire que leur sort soit identique comme le montre Jésus dans la parabole du pauvre Lazare reçu dans " le sein d’Abraham " (cf. Lc 16, 22-26). " Ce sont précisément ces âmes saintes, qui attendaient leur Libérateur dans le sein d’Abraham, que Jésus-Christ délivra lorsqu’il descendit aux enfers " (Catech. R. 1, 6, 3). Jésus n’est pas descendu aux enfers pour y délivrer les damnés (cf. Cc. Rome de 745 : DS 587) ni pour détruire l’enfer de la damnation (cf. DS 1011 ; 1077) mais pour libérer les justes qui l’avaient précédé (cf. Cc. Tolède IV en 625 : DS 485 ; Mt 27, 52-53).
Pape Saint Jean-Paul II
Par sa mort, Jésus éclaire le sens de la vie et de la mort de tout être humain. Avant de mourir, Jésus prie son Père, implorant le pardon pour ses persécuteurs (cf. Lc 23, 34), et, au malfaiteur qui lui demande de se souvenir de lui dans son royaume, il répond: « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Après sa mort, « les tombeaux s'ouvrirent et de nombreux corps de saints trépassés ressuscitèrent » (Mt 27, 52). Le salut opéré par Jésus est un don de vie et de résurrection. Au cours de son existence, Jésus avait aussi apporté le salut en guérissant, et en faisant du bien à tous (cf. Ac 10, 38). Mais les miracles, les guérisons et les résurrections elles-mêmes étaient des signes d'un autre salut, qui consiste à pardonner les péchés, c'est-à-dire à libérer l'homme de sa maladie la plus profonde et à l'élever à la vie même de Dieu.